La préfète de Haute-Marne a signé, le 8 juin, l'arrêté d'autorisation de la blanchisserie industrielle Unitech sur la commune de Suzannecourt en Haute-Marne. Cette installation classée (ICPE) traitera près de 2 000 tonnes de linge par an, dont les « tenues blanches » utilisées dans les installations nucléaires d'EDF ou Orano, et comprendra également un bâtiment de maintenance de matériels potentiellement contaminés par des radioéléments.
« Nous sommes en cours de consultation des entreprises avec une volonté de privilégier les acteurs locaux. Cette phase doit se terminer fin juillet, début août », a déclaré à l'AFP Jacques Grisot, directeur général d'Unitech France. La filiale du groupe américain Unitech Services, qui avait annoncé un investissement de 16 millions d'euros et la création d'une quarantaine d'emplois, prévoit une ouverture de l'installation courant 2021.
« Ce projet de "blanchisserie" verrait converger (…) le linge sale radioactif de l'industrie nucléaire française et en partie européenne, mais aussi une unité de décontamination de matériaux (notamment métalliques) », s'indignent la Criirad, France Nature Environnement (FNE), Greenpeace France et le Réseau Sortir du nucléaire. Ces associations annoncent d'ores et déjà un recours contre l'arrêté d'autorisation. Plusieurs associations locales, qui se sont constituées en un « Collectif contre Unitech », annoncent, elles aussi, des actions judiciaires. Le Réseau Sortir du nucléaire avait déjà attaqué le permis de construire de l'installation en mai 2019, mais il a échoué à obtenir sa suspension en référé.
Le projet d'installation a reçu, en janvier dernier, un avis favorable de la commission chargée de l'enquête publique, qui s'est déroulée sur la fin de l'année 2019. Et ce, bien qu'une très grande majorité des 712 avis recueillis se soit prononcée contre le projet. « Encore une fois, nous avons la preuve du mépris des autorités nationales et de leurs représentants à l'égard d'une consultation publique prétendument démocratique », s'indignent les associations. Ces dernières pointent les risques liés aux rejets chimiques et radioactifs dans la Marne et la nappe phréatique, de même que le caractère probablement inondable du site. La commission d'enquête avait assorti son avis de plusieurs réserves portant notamment sur les rejets aqueux dans la Marne, les rejets atmosphériques et les risques accidentels de pollution par incendie.