Greenpeace vient de publier un rapport qui pointe du doigt le bilan carbone des agrocarburants utilisés en Europe. L'Union européenne a pour objectif d'atteindre 10 % d'énergies renouvelables dans les transports d'ici à 2020 via ''une contribution significative des agrocarburants'' dont le biodiesel.
L'ONG environnementale a ainsi analysé 92 échantillons de biodiesel, recueillis dans les stations essence de neuf pays européens (Autriche, Belgique, Danemark, France, Allemagne, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et la Suède). Résultats : les biodiesels, présents jusqu'à hauteur ''de 7% dans le carburant analysé'', seraient fabriqués ''presque exclusivement à partir d'huile de palme, de colza et de soja'', note Greenpeace.
La France, parmi ''les mauvais élèves''
La France figurerait elle parmi ''les plus mauvais élèves'' de l'UE, selon l'ONG. Le biodiesel vendu dans l'Hexagone contiendrait essentiellement 30% d'huile de soja mais aussi de palme, importés d'Amérique du Sud et non ''uniquement produits par des agriculteurs français''. Ce qui contribue à la déforestation de la région et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Or, le gouvernement français aurait prévu d'augmenter de 30% l'utilisation de biodiesel d'ici 2020, rappelle l'ONG. ''Si cet objectif est maintenu, la situation va encore s'aggraver'', a-t-elle alerté.
D'après le Plan d'action national (PAN) 2009-2020 pour les énergies renouvelables, la France table sur un objectif de 4.062 ktep d'EnR dans les transports d'ici 2020, dont 2.850 ktep de biodiesel et 650 ktep de bioéthanol/bio-ETBE (éthyl-tertio-butyl-éther). La France devrait importer 400 ktep de biodiesel et 50 ktep de bioethanol en 2020…
''Les filières biodiesel européennes sont donc plus néfastes pour le climat que les filières diesel fossile'', estime Jérôme Frignet, chargé de campagne Forêts pour Greenpeace. Ce rapport intervient alors que la question de la prise en compte du changement d'affectation des sols indirects (CASI) dans le bilan carbone des agrocarburants n'est toujours pas tranchée par Bruxelles, au grand dam de Greenpeace. La Commission européenne devrait publier en septembre prochain un rapport sur la question.
Alors que les critères de durabilité des agrocarburants font toujours débat dans l'UE, la Commission veut imposer aux producteurs européens et importateurs une procédure de certification. Elle a homologué la semaine dernière sept organismes qui pourront accorder un label de durabilité. Un seuil d'émissions de GES sur l'ensemble de la chaîne de production a également été fixé. Celles-ci doivent être inférieures d'au moins 35 % à celles de la chaîne de production des combustibles fossiles. Ce seuil sera relevé progressivement (50 % en 2017 puis 60 %).
Greenpeace demande ''d'exclure des mesures incitatives et des autres avantages liés aux énergies renouvelables les fabricants des agrocarburants responsables d'émissions excessives'' de GES.