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Actu-Environnement

Le bisphénol A a des effets transgénérationnels sur la synthèse d'hormones

La revue Endocrinology a publié le 15 juin l'étude d'un groupe de chercheurs américains démontrant sur des souris que certains effets du bisphénol A sont transgénérationnels, appuyant l'importance des interactions entre gènes et environnement.

Risques  |    |  E. Abs

Une étude menée par la biologiste Jennifer Wolstenhome et son équipe de recherche de l'université américaine de Virginie a été rendue publique dans la revue Endocrinology (1) , confirmant le caractère héréditaire de certains effets provoqués par le bisphénol A (BPA) dénoncé en 2009 par le Réseau environnement santé (RES).

Rappelons que le BPA est un produit chimique utilisé pour la fabrication de plastiques et de résines, notamment dans les plastiques alimentaires (polycarbonate et polyépoxy) dont les biberons, les revêtements intérieurs des canettes, des boîtes de conserve et de certains appareils ménagers comme la bouilloire. Ce produit n'est normalement pas présent à l'état libre dans les plastiques alimentaires, mais il s'en extrait spontanément à faible dose en conditions normales de température et de pression, et en quantité plus importante lors du chauffage ou du nettoyage de ces plastiques par des détergents.

En mars 2009, une étude réalisée sur des animaux et publiée par le CRIIGEN mettait en évidence des effets du BPA sur la taille et le fonctionnement de certains organes comme le pancréas, la rate, les reins et les organes reproducteurs. Au vu des faibles doses de BPA auxquelles est exposé l'homme, le rapport ne dénonçait pas une toxicité aigue mais une toxicité à long terme. Les experts du CRIIGEN n'ont pas été trop alarmistes puisque la nouvelle étude de l'université américaine de Virginie réalisée sur des souris montre que non seulement une exposition courte au BPA modifie durablement le fonctionnement de certains de leurs organes, mais ces altérations sont de plus transmises à leur descendance.

Les découvertes de ces chercheurs américains sur les effets transgénérationnels du BPA portent sur des modifications des comportements sociaux et de la synthèse de certaines hormones chez la souris. L'expérience a été effectuée sur deux lots de souris femelles : des femelles en chaleur juste avant reproduction et des femelles en gestation. Chaque lot est séparé en deux selon leur alimentation avec ou sans BPA. Les "mères BPA", c'est-à-dire les femelles "nourries au BPA", présentent des taux plasmatiques de BPA équivalents à ceux mesurés chez l'homme. Les chercheurs mettent en évidence des différences nettes de comportement et au niveau de la synthèse de deux hormones, la vasopressine et l'ocytocine, entre les descendants des femelles en gestation nourries au BPA et les femelles témoins. Ces deux caractères sont étudiés chez les "descendants BPA", c'est-à-dire les descendants de première génération, directement mis en contact avec le BPA dans l'utérus au cours de leur développement embryonnaire, et chez les descendants de seconde, troisième et quatrième générations qui n'ont jamais été mis directement en contact avec le BPA.

Où en est en 2012 la réglementation sur le BPA ?

Les précurseurs sur la question ont été le Canada, qui ont interdit dès 2009 l'utilisation de BPA dans les biberons. Quelques mois plus tard, les six plus grands fabricants américains de biberons décident de ne plus commercialiser leurs produits contenant du BPA aux Etats-Unis. Ils sont suivis par la France et le Danemark en 2010 puis par l'Union européenne fin 2010.

Pour Michèle Rivasi, députée Europe-Ecologie les Verts, "il est aujourd'hui urgent d'élargir cette interdiction à tous les contenants (…). L'agence européenne EFSA, pas encore convaincue des dangers du BPA, doit avancer sur ce sujet".
Altération du fonctionnement des reins

La vasopressine est une hormone antidiurétique, c'est-à-dire qui diminue le volume des urines en provoquant la réabsorption d'eau au niveau des reins. Son inhibition entraîne une augmentation du volume des urines à l'origine d'une déshydratation de l'organisme.

Les chercheurs prouvent statistiquement que les quatre générations issues des "mères BPA" présentent des taux de synthèse de cette hormone inférieurs à la normale, ce qui pourrait expliquer les observations de dysfonctionnement des reins publiées en 2009 par le CRIIGEN.

Modifications du comportement social des souris

Dans le cadre de ces recherches, l'équipe de chercheurs de l'université de Virginie prouve que tous les descendants issus d'une "mère BPA" présentent des comportements anormaux contrairement aux descendants des mères témoins. Ils font une seconde découverte à l'échelle moléculaire : les quatre générations issues de "mères BPA" présentent des taux de synthèse de l'ocytocine inférieurs à la normale, ce qui pourrait expliquer leurs troubles comportementaux. En effet, de nombreuses études ont montré que l'ocytocine est une hormone qui facilite les interactions sociales en augmentant la mémoire sociale, la confiance en autrui, la motivation d'engagement social et en diminuant la peur du contact. De nouvelles expériences sont attendues pour confirmer l'impact direct de la diminution du taux d'ocytocine dans l'organisme sur les changements comportementaux observés chez ces souris issues de "mères BPA".

Pour les chercheurs il est donc clair que "les effets transgénérationnels d'un produit chimique perturbateur endocrinien peuvent être à l'origine de maladies neurologiques complexes". Ce qui selon eux "met en évidence la nécessité de considérer l'existence d'interactions entre gènes et environnement pour comprendre les causes de maladies complexes".

