Pour rappel : dans le cadre d'un accord volontaire signé en février 2008 avec le ministère de l'Ecologie,
Près de la moitié des objectifs atteints
Quatre ans après le lancement de l'opération, près de la moitié des objectifs fixés ont été atteints, selon les résultats présentés ce mardi 11 décembre par l'association. Ainsi à ce jour, 31.070 tonnes de pneumatiques ont été enlevées et valorisées sur 43 des 61 stocks historiques identifiés en France métropolitaine. Soit l'équivalent de 4,1 millions de pneus usagés (Voir carte). "Nous sommes arrivés à la moitié du volume traité", s'est félicité Bénédicte Barbry. La présidente de Recyvalor a salué "l'engagement sans faille des acteurs du secteur pneumatique" membres de l'association dans le financement des opérations, "malgré la crise du secteur automobile depuis 2008".
Le coût total de l'élimination de ces décharges s'élève à ce jour à 4,7 millions d'euros, pour un financement assuré via des subventions au deux tiers des acteurs du pneumatiques adhérents et pour un dernier tiers par l'Etat. Bénédicte Barbry a toutefois déploré "la faible contribution des collectivités" à la démarche, "pourtant premières bénéficiaires du dispositif". Seuls 3% du traitement des stocks auraient été cofinancés par des collectivités depuis 2008, selon elle.
Une valorisation énergétique majoritaire
Côté valorisation : une fois évacués par des camions, les pneus usagés de mauvaise qualité ont majoritairement été valorisés énergétiquement et réutilisés comme combustible de substitution en cimenterie à la place du charbon ou de coke de pétrole (67% de la valorisation en 2012). Les pneus en bon état ont en revanche été réemployés comme granulats pour les revêtements amortissants des aires de jeu pour enfants (20%) ou utilisés dans les travaux publics dans la construction de murs de soutènement (10%) et pour combler des carrières (3% de valorisation géotechnique), a expliqué Eric Fabiew, vice-président de Recyvalor.
Ces pneus stockés laissés à l'abandon représentent un risque important d'incendie, source de pollution atmosphérique et des sols en émettant des gaz nocifs, des hydrocarbures, des métaux lourds et des composés volatils cancérigènes, a rappelé le président de l'association Robin des Bois, Jacky Bonnemains, partenaire de Recyvalor. Situés pour certains en campagne, à proximité de zones industrielles, d'habitations ou d'axes de circulation, ces stocks présentent également un risque de "gîtes larvaires et de prolifération de moustiques tigres", vecteurs de maladies, comme la dengue ou la fièvre chikungunya, prévient-il.
Site de Souillac : plus de 20.000 tonnes à encore traiter
D'où l'enjeu de poursuivre l'élimination de ces décharges aux impacts sanitaires et écologiques. D'autant qu'"une quinzaine de sites" représentant plus de 31.000 tonnes de pneus restent à collecter et traiter d'ici 2016, a souligné Mme Barbry. Or ces stocks présentent des difficultés juridiques (exploitants défaillants) et techniques. Quatre sites sont déjà programmés pour 2013, représentant un total de plus de 3.500 tonnes, soit environ 471.000 de pneus à éliminer. Les sites concernés sont ceux du Noyer (Cher), d'Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), Notre-Dame-de-Bliquetuit (Seine-Maritime) et Malay-le-Petit (Yonne), a-t-elle annoncé.
A ces décharges illégales s'ajoute le stock problématique de Souillac (Lot) et ses "20.000 tonnes" de pneus abandonnés à traiter en surface, a rappelé Eric Fabiew. Et de prévenir : "Ces déchets situés au niveau d'une carrière atteignent une dizaine de mètres de hauteur" et "l'équivalent du tonnage" pourrait être présent sous terre, selon lui. Il s'agit du stock le plus important. Il serait notamment issu d'activités de recyclage ayant tourné court. Environ 2.000 tonnes de pneus ont déjà été retirées pour établir des corridors pare-feu, a précisé de son côté Jacky Bonnemains. Le début des opérations d'élimination du site de Souillac devrait être effectif seulement "fin 2013-2014". Les opérations à Souillac s'étaleront d'ici 2016, date de fin de la mission de Recyvalor. Mais d'ici cette échéance, "nous n'aurons vraisemblablement pas tout traité", a déjà averti le vice-président de l'association alors qu'il resterait au total cinq millions de pneus orphelins à valoriser… De même, les 7 millions d'euros engagés au total d'ici 2016 risquent de n'être pas suffisants alors que plus de la moitié de la somme a déjà été utilisée. Ce budget a été revu à la hausse à 9 millions d'euros, a indiqué Mme Barbry en appelant les collectivités à s'engager.
Quid de l'avenir de Recyvalor post-2016
De quoi s'interroger sur la poursuite des actions de Recyvalor au-delà de 2016. "Il faut inscrire l'association dans une durée illimitée en réduisant le montant des cotisations", a appelé de ses vœux Eric Fabiew devant Baptiste Legay, représentant du ministère de l'Ecologie. "La mobilisation doit se poursuivre", a déclaré M. Legay en saluant les premiers "résultats positifs" de l'association et "l'originalité de la démarche". Si le ministère se questionne sur le "maintien de l'expertise de Recyvalor sur le long terme", il réfléchit également à reproduire la démarche sur des stocks orphelins issus d'autres secteurs comme les fusées de détresse utilisées par les plaisanciers, a indiqué M. Legay.
"Cet accord est exemplaire et Recyvalor doit intervenir en Outre-mer", estime de son côté M. Bonnemains. Le système "est reproductible dans d'autres secteurs, comme pour les stations-service fermées où les pétroliers et l'ensemble des acteurs de la filière devraient se réunir pour les assainir". Le président de Robin des Bois plaide aussi pour "une revalorisation de pneumatiques d'ensilage utilisés dans le secteur agricole, stockés dans l'Ouest de la France". Une réflexion sur cette démarche serait actuellement menée par les Chambres d'agriculture, selon lui.