Un an après la parution des premiers indicateurs régionaux, Natureparif a dressé le 20 décembre un bilan de l'état de santé et de résilience de la faune et de la flore en Ile-de-France (1) . Cinq grands groupes d'espèces ont été suivis par l'agence régionale pour la nature et la biodiversité : les oiseaux, les papillons, les chauves-souris, les escargots et les végétaux.
Déclin des populations d'oiseaux en dix ans
Résultats : concernant les oiseaux, si les populations d'espèces généralistes ont connu un accroissement de 36 % entre 2001 et 2010 au niveau national, elles ont reculé de 2% dans la région sur la même période. C'est le cas notamment des mésanges bleues et charbonnières. Les espèces spécialistes des milieux agricoles telles que le bruant jaune ont aussi baissé de 13% autant en Ile-de-France qu'au plan national.
Seules les espèces du bâti ont vu leurs effectifs croître, dans cette "région fortement urbanisée", sur la même période. A l'instar du martinet noir ou de la pie bavarde. "La situation des oiseaux de la Région se confirme : une régression des effectifs est constatée (…). Plus inquiétant encore, alors que les effectifs de l'ensemble des espèces observées en France augmentent de 12% au niveau national en moyenne, ceux-ci baissent de 5% en Ile-de-France'', déplore l'agence. La destruction des habitats mais aussi le changement climatique ou la monoculture expliquent le déclin des oiseaux dans la région, selon Natureparif.
Effet de l'urbanisation et des pratiques agricoles
Autre constat : il est "souvent difficile" pour toute la biodiversité francilienne de ''s'approprier'' le milieu urbain, corrobore l'agence. D'autant que l'urbanisation limite les interactions entre les espèces pourtant indispensables à leur survie comme ''le contrôle exercé'' par les espèces parasites (la guêpe Microgaster) sur les populations de Piérides (un papillon blanc). En témoigne en effet la diminution du parasitisme de la Piéride du chou en ville, relève Natureparif. Ce taux de parasitisme variant de "90% à quelques pourcents" à mesure que le taux d'urbanisation augmente autour de chaque jardin où ont été observées les espèces.
L'éclairage urbain a également des effets ''contrastés" sur les chiroptères, indique l'agence. Ainsi, la Pipistrelle commune, "de loin la plus abondante" des chauves-souris d'Île-de-France se trouve significativement favorisée par un éclairage à lumière blanche. A contrario, la Sérotine commune, ''quarante fois moins abondante'' marque "une aversion statistiquement significative pour tout type d'éclairage artificiel lorsqu'on analyse en détail ces variations d'abondance". Si certaines espèces se révèlent donc lucifuges, d'autres ne sont nullement gênées par les éclairages. "D'autre part, on constate que l'attractivité exercée sur les insectes varie : elle est plus élevée avec les éclairages à lumière blanche qu'avec ceux à lumière orange", ajoute l'étude.
L'agence souligne aussi les impacts des pratiques forestières et agricoles sur les chauves-souris. Celles-ci ''se développent mieux'' dans les boisements constitués d'arbres anciens (quatre fois plus de Noctules de Leisler dans les boisements avec des arbres de plus de 50 cm de diamètre) et sur les parcelles agricoles séparées physiquement par des haies (deux fois plus d'individus).
Les milieux agricoles et forestiers franciliens se montrent également ''moins accueillants'' pour les oiseaux où plus de la moitié des espèces menacées le sont dans ces deux types de milieux à l'échelle de la région contre "une sur cinq au niveau national". Idem pour les végétaux de la région en particulier les espèces messicoles (liées aux cultures).
Les jardins zéro pesticide, ''oasis'' de biodiversité
En revanche, les jardins, situés même au cœur des villes franciliennes, restent de véritables "espaces de nature". Certaines pratiques de jardinage "peuvent très fortement favoriser la vie sauvage, voire même contrebalancer l'effet de l'urbanisation". A condition de ''réduire drastiquement, voire stopper les traitements'' chimiques ! prévient l'agence. Les analyses démontrent que les effectifs de papillons et la diversité en espèces d'escargots baissent dès lors qu'il y a usage de pesticides. Les papillons étant impactés par ces substances au stade larvaire puisque les chenilles consomment les plantes et les escargots ''au titre d'herbivores, bien qu'ils ne le soient pas tous'', explique-t-elle.
Réserver une zone non jardinée (''mauvaises herbes'', friches…) et privilégier les plantes nectarifères dans ces mêmes jardins permet aussi de rendre ces espaces de nature ''encore plus accueillants pour la biodiversité''. Plus de la moitié des espèces de papillons du jardin (la petite tortue, le tabac d'Espagne, le silène, le brun des pélargoniums, le procris, le paon du jour..) verrait en effet ''leurs effectifs augmenter lorsque l'offre en nectar est élevée ! '', selon l'agence.
Cette étude ''démontre donc que la biodiversité francilienne n'échappe pas à l'érosion observée au niveau national et met en lumière l'importance de changer notre rapport à la biodiversité et nos pratiques : plus de laisser faire, pour favoriser la résilience et encourager le développement du vivant !'', conclut Natureparif.