L'AFP rapporte que l'Argentine a décidé d'entamer le processus de dépôt de plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour protester contre l'Union européenne (EU), après que l'Espagne a bloqué ses importations de biodiesel produit hors d'Europe, a annoncé, le 18 août 2012, le ministère argentin des Affaires étrangères.
L'Espagne "empêche de fait l'importation de biodiesel extra-communautaire, ce qui ferme le marché au produit argentin, le plus compétitif au monde", déplore le ministère, rappelant que "les principaux fournisseurs d'agrocarburant à l'Espagne et à l'UE sont les pays en développement".
Chute de la production européenne au profit de l'Argnetine
En avril, le gouvernement espagnol avait annoncé qu'il limiterait l'importation de biodiesel argentin. Officiellement, il s'agissait de représailles après la nationalisation à hauteur de 51 % de la compagnie pétrolière YPF, contrôlée jusque là par l'espagnol Repsol à 57,4 %.
Néanmoins, fin juillet 2012, le baromètre de l'Observatoire des énergies renouvelables (EurObserv'ER) dédié aux agrocarburants de première génération pour l'année 2011, apportait un autre éclairage sur ce conflit commercial. Il pointait notamment les difficultés de la filière biodiesel et en particulier celles rencontrées par les producteurs espagnols. Si la consommation du biodiesel a augmenté dans l'UE, la filière européenne a en revanche subi en 2011 "pour la première fois de son histoire", une baisse de sa production dans l'UE du fait des importations en provenance notamment d'Argentine, expliquait EurObserv'ER. Les importations provenant d'Argentine et d'Indonésie ont en effet atteint un volume de 2,6 millions de tonnes en 2011, contre 1,9 million de tonnes en 2010. Dans ce contexte, Bruxelles envisage de retirer des droits de douane préférentiels à l'Argentine, la Malaisie voire l'Indonésie "en vue de stopper ces pratiques déloyales", avançait l'Observatoire.
L'European Biodiesel Board (EBB), s'alarmait pour sa part de la chute de 8% de la production européenne de biodiesiel en 2011, soit une baisse d'environ 770.000 tonnes. "Cette situation est devenue dramatique pour certains acteurs européens, espagnols en particulier, contraints de fermer des usines et de supprimer des emplois", déplorait l'EEB.