Alors que les travaux de révision de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) vont prochainement démarrer, l'Ademe publie une étude sur la filière éolienne française qui devrait éclairer les discussions sur les objectifs en matière de développement de cette énergie renouvelable. Elle y évalue les gains environnementaux, sanitaires, économiques et sociaux du développement de l'énergie éolienne en France. Et ses conclusions sont très positives : "Le développement de l'éolien a eu des bénéfices environnementaux et sanitaires importants qui, si on les monétarise, représentent un gain estimé pour la collectivité de l'ordre de 3,1 à 8,8 Mds€. Ces gains dépassent largement le coût de la politique de soutien", estime-t-elle, contrant ainsi l'un des principaux arguments des anti-éoliens, qui dénoncent régulièrement le coût du soutien à la filière.
Des réels gains environnementaux par rapport au nucléaire et aux fossiles
Même si l'éolien ne s'est pas développé au rythme visé dans les différentes programmations pluriannuelles des investissements (PPI), cette énergie représentait, en 2015, 3,9% de la production totale d'électricité et plus de 22% de la production électrique renouvelable. Mais surtout, "une analyse des données historiques disponibles montre que l'électricité éolienne se substitue à la production des centrales nucléaires et au gaz, charbon ou fioul. Ainsi, en réduisant les importations en combustibles fossiles et fissiles, l'éolien contribue à renforcer l'indépendance énergétique de la France", souligne l'Ademe. Selon ses estimations, l'éolien aurait permis d'éviter l'émission de 63 millions de tonnes de CO2 équivalent entre 2002 et 2015. Ce chiffre prend en compte les émissions directes et indirectes, telles que les émissions liées à la construction des moyens de production.
"En 2014, c'est l'émission de 9,6 MtCO2éq qui a ainsi pu être évitée, représentant environ 9% de l'effort national de réduction en 2014 des émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport au niveau de 1990, et environ 22% des émissions du secteur de production d'électricité et de chauffage urbain".
L'Ademe chiffre également les émissions évitées de polluants atmosphériques, comme le SO2 (127.000 tonnes évitées), les NOx (112.000 tonnes évitées) et les particules fines (3.300 tonnes évitées pour les PM2,5 et 5.300 pour les PM10).
"Ce développement a également permis d'amorcer la réduction pour la collectivité d'un certain nombre de risques liés à l'activité de production d'électricité (risques d'accidents industriels, risques liés à la gestion des déchets radioactifs, risques financiers liés à la volatilité des prix du carbone et des énergies fossiles)".
Des créations d'emplois en progression
Outre ces bénéfices environnementaux, la filière éolienne a créé de l'activité économique en France, avec quelques 600 entreprises recensées en 2015. S'ils sont quasi absents sur les maillons de la fabrication et de l'assemblage des turbines, les acteurs tricolores sont présents sur le développement, la conduite d'études, les travaux de génie civil et de raccordement, l'exploitation et la maintenance.
"En raison de ces faiblesses de la filière française sur les activités industrielles, la France n'est pas parvenue à maximiser l'impact en termes d'emplois de sa politique de soutien à l'éolien, analyse l'Ademe. Toutefois, des signes encourageants peuvent être notés : sur le périmètre des ETP [équivalents temps pleins] directs seuls, le ratio est passé de 7 ETP / MW en 2007 à 11 ETP / MW en 2015". Le développement de turbiniers sur des niches spécifiques et les sous-traitants industriels sur le marché à l'export participent à cette tendance. Le lancement effectif des premiers parcs en mer devrait dynamiser la filière à l'horizon 2019. La gestion de fin de vie des parcs devrait aussi générer de l'emploi, tant dans le renouvellement des parcs que dans le démantèlement et le recyclage.
Optimiser le développement de la filière
Pour soutenir une montée en puissance de la filière à l'avenir, l'Ademe estime qu'il faudra poursuivre les travaux de simplification réglementaire et de rationalisation des procédures afin d'accélérer le rythme de développement des projets. "Pour cela, il semble indispensable de lancer une série d'études sur les retours d'expérience des projets éoliens en mer développés en Europe du Nord, sur un état des lieux des recours déposés contre les projets éoliens en France, et sur les offres de raccordement alternatives permettant d'intégrer des parcs éoliens à moindre coût".
Il faut également veiller à l'acceptabilité sociale et à l'appropriation locale des projets, via notamment la création d'une plateforme d'information rassemblant des données objectives sur l'ensemble des problématiques afférentes à la filière, la diffusion des outils de planification existants, et le renforcement de nos connaissances sur les impacts potentiels de l'éolien (notamment sur la biodiversité et sur les prix de l'immobilier). La mise en place et l'animation d'un comité stratégique de filière, au niveau national, apparaît prioritaire, estime également l'Ademe.