La Commission européenne a présenté le 20 mai dernier une stratégie en faveur de la biodiversité sur laquelle le Conseil de l'UE s'est positionné le 23 octobre. Dans ce cadre, elle a annoncé d'ici 2021, sous réserve d'une étude d'impact, « une proposition relative à la fixation (…) d'objectifs de restauration de la nature juridiquement contraignants en vue de restaurer les écosystèmes dégradés ».
À cet effet, l'exécutif européen soumet à contributions (1) jusqu'au 2 décembre prochain sa feuille de route (2) permettant la mise en œuvre de cette annonce. La Commission rappelle les évaluations alarmantes effectuées par l'IPBES (3) et par ses propres services dans son dernier rapport sur l'état de la conservation de la nature en Europe. « À ce jour, les efforts de restauration des écosystèmes dans l'UE ont été insuffisants », relève Bruxelles. L'un des principaux objectifs de la stratégie pour 2020 était de restaurer au moins 15 % des écosystèmes dégradés. Cet objectif n'a pas été atteint et les plans de restauration n'ont été élaborés que par quelques États membres.
Même si la restauration de la nature est déjà partiellement exigée à travers les directives existantes (oiseaux, habitats, directive cadre sur l'eau, directive sur les inondations, directive cadre sur la stratégie pour le milieu marin), « il existe encore un certain nombre de défaillances réglementaires qui entravent les progrès », pointe la Commission. Et de donner des exemples : pas d'obligation de plans de restauration de la biodiversité, absence d'objectifs et de délais clairs et contraignants, pas de critères pour la restauration des écosystèmes. En outre, certains milieux ne sont pas couverts ou ne le sont que partiellement par les directives : terres cultivées, prairies utilisées de manière intensive, forêts et plantations forestières, écosystèmes urbains, sols. Enfin, dans la plupart des cas, « il n'y a pas de liens clairs entre les besoins de restauration et les instruments de financement de l'UE », analyse la nouvelle Commission.
Avec cette initiative, l'objectif général est de « restaurer les écosystèmes dégradés, en particulier ceux qui ont le plus de potentiel pour capturer et stocker le carbone, et de prévenir et réduire l'impact des catastrophes naturelles et causées par l'homme », résume l'exécutif européen. Cette initiative doit contribuer à l'objectif d'un bon état de l'ensemble des écosystèmes d'ici 2050. Certains objectifs pourraient s'appuyer sur les directives existantes et s'appliquer aux zones humides, aux tourbières, aux rivières en libre évolution, et aux écosystèmes marins tels que les herbiers et les fonds marins. Mais d'autres cibles pourraient concerner des milieux ou des espèces, tels que les sols ou les pollinisateurs, non encore couverts par la législation.