C'est un avis très critique que l'autorité environnementale a rendu, le 23 septembre, sur la nouvelle étude d'étude d'impact que Total a fourni pour la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône).
Le 1er avril 2021, le tribunal administratif de Marseille avait partiellement annulé l'autorisation de reconversion de la raffinerie en usine de production de biocarburants à partir, notamment, d'huiles de palme importées. Il avait jugé insuffisante l'étude d'impact dans la mesure où elle aurait dû prendre en compte les effets directs, mais aussi indirects, du projet sur le climat. Le tribunal a donné neuf mois au préfet pour la faire compléter par l'exploitant, saisir l'autorité environnementale, organiser une enquête publique et prendre un arrêté modificatif. Dans ce cadre, Total a remis son étude d'impact actualisée, en juillet dernier, au préfet.
Celle-ci indique que la plateforme cessera d'être approvisionnée en huile de palme à compter de janvier 2023. Ce qui correspond aux déclarations faites, le 5 juillet dernier, par le P-DG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, dans une interview au quotidien La Provence. « Cependant, elle ne précise pas la nature, la provenance géographique, ni la quantité des huiles retenues en remplacement », pointe la mission de l'autorité environnementale Provence Alpes-Côte d'Azur (MRAe Paca). Le dossier n'explique ni les raisons pour lesquelles les émissions de gaz à effet de serre sont les mêmes, quelles que soient les huiles végétales certifiées considérées, ni la part des émissions liées à la production et au transport de chaque huile végétale, critique l'avis. « Les méthodologies liées aux certifications des huiles végétales, leurs conditions de mise en œuvre sur le terrain et leurs modalités de contrôle ne sont pas exposées pour les scénarios d'approvisionnement sur lesquels TotalEnergies Raffinage France s'est engagé », cingle la MRAe.
« Prochaine étape : un nouvelle enquête publique sera organisée pour recueillir l'avis de la population. Elle pourra aboutir à un refus d'autoriser l'exploitation du site si les informations fournies par Total restent insuffisantes ou mensongères », réagit France Nature Environnement (FNE) sur Twitter. Cet avis critique est rendu alors qu'une étude publiée, le 19 octobre 2021 dans la revue Global Environmental Change, révèle que l'énergéticien a, depuis le début des années 1970, mené une stratégie pour minorer l'impact climatique de ses activités.