Alors que la commission mixte paritaire (CMP), dans le cadre du Grenelle 2 de l'environnement, a entériné, le 16 juin 2010, l'interdiction de vente des biberons produits à base de bisphénol A mais a repoussé son application au 1er janvier 2011, les parlementaires ont adopté mercredi 23 juin en première lecture une proposition de loi prévoyant une disposition identique. Seule différence : l'application sera immédiate. ''La fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché à titre gratuit ou onéreux de biberons produits à base de bisphénol A sont suspendues jusqu'à l'adoption, par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, d'un avis motivé autorisant à nouveau ces opérations'', souligne l'article 1 du projet de loi.

Le texte a été adopté à l'unanimité des 364 votants: UMP, PS, GDR (PCF et Verts). Mais le Nouveau Centre s'est abstenu. L'amendement du député PS Gérard Bapt qui demandait une interdiction dans les contenants alimentaires, avec mise en oeuvre au 1er janvier 2012, n'a toutefois pas été retenu ni par le gouvernement, ni par le député UMP rapporteur du texte.

Commentant le vote, le porte-parole du Réseau environnement santé, André Cicolella, a jugé que cette décision était illogique. ''Il est en effet absurde de vouloir protéger les nourrissons nourris via les biberons et de ne pas se préoccuper des nourrissons nourris au lait maternel ou au lait maternisé ». En effet l'AFSSA reconnaît elle-même qu'ils sont en moyenne 10 et 20 fois plus contaminés.''

Le bisphénol A, utilisé notamment dans les plastiques alimentaires (polycarbonate et polyépoxy) dont les biberons, est soupçonné d'être un perturbateur endocrinien, pouvant entraîner des troubles hormonaux et favoriser le développement de maladies cardio-vasculaires et de cancers du sein ou de la prostate. Outre les biberons en polycarbonate, le Bisphenol A est également présent dans les canettes, boîtes de conserve, bouteilles réutilisables, ciments dentaires, ou les appareils ménagers comme les bouilloires.