1. consulter le site de la revue Endocrinology pour accéder au résumé de l'étude
http://endo.endojournals.org/content/early/2012/06/15/en.2012-1195.abstract

Réactions7 réactions à cet article

Une preuve de plus: effectivement :de nombreux facteurs de l'environnement sont des "allumeurs", des "éteigneurs" ou des "régulateurs"de gènes..d'autre part comme les transposons ("gènes sauteurs" )se déplacent ou s'intègrent entre certaines portions de gènes,ils peuvent modifier la dynamique interne du gène mais aussi transmettre la modification gènique (perturbation ? ) lors de la reproduction suivante ... (les réparateurs-enzymes D'ADN)étant fortement sollicités par nos "innovations" chimiques on peut comprendre que la régulation gènique puisse être débordée (overdose ?? )

genebio | 28 juin 2012 à 07h09 Signaler un contenu inapproprié

Quel article intéressant !

Rosalie | 28 juin 2012 à 11h09 Signaler un contenu inapproprié

Si elle est confirmée, cette découverte est bouleversante : certain produits chimiques modifieraient durablement (génération futures des populations mises en contact) notre capacité sociale humaine et influenceraient donc indirectement l'évolution des formes de penser et des états d'esprit par rapport à l'autre et aux "inconnus" ... c'est extrêmement grave si ça va dans le sens de la peur de l'autre, le recul de la socialisation et donc aussi de la démocratie qui confronte les idées pour co-construire, et la montée des vieux démons du type "haine raciale"...
Si le BPA est utilisé industriellement depuis les années 60-70, la grande majorité de la population a du être, au moins dans le plus jeune âge (biberons en plastique incassables) et ce n'est que vers 2000-2005 que la problématique a commencé a devenir publique ... j'ai hâte d'en savoir plus sur cet effet transgénérationnel mais dans tous les cas, si cette découverte se confirme, nous sommes déjà inconsciemment presquepas/unpeu/beaucoup (????) affectés par cet effet...

Lionel | 28 juin 2012 à 11h41 Signaler un contenu inapproprié

L'article est derrière un péage... difficile de l'analyser.

Cette étude est suspecte rien que par le fait que l'article se concentre sur des études de comportements, par définition sujettes à biais (en fait, sur des effectifs réduits d'une vingtaine d'individus) et trouve (d'après le résumé) des résultats inverses d'une génération à l'autre, sans le moindre début d'explication.

J'aurais aussi aimé savoir pourquoi les femelles de départ ont reçu une alimentation sans phyto-oestrogènes, et quelle a été l'impact de cette alimentation pour le moins curieuse.

Mais on verra sans aucun doute des activistes anti-BPA haranguer les gouvernements pour qu'ils « prennent des mesures ». Le torchon sera soumis aux instances d'évaluation, et on aura un avis autorisé. Nul doute qu'elle finira, elle aussi, à la poubelle. Mais l'essentiel n'est-il pas que les marchands de peurs aient du grain à moudre et les « chercheurs » au petit pied, des financements.

Wackes Seppi | 29 juin 2012 à 16h10 Signaler un contenu inapproprié

@Wackes Seppi : plus d'objectivité serait très apprécié... On verra bien si cela se confirme mais en tout cas, je préfère voire des chercheurs aux financements indépendants plutôt que des chercheurs à la botte des grandes entreprises industrielles et dont les résultats de recherche sont, dans la grande majorité des cas, prédéterminés !!!

Lionel | 29 juin 2012 à 17h25 Signaler un contenu inapproprié

C'est l'hôpital qui se moque de la charité ! Si je comprends bien, vous préférez voir « des chercheurs aux financements indépendants » qui écrivent des âneries et se répandent dans la presse avec des messages d'alerte reposant sur du vent mais fortement anxiogènes « plutôt que des chercheurs à la botte des grandes entreprises industrielles... »

Le problème ici est simple : cette étude – dont le financement m'est inconnu (mais ceci n'est qu'une question secondaire à ce stade) – est-elle crédible ou non ? Et, corollairement, où est mon manque d'objectivité ?

Expliquez-moi comment un produit, réputé perturbateur endocrinien, administré à la mère avant la fécondation et pendant la gestation produit des F1 qui manifestent une sociabilité réduite ; des F2 socialement plus actifs ; des F3 aussi actifs que les témoins ; et des F4 plus actifs.

Expliquez-moi comment les auteurs peuvent attribuer au BPA l'activité sociale plus élevée des F2 et F4 (et ce, sans rien dire sur la F3 dans le résumé). Je cite :

« ...whereas in later generations (F2 and F4), the effect of BPA was to increase these social interactions. »

Expliquez-moi pourquoi les souris mères ont reçu une alimentation sans phyto-oestrogènes, perturbateurs endocriniens naturels.

Wackes Seppi | 29 juin 2012 à 18h47 Signaler un contenu inapproprié

Je n'en sais absolument rien mais tous le monde ne peut pas être chercheur en tout et il nous faut absolument des chercheurs qui ne sont pas uniquement guidés par l’appât du gain mais plutôt par l'apport de la science pour le bien de tous (y compris la santé), et pas l'inverse : ça j'en suis sûr. Les chercheur ont la responsabilité sociétale d'énoncer des théories, de les valider ou de les réfuter, et d'inventer des choses efficaces (et si possible efficientes et ayant le moins d'impacts environnementaux et sociaux négatifs), tout cela en toute objectivité pour ce qui est des raisonnement et démonstrations scientifiques. Je sais qu'ils sont loin d'être tous parfaits dans ce que je viens d'énoncer mais à mon avis, c'est ce que la société attend d'eux. En tout cas, beaucoup plus que des corrompus qui ne bossent que pour leur c.. (parce que ça rime ;) ).
Pour toutes tes interrogations scientifiques, patiente le temps que les études qui valideront ou invalideront tout ça tomberont ; nous verrons bien.

Lionel | 02 juillet 2012 à 10h51 Signaler un contenu inapproprié

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