La betterave est en effet l'une des sources végétales potentielles utilisées pour fabriquer le bioéthanol, un agrocarburant incorporé aux carburants classiques à hauteur de 8,7% en volume en 2008. En 2009, cette plante a été cultivée par 26.000 agriculteurs français sur 29 départements pour une surface totale de 370.000 hectares soit 2% de la Surface Agricole Utile (SAU). La campagne de ramassage qui est sur le point de se terminer promet des rendements records pour cette année : 93 tonnes par hectare contre 87 en 2008 et 84 en 2007. La production devrait donc atteindre 34 millions de tonnes dont 11% seront destinés à la fabrication d'éthanol. La production française totale d'éthanol devrait par conséquent avoisiner les 12 millions d'hectolitres dont la moitié à partir de betteraves.
Une fois produit, ce bioéthanol peut être incorporé directement dans l'essence ou transformé en ETBE (éthyl tertio butyl éther qui contient 47% de bioéthanol) avant son incorporation. En France, un véhicule classique peut fonctionner avec un carburant contenant 15% d'ETBE ou 10% de bioéthanol pur. Les betteraviers encouragent par conséquent le développement de ces carburants et en particulier de l'E10 composé de 10 % d'éthanol et de 90 % d'essence sans plomb. Commercialisé en France depuis le 1er avril, ce nouveau carburant est compatible avec 60% des véhicules essence actuellement en circulation et vendu par environ 1.770 stations-service soit 14% du réseau. Le développement de l'E10 doit permettre à la France d'atteindre en 2010 son objectif de 7% d'incorporation d'agrocarburant.
Pour convaincre, les producteurs de betterave rappellent la dernière analyse de l'ADEME, selon laquelle l'ensemble des filières agrocarburants présente des bilans moins émissifs que les carburants fossiles avec des gains entre 60 et 80 %. La filière rappelle également les améliorations réalisées en amont en terme de pratiques agricoles en précisant que les quantités d'azote minéral apportées pour favoriser la croissance des cultures betteravières sont passées de 175 kg/ha en 1977 à 90 kg/ha en 2007. De même selon la CGB, la quantité de pesticides déposée par hectare a diminué de 70% sur la même période. Et cela devrait encore s'améliorer dans le cadre du plan Ecophyto 2018. Mais Eric Lainé, Président de la CGB, prévient que ''les objectifs du plan Ecophyto seront atteints à condition qu'il n'y ait pas d'impasse technique''. Autrement dit, les betteraviers sont prêts à réduire de 50% l'utilisation de pesticides si leurs rendements sont maintenus. Pour cela, Eric Lainé mise sur le déploiement de nouvelles pratiques culturales et l'utilisation de matériels agricoles qui permet de désherber mécaniquement.
En attendant, la filière encourage le recours aux agrocarburants et tente d'ailleurs de convaincre les parlementaires d'exonérer ces carburants de la contribution carbone prévue par le projet de loi de finances pour 2010. ''La pleine application de la taxe carbone aux agrocarburants revient à nier le caractère renouvelable de la seule alternative au tout-pétrole immédiatement disponible dans le secteur des transports'', plaide la CGB aux côtés des autres producteurs d'agrocarburants. Certains sénateurs ont défendu cette position à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances, mais cette question ne sera définitivement tranchée que mi-décembre. D'ici là, des réactions des opposants au développement des agrocarburants sont à prévoir.