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Actu-Environnement

“COP 21 : il s'instaure une forme de compétition en matière de leadership moral”

Plus de 140 pays ont aujourd'hui dévoilé leurs engagements en matière d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre. S'ils ne sont pas pour l'instant à la hauteur des enjeux, Bernard Tardieu de l'Académie des Technologies y voit une compétition morale de bon augure.

Interview  |  Gouvernance  |    |  F. Roussel
Environnement & Technique N°353
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°353
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“COP 21 : il s'instaure une forme de compétition en matière de leadership moral”
Bernard Tardieu
Président de la commission énergie et changement climatique à l'Académie des technologies
   

Actu-Environnement : Quelle serait pour vous une COP réussie ?

Bernard Tardieu : Cette COP sera réussie si elle accouche d'un accord contraignant, conformément à ce qui a été prévu à Durban. Malheureusement, il y a déjà des gens qui travaillent pour que ça ne soit pas le cas. Pourtant c'est un enjeu fondamental : il s'agit de savoir qui est prêt à accepter la contrainte et qui n'est pas prêt à le faire, qui considère que la lutte contre les changements climatiques est primordiale et qui considère que c'est secondaire.

Si beaucoup de pays acceptent de se sentir solidaire d'un minimum de contraintes avec des engagements explicites, on aura avancé. Et ce, même s'il n'y a pas de tribunaux ou de juges pour sanctionner. Ce n'est pas grave. Ça prendra du temps mais on mettra tout ça en place progressivement.

AE : Pour l'instant, les engagements mis sur la table par les Etats ne sont pas à la hauteur des enjeux...

BT : Plus il y aura de pays qui se fixeront des engagements intelligents de réduction des émissions de gaz à effet de serre, plus ce sera positif. C'est dans une certaine forme d'unanimité que l'on trouvera la réussite. Il faut que chacun s'engage à son niveau. Certes, il ne s'agit pas d'imposer un seuil d'émissions de gaz à effet de serre en tonnes par individu ou en tonnes par unité de PIB, mais les pays prennent des engagements devant leurs concitoyens, ce n'est pas rien.

Il s'instaure aussi une forme de compétition en matière de leadership. 
Il est possible que les Chinois acceptent plus de choses que les Américains pour leur ravir un peu de leadership moral sur ce sujet.

AE : Quel outil vous semble le plus adapté pour faire bouger les lignes ?

BT : J'espère un élargissement le plus large possible du marché carbone européen (ETS). Même si celui-ci n'est pas parfait, il pousse à mieux cerner la réalité. En Europe, on publie des résultats, on tient des registres, on a créé des fonds de compensation, etc. L'Europe, de ce point de vue, est exemplaire car elle dit la réalité.

Si l'ETS était élargi à seulement une cinquantaine de pays, ce serait déjà un énorme signal. Le prix du carbone a une vertu : il pénalise directement les émissions de gaz à effet de serre. Et ce serait très sain qu'il y ait une pénalité sur le charbon dont le prix est très faible en ce moment par rapport au gaz. Cependant, il est plus urgent, dans les pays où le charbon joue un rôle majeur, de remplacer les vieilles centrales à charbon avec de mauvais rendements par des centrales à charbon à haut rendement. C'est plus efficace climatiquement et plus rentable économiquement que de mettre des panneaux photovoltaïques sur les toits.

AE : Quelle place doit prendre le transfert de technologies dans le futur accord ?

BT : Dans le protocole de Kyoto, il y avait de bonnes idées comme les Mécanismes de développement propre (MDP), mais ils ont été détournés par certains grands pays comme la Chine qui a raflé 95% du marché. En pratique, je ne crois pas beaucoup à cette idée de transfert de technologie. La technologie, quand les gens en ont envie, ils vont la chercher.

Le plus important est d'avoir des business model intelligents qui font progresser les choses. En France et en Europe, subventionner des panneaux photovoltaïques avec un prix garanti très élevé alors que c'est très perturbateur pour le système, ce n'est pas très malin. Les subventions mises en place ont encouragé l'achat de milliers de mètres carrés de panneaux solaires chinois mais n'ont rien fait en faveur du stockage d'énergie (1) .

Le marché carbone est une bonne piste même si actuellement le prix du quota est trop bas. Le système européen mécaniquement fonctionne bien. Il faut arriver à faire monter le prix et pour ça il faut que les contraintes soient certaines, quitte à mettre un prix minimum. Et avec tout ça, il faut faire des business model grâce auxquels il est rentable d'innover.

Les pays pauvres ont des idées. Aidons-les à utiliser les nouvelles technologies matures et à prendre eux-mêmes des brevets pertinents avec leur propre système de pensée et de climat. N'oublions pas que la biomasse domestique joue un grand rôle pour les populations de beaucoup de ces pays. C'est bien pour le climat, mais calamiteux pour l'environnement végétal. Quelle transition faire ?

AE : Pensez-vous que ces négociations onusiennes sont un bon moyen de faire avancer ces sujets ?

BT : Il faut des lieux où les questions de lutte contre les changements climatiques sont débattues. S'il n'y avait pas ces COP, il n'y aurait plus rien. La série des COP fait du climat un vrai sujet et permet d'en parler autour de termes communs. Même s'il s'agit de diplomatie politique, au sens noble du terme.

1. Lire notre dossier sur le stockage d'électricité
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/stockage-electricite/developpement-contraintes.php

Réactions1 réaction à cet article

"Cependant, il est plus urgent, dans les pays où le charbon joue un rôle majeur, de remplacer les vieilles centrales à charbon avec de mauvais rendements par des centrales à charbon à haut rendement. C'est plus efficace climatiquement et plus rentable économiquement que de mettre des panneaux photovoltaïques sur les toits."
Quelle horreur, comment peut-on encore défendre le charbon à l'heure des ENR ! encore un anti-écolo !

Levieux | 29 octobre 2015 à 10h31 Signaler un contenu inapproprié

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