Les 18.000 participants issus des 193 pays signataires de la Convention sur la diversité biologique (CDB) se sont quittés le 29 octobre avec une série "de décisions historiques qui permettront aux Etats de répondre aux chalenges sans précédents de la perte continue de biodiversité", estime le secrétariat de la CDB. Les deux principaux objectifs fixés avant la conférence ont été atteints : l'adoption d'un protocole relatif à l' Accès aux ressources et partage des avantages (APA) tirés de l'usage des ressources génétiques et l'établissement d'un Plan stratégique de préservation de la biodiversité pour 2020. Cependant, à l'heure actuelle la stratégie de financement de la protection de la diversité biologique est principalement basée sur des financements publics volontaires et sur un "verdissement" de l'aide public au développement. Autre bémol, les Etats-Unis, qui n'ont pas ratifié la CDB, ne sont pas contraints par les textes adoptés lors de la conférence de Nagoya.
Le consentement des Etats comme préalable à l'exploitation des ressources
Le principal résultat obtenu à Nagoya est la signature du protocole APA négocié depuis huit ans. Cet accord doit permettre l'accès aux ressources génétiques issues de la biodiversité pour les industriels, tout en favorisant un partage des bénéfices avec les pays d'où sont issues les ressources concernées. Concrètement les entreprises devront déposer une demande officielle et préalable auprès du pays concerné et le consentement du pays sera ensuite enregistré auprès d'une agence ad hoc. Des agences nationales seront en charge de la vérification du respect des accords signés. Un mécanisme spécifique sera en charge de la gestion de deux cas particuliers : les ressources issues des zones transfrontalières et les situations pour lesquelles il n'est pas possible d'obtenir un consentement préalable.
20 objectifs pour 2020
Par ailleurs, un Plan stratégique pour 2020 est construit à partir de 20 objectifs de préservation de la biodiversité articulés autour de cinq thèmes stratégiques. Ces objectifs serviront avant tout à guider les efforts nationaux et internationaux de protection de la biodiversité et n'ont pas de caractère contraignant. Les thèmes stratégiques retenus sont les causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, la réduction des pressions sur la diversité biologique, la mise en place de clauses de sauvegarde, la mise en valeur des bénéfices fournis par la biodiversité et le renforcement des capacités des opérateurs.
L'un des principaux objectifs du Plan est "d'au moins diviser par deux, voire ramener au plus près de zéro, lorsque c'est possible, le taux de perte des habitats naturels et notamment de la forêt." Par ailleurs, le Plan vise la création d'aires protégées sur 17% des surfaces terrestres et 10% des surfaces maritimes et côtières. Actuellement, les aires protégées représentent environ 13% des terres et 1% des surfaces maritimes. De même, les gouvernements sont invités à restaurer au moins 15% des espaces dégradés. S'agissant des récifs coralliens, l'accord adopté à Nagoya indique que "des efforts spéciaux seront fait pour réduire les pression auxquels [ils] font face."
Les financements restent à définir
Côté financement, les délégués ont décidé de travailler sur une "stratégie de mobilisation des ressources" pour mettre en œuvre le Plan stratégique. Mais l'ampleur des sommes dédiées à la mise en œuvre des objectifs adoptés à la COP 10, ainsi que les mécanismes de financement restent à définir.
Parallèlement, le Premier ministre du Japon, Naoto Kan, a annoncé un financement de deux milliards de dollars sur trois ans. Cette somme en faveur de la diversité biologique devrait être délivrée par un Fonds japonais pour la biodiversité. De même, des financements ont été proposés par différents Etats, dont la France et l'Union européenne, afin de mettre en œuvre les objectifs adoptés en matière d'aires naturelles protégées. Les fonds proposés s'élèvent à un total de près de 110 millions d'euros et seront distribués via l'Initiative LifeWeb de la CDB. Enfin, 34 agences de financement bilatérales et multilatérales ont pour leur part annoncé leur volonté de traduire le Plan stratégique adopté à Nagoya dans leurs priorités de coopération au développement.