C'est pourquoi l'industrie s'intéresse depuis quelques années aux ''bioplastiques'', ou plutôt agroplastiques, produits à partir de matières végétales. 260.000 tonnes d'agroplastiques ont été consommés en 2007, soit 0,5 % du marché total des plastiques. Coca Cola a annoncé que 30 % de ses bouteilles seraient désormais constituées (dans certains pays) de matières végétales, Samsung propose désormais un produit constitué en partie de plastique biodégradable, Hyundai devrait habiller l'intérieur de son prochain modèle hybride d'agroplastique…
Le marché se développe, mais il est probable que, pour des raisons techniques et économiques, les agroplastiques restent secondaires à court terme au regard des plastiques traditionnels. De plus, leurs bénéfices environnementaux ne sont pas démontrés, leur utilisation devrait donc être limitée à des usages bien spécifiques. A moins que les industriels surfent sur la confusion qu'introduit le terme ''bioplastique'' pour faire du greenwashing !
Plastiques agrosourcés : à limiter à certains usages spécifiques
Les agroplastiques sont produits à partir d'agropolymères (amidon, protéines, cellulose…) issus de céréales, pommes de terre… Certains sont biodégradables, mais pas tous ! Ils ne sont pas non plus forcément écolos. Leur fabrication consomme de l'eau, même si la recherche s'oriente aujourd'hui vers les voies sèches afin d'économiser le plus possible cette ressource.
Beaucoup d'agroplastiques sont conçus avec de l'acide polyactique (PLA) qui ressemble fortement au polyéthylène téréphtalate (PET), l'équivalent du plastique. L'inconvénient : leur recyclage est généralement incompatible avec le recyclage du PET, sans adaptation coûteuse des techniques.
Autre souci et de taille : la concurrence d'usage des ressources. Produits à partir de sucre ou d'amidon, les parties nobles de la plante, ils entrent en compétition avec l'alimentation humaine. Produits à partir de paille ou de sous produits, ils entrent en compétition avec l'alimentation animale… et donc avec l'alimentation humaine. Ils peuvent également être produits à partir de plantes OGM. Les recherches s'orientent donc aujourd'hui vers les agroplastiques deuxième génération (comme pour les agrocarburants), issus de déchets agricoles ou d'algues.
De plus, l'introduction massive sur le marché de plastiques agrosourcés, en particulier pour les emballages ou sacs de caisse, aurait également des effets pervers. Ils freinent la tendance à l'éradication des sacs plastiques au profit des sacs réutilisables par exemple et n'incitent pas à la recherche de solutions alternatives pour les autres usages.
Finalement, le bénéfice environnemental des agroplastiques reste donc à démontrer. Leur intérêt serait davantage économique pour les industriels : même si leur prix est aujourd'hui 2 à 4 fois supérieur à celui de leurs homologues tirés du pétrole, à terme, avec l'augmentation du prix des hydrocarbures, ils pourraient devenir compétitifs. Ils pourraient également s'avérer utiles ou même meilleurs que les plastiques traditionnels pour certains usages spécifiques : emballages stériles (industrie pharmaceutique), usages longue durée (industrie automobile ou de la construction…).
Plastiques biodégradables : sous certaines conditions
Autre alternative aux plastiques traditionnels : les plastiques biodégradables, c'est-à-dire qu'au moins 90 % du produit sont assimilés par les micro-organismes lors de leur dégradation. Attention : ils ne sont pas forcément fabriqués à partir de matières végétales, ils peuvent être issus de la pétrochimie et avoir été produits avec des additifs qui favorisent l'oxydation. Biodégradable ne signifie pas non plus qu'ils disparaissent immédiatement après leur ''rejet'' dans l'environnement. Plus que des bénéfices, les sacs biodégradables jettent la confusion dans l'esprit des utilisateurs. D'autant que ce terme est parfois utilisé à outrance par les industriels.
Cependant, certains plastiques biodégradables, les compostables (comme la matière végétale, le sac se biodégrade à 90 % dans un laps de temps de 180 jours), présentent un intérêt dans certains usages bien spécifiques : sacs poubelles destinés au compost, paillage agricole (30.000 tonnes de plastique par an). Pour les emballages alimentaires de très courte durée de vie par exemple, un plastique qui va avec les matériaux organiques dans la filière de compostage peut s'avérer intéressant. A condition qu'il finisse sur une plateforme de compostage plutôt que dans un centre d'enfouissement…