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L'opération a en outre été émaillée de nombreux couacs. Ainsi, cette annonce par le président de la République, le 14 décembre 2009, de l'allocation d'une partie du ''grand emprunt'' ''dans les domaines aussi vitaux que les biotechnologies ou les nanotechnologies'', donnant l'impression que la concertation était pliée d'avance. Puis les réunions ''particulièrement perturbées'' selon la CDPD de Lille, Grenoble, Rennes, Lyon et Marseille, le recours au débat par écran interposé, le remplacement des trois dernières réunions (Orsay, Montpellier, Nantes) par des débats sur Internet, le départ des Amis de la Terre, la contestation du collectif grenoblois Pièces et main d'œuvre…
Application raisonnée du principe de précaution
Plusieurs propositions, recensées par la CPDP, ont été faites par les participants aux débats pour pallier le ''déficit de gouvernance évident'' dont souffrent les nanotechnologies, selon Jean Bergougnoux, président de la commission particulière. ''L'idée d'un moratoire n'a pas été jugée réaliste par les participants, et n'aurait pas été suivie par les pouvoirs publics''. Mais l'utilité pas toujours évidente de certaines applications - la chaussette en nanoparticules d'argent, bactéricides, en est le symbole - pourrait être remise en cause. La création d'un Haut conseil des nanotechnologies, construit sur le modèle de la gouvernance à 5 (Etat, syndicats, élus, associations, entreprises) a aussi été avancée.
Reste que 1.000 produits nanostructurés sont sur le marché. L'information des consommateurs, l'étiquetage et la traçabilité de ces produits doivent être améliorées. La création d'un régime de déclaration de substances à l'état nano-particulaires par leurs producteurs, prévue par le projet de loi Grenelle 2, pourrait amorcer ce mouvement.
Autre point faible des nanotechnologies : ''les études toxicologiques en sont à leur balbutiement, tout comme leurs protocoles expérimentaux. L'écotoxicologie est encore plus balbutiante'', rapporte Jean Bergougnoux. Seuls 3% des budgets publics de recherche sur les nanos sont consacrés aux études sur les risques. Un pourcentage qui devra être sérieusement revu à la hausse. Le législateur pourrait aussi bien interdire certains usages, comme l'insertion, qui relève pour l'instant de l'anticipation, d'une puce RFID dans un médicament pour vérifier qu'un patient l'a bien pris…
La balle est désormais dans le camp des 7 ministères (environnement, économie, travail, agriculture, enseignement supérieur, défense et santé) ayant saisi la CNDP le 23 février 2009. ''Nous disposons de 3 mois pour indiquer quelles sont nos préconisations'', selon Brigitte Arnould, chargée de mission stratégique Risques, santé et nanotechnologies au ministère de l'environnement. Plusieurs réunions interministérielles sont d'ores et déjà programmées.