Oui à la baisse, non à la méthode
La question n'est pas fondamentalement le tarif en lui même, mais bien la méthode et ce qu’elle implique :
- 12% d'un coup, soit pour n'importe quelle entreprise et donc pour toute une filière, un coup de frein sans préavis : en quoi aurait-il été difficile d'opérer une baisse progressive ?
- c'est la deuxième baisse en 8 mois (la 1ère en janvier ; et après quelques remous en juin, cette baisse au 1er septembre. A quand la prochaine ? Peut-on vraiment recruter les licences pro et ingénieurs de l'université de la Réunion avec ce manque de visibilité à court et moyen termes ? Le calcul est-il rentable pour l'Etat et les collectivités ? En terme d'emplois directs et indirects ? En terme de croissance ? Pourquoi sabrer à coup de machettes aveugles des entreprises florissantes, innovantes, créatrices d’emplois et imposables ? Pourquoi gaspiller ainsi les fonds publics versés pour la formation mais aussi pour l’investissement de ces entreprises ?
Pour les entreprises du PV en tout cas, (et pas forcément celles qui ont des pratiques douteuses et très opportunistes -très fréquent sur le marché des particuliers-), c'est très clairement 80 à 90% des clients en cours de décision qui font machine arrière.
Rien n’est pire pour une entreprise, comme pour une économie, que des a-coups. Et si le gouvernement l’oublie, les entreprises le savent : pas de développement durable (vraiment durable) sans stabilité, prévisions, progression.
Et de fait, quelle garantie que cette baisse ne touchera pas les particuliers ? Après tout, il y a encore quelques mois, le PV intégré devait être priorisé. L'accent devait être mis sur les possibilités de sortir des limites du PV en insistant sur la carte technique du stockage, de la R&D, de la maîtrise des "pics et des creux" de production...
In fine, on assiste, comme encore trop souvent, à une décision politique de courte vue : "ça coûte trop cher en défiscalisation, donc on stoppe les projets avec défiscalisation même s’ils sont qui peuvent porter des critères de qualité et de technologie (comme le stockage) de façon plus rentable ; la liste des dossiers est trop importante : on coupe sur la quantité de production sans peser la qualité technique et financière des projets.
C'est d'autant plus facile que la sacro-sainte limite des 30% d'énergies intermittentes sur le réseau n'est toujours pas fondée techniquement. Une mesure de précaution supplémentaire, que l'on peut comprendre, mais pourquoi diable ne pas travailler dans une vision décentralisée du réseau en fonction des besoins et des ressources effectives et potentielles ?
EDF aura beau jeu de signaler que c’est le gouvernement qui fixe les tarifs : et qui sont les membres techniques des comités, conseils et autres commissions qui font les recommandations au gouvernement ? EDF ! De temps à autre, un sursaut d’éthique amène les autorité, comme la CRE a tirer l’oreille d’EDF comme en février 2009 où elle lui demandait de cesser les « confusions de genre ». Le fait est qu’aujourd’hui, plus à la Réunion qu’ailleurs, le gestionnaire de réseau étant EDF, aucun projet ne peut se faire sans son aval.
Si à l’époque de la dérégulation des télécoms, France télécom avait partie de l’Autorité de régulation, je doute qu’on ait en 2010 le choix et les sains effets de la concurrences qu’ont apporté l’ex Guetali, Mobius, IZI, et autres Runnet pour ne citer qu’eux. Quant aux prix…
Et dire qu'on ose encore nous parler du Grenelle de l'environnement, de Gerri et de l'autonomie énergétique ! Quant au Parc national des hauts et à notre si belle reconnaissance au Patrimoine mondial...
Dans quelques années, on rira, à moins qu'on ne pleure, de pas pas avoir pris du recul et cherché de vraies alternatives plus tôt en jouant la carte de l’équilibre entre développement endogène et compétitivité soutenus par des aides directes et indirectes progressives (comme la ZFU par exemple).
Mais à ce moment là, sans doute, les grands groupes nationaux et internationaux auront vidé le filon en cours des énergies carbones et pourront lancer, alors que les PME auront bien souffert ou disparu, leur technologie de stockage, de lissage, de suivi etc. De belles machines inventées ailleurs, sans forcément l'adaptation locale et surtout, importées (avec force subventions et au prix fort) et achetées auprès de leurs propres filiales...
Comme quoi certains peuvent encore faire des prévisions à long termes...
Quel savoir-faire tout de même ! pour la moralité, le développement endogène et durable, on repassera.
Maleni974
Maleni974
| 27 août 2010 à 12h58