Les boues de stations de traitement des eaux usées (STEU) produites lors de l'épidémie de Covid-19 peuvent-elles contenir et disséminer le virus lors des épandages agricoles ? C'est à cette question que l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a cherché à répondre à la demande des ministères de l'Agriculture et de la Transition écologique, sachant que des particules virales ont été détectées dans les selles de certains patients. Sa réponse est plutôt rassurante.
Les traitements actuels sont suffisants
Dans un avis publié le 2 avril, l'agence sanitaire considère le risque de contamination par le SARS-CoV-2 comme « faible à négligeable » pour les boues ayant subi un traitement hygiénisant conforme à la réglementation. « D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il n'y a, à ce jour, aucune preuve de la survie du virus dans les eaux usées. Toutefois, des coronavirus représentatifs des propriétés du SARS-CoV-2 ont montré qu'ils pouvaient rester infectieux dans les eaux usées pendant plusieurs jours. Il n'est donc pas totalement exclu qu'en situation épidémique, le SARSCoV-2 soit présent dans les boues issues des STEU », explique l'Anses. Mais elle estime que les traitements d'hygiénisation actuels garantissent l'innocuité des boues au regard de leur efficacité (compostage, séchage thermique, digestion anaérobie thermophile et chaulage). En conséquence, elle recommande de ne pas épandre de boues d'épuration produites durant l'épisode épidémique sans hygiénisation préalable.
Aujourd'hui, la production des boues de STEU en France est de plus de 1 million de tonnes de matière sèche. Plus de 70 % de ces boues sont valorisés en agriculture, le reste est principalement incinéré. La majorité des boues épandues sont hygiénisées, conformément à la réglementation, à part « une certaine quantité de boue produite par des (petites) stations », explique l'Anses. Leur épandage est donc fortement déconseillé. Alors que les périodes d'épandage des boues vont débuter prochainement, l'Anses demande que les lots pour lesquels le caractère hygiénisant du traitement n'est pas démontré, soient hygiénisés à nouveau, ou soient considérés comme des boues n'ayant pas subi de traitement hygiénisant et soient donc incinérés.
Une surveillance renforcée s'impose toutefois
Pour les travailleurs qui interviennent dans les STEU et pour les utilisateurs au moment de l'épandage, l'Anses recommande de porter des équipements de protection individuelle (EPI) appropriés. Le port d'EPI doit être associé à des réflexes d'hygiène (par exemple : lavage des mains, douche en fin d'activité), et à un comportement rigoureux (respect des procédures d'habillage / déshabillage).