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Actu-Environnement

Le secteur aérien commencerait-il enfin à se préoccuper de ses émissions de CO2 ?

Encore relativement épargné des contraintes de régulation de ses émissions de gaz à effet de serre, le secteur aérien n'en demeure pas moins responsable de 2 à 4% des émissions mondiales de GES. Une responsabilité que le secteur semble enfin mesurer.

Transport  |    |  C. Seghier
   
Le secteur aérien commencerait-il enfin à se préoccuper de ses émissions de CO2 ?
   
L'aviation pèse aujourd'hui quelques 4,1 millions d'emplois et 228 milliards d'euros pour l'économie de l'UE. Alors que les voyages en avion permettent le développement du tourisme, activité qui peut avoir des effets positifs sur les économies des pays d'accueil dont il est parfois la principale ressource, ils ont cependant, un coût environnemental important. Le trafic affecte le réchauffement climatique en contribuant à l'augmentation de CO2 et autres gaz à effet de serre présents dans l'atmosphère. Pour exemple, les émissions moyennes d'un passager pour un aller-retour Paris New York s'élèvent à 1 tonne de CO2. Un vol aller-retour pour deux, d'Amsterdam à la station balnéaire thaïlandaise de Phuket produit nettement plus de dioxyde de carbone qu'une voiture neuve moyenne n'en produit en une année entière !

La part des transports aériens dans les émissions globales de gaz à effet de serre de l'UE avoisine actuellement les 2%, 3% ou 4%, selon les études. Néanmoins, ses émissions augmentent plus rapidement que celles de tous les autres secteurs. Celles qui sont dues aux vols internationaux ont augmenté de 73% entre 1990 à 2003 et devrait, d'après les projections de la Commission européenne, atteindre 150% d'ici à 2012 si aucune mesure n'est prise. Une telle croissance annulerait alors plus d'un quart de la réduction de 8% de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre que l'UE-15 est censée réaliser entre 1990 et 2012 en vertu de protocole de Kyoto.

Au niveau réglementaire, alors que les émissions de CO2 provenant des vols intérieurs sont soumises aux objectifs d'émissions prévues au titre du protocole de Kyoto, il n'en est pas de même pour les vols internationaux : leurs émissions ne sont couvertes ni par le Protocole de Kyoto ni par aucune autre réglementation internationale relative aux changements climatiques !
Dans ce contexte et depuis septembre 2005, la commission a décidé de s'attaquer à ce délicat sujet sur fond de pression des compagnies aériennes en proposant d'intégrer les exploitants d'aéronefs dans le système d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre de l'UE. Une position commune des ministres européens devrait être soutenue à l'occasion de la réunion de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) qui se tiendra au mois de septembre à Montréal.

Du côté des industriels de l'aéronautique et des compagnies aériennes, conscient de l'enjeu et sous le feu des pressions, on commence à enfin se préoccuper sérieusement des aspects environnementaux. La 63e assemblée générale annuelle de l'association internationale du transport aérien (IATA) qui a réuni plus de 600 industriels du secteur aérien mondial, les 4 et 5 juin dernier à Vancouver au Canada, a défini l'environnement comme ''principal défi''.
Dans la même dynamique, Louis Gallois, le président d'Airbus a lancé un appel le 14 juin dernier en direction de l'ensemble des dirigeants du monde aéronautique pour organiser une réunion dédiée aux questions environnementales. Il s'est également engagé à cette occasion à réduire de 30% la consommation d'énergie de la société et de 50% les émissions de gaz à effets de serre des avions neufs mis sur le marché d'ici 2020.
Air France a de son côté proposé à ses clients un service de compensation carbone de manière à participer à la lutte contre le réchauffement climatique.
La compagnie aérienne britannique EasyJet a dévoilé récemment une maquette d'avion « ecoJet », rejetant moitié moins de CO2 dans l'atmosphère que les appareils actuels.
Associée au motoriste General Electric et à Virgin Fuels, la société Boeing travaille quant à elle notamment au développement de biocarburants adaptés aux moteurs d'avions de ligne et aux besoins du transport aérien. Une des pistes de recherches est la création d'un carburant composé d'un mélange de kérosène et de biocarburant développé à partir d'algues, qui pourrait réduire de moitié les émissions de CO2.

Au niveau institutionnel, Jacques Barrot, le vice-président de la Commission européenne en charge des transports et Marion Blakey, l'administrateur de la Federal Aviation Administration des Etats-Unis (FAA) ont lancé, le 18 juin dernier, en présence de représentants de l'industrie aéronautique, une initiative transatlantique pour la réduction des émissions sous le nom d'AIRE (Atlantic Interoperability Initiative to Reduce Emissions). Celle-ci s'inscrit dans le cadre du protocole de coopération signé par la Commission européenne et la FAA pour la coordination des deux grands programmes de modernisation de l'infrastructure du contrôle aérien, SESAR (Single European Sky ATM Research) du côté européen et NEXTGEN (Next Generation air transport system) du côté américain. L'objectif : permettre d'accélérer la mise en œuvre de nouvelles technologies et procédures opérationnelles ayant un impact direct et à court-moyen terme sur les émissions de gaz à effet de serre.

Enfin, au salon aéronautique du Bourget, qui se tient tous les deux ans près de Paris et qui s'est ouvert hier, tous font assaut de vertus écologiques. Hier, l'UE a lancé un partenariat public-privé d'une valeur d'1,6 milliards d'euros* dans le domaine de la recherche afin d'aider le secteur du transport aérien à améliorer la technologie de leurs appareils tout en protégeant l'environnement. Lancée par le commissaire à la recherche Janez Potocnik cette initiative technologique conjointe, dénommée «Clean Sky» (ciel propre), a pour objectif de réduire les émissions de CO2 d'environ 40 %, les émissions de NOx de 60 % et le bruit de 50 %. Des études de la Commission européenne montrent que le secteur de l'aviation est responsable de 4 % des émissions de gaz à effet de serre. Je me félicite donc vivement de l'engagement du secteur privé en faveur de l'initiative Clean Sky, a indiqué Janez Potocnik. Cette initiative tirera le meilleur parti des ressources publiques et privées pour développer des avions plus propres et plus silencieux, avec des retombées positives dans de nombreux autres domaines scientifiques, notamment les matériaux, les simulations numériques et la gestion de l'énergie. Des avancées technologiques qui devraient concerner les trois principales catégories d'aéronefs (long courrier, transport régional, hélicoptères) et plus généralement les moteurs et les «systèmes», sont espérées pour 2015.
Clean Sky sera fondé sur six domaines techniques, les «démonstrateurs technologiques intégrés» (DTI) relatifs aux :
- aéronefs à voilure fixe intelligents**,
- avions de transport régional verts (ciblé sur les configurations légères et les technologies utilisant des structures intelligentes),
- giravions verts (ciblé sur l'installation de pales et de moteurs innovants en vue de la réduction du bruit, la diminution de la traînée de la cellule, les moteurs diesels et les systèmes électriques plus économes en carburant et les trajectoires de vol respectueuses de l'environnement),
- moteurs durables et verts, qui visera à rassembler des technologies pour des systèmes à basse pression légers et silencieux, une efficacité élevée, la réduction du NOx et des noyaux légers,
- systèmes pour des opérations respectueuses de l'environnