"98% des français bénéficient d'une eau de très bonne qualité, mais cette impression positive ne doit pas masquer d'autres réalités préoccupantes", pointe Olivier Andrault, chargé de mission alimentation et agriculture à l'UFC-Que Choisir, lors de la présentation à la presse, mercredi 26 février, de leur analyse "La qualité de l'eau potable en France : à vau-l'eau ? ".
Pour l'association, ce bon résultat est principalement dû aux efforts de dépollution des eaux destinées à la consommation. Elle illustre ce constat en prenant l'exemple de la Bretagne. "Malgré la présence ubiquitaire des nitrates dans les rivières bretonnes, ils sont absents de l'eau du robinet, notamment grâce à la technique consistant à diluer les eaux polluées avec des eaux respectant la norme", dénonce t-elle.
L'UFC-Que Choisir estime le coût de la dépollution au niveau national entre 640 et 1.140 millions d'euros par an.
Dans sa présentation, l'UFC-Que Choisir souligne enfin que 1,48 millions de consommateurs reçoivent toujours une eau polluée.
La pollution agricole reste la première cause de non conformité
La première cause de cette non conformité reste, selon l'association, une pollution d'origine agricole (63%). Les contaminations aux pesticides (60 % des pollutions d'origine agricoles), sont essentiellement relevées dans les grandes zones de production agricole (potentiellement 561.900 consommateurs) : le bassin parisien, le Nord, la vallée du Rhône et dans une moindre mesure dans le Sud-Ouest. La pollution aux nitrates est localisée dans le quart nord-est de la France (204.700 consommateurs) dans les zones de grandes cultures et de zones maraîchères (bassin parisien, Champagne-Ardenne, Nord-Pas-de-Calais).
"Nous assistons à une fuite en avant : les engagements Grenelle 1 et 2 sur la protection des captages ne sont pas respectés", constate Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir, il y a une course à la recherche de nouveaux captages". Selon l'association, chaque année 400 captages destinés à la fabrication d'eau potable, sont fermés, sur les 34.000 existants, notamment du fait de leurs teneurs en nitrates et pesticides.
Autre contamination possible : le sélénium. "Dans les zones de fortes irrigations, le niveau des nappes peut s'abaisser et amener à forer de plus en plus profondément pour l'alimentation en eau ", souligne Olivier Andrault. Le sélénium présent dans les couches profondes de la couche terrestre est alors entraîné avec l'eau. Ce type de pollution se retrouve dans les zones de grandes cultures irriguées (Essonne, Eure-et-Loir, Indre, Indre et Loire, Loiret, Marne, Nord, Seine-et-Marne, Vienne). Elle concerne potentiellement 172.200 consommateurs.
Viennent ensuite pour 33% des non conformités, des défauts de traitement de l'eau : contaminations bactériennes (380.000 consommateurs) et dépassement des teneurs en aluminium (110.000 consommateurs). 4% des cas seraient liés à la radioactivité naturelle des sous-sols granitiques (50.500 consommateurs).
Une progression significative des pollutions bactériennes
Pour obtenir ces données, l'association a réactualisé les données de sa précédente étude réalisée en 2012. Elle s'est basée pour cela sur des informations publiées sur le site du ministère de la Santé entre septembre 2011 et janvier 2014.
Entre ces deux analyses, l'UFC-Que Choisir note "une progression significative des pollutions bactériennes qui augmentent de 12 points par rapport au précédent relevé, à l'inverse les contaminations pesticides et nitrates baissent de 6 points et les surdosages en aluminium de 1 point, alors que les contaminations en composés radioactifs et en sélénium sont stationnaires".
L'association propose un accès, à travers une carte interactive, aux différents indicateurs de la qualité de l'eau suivis, par commune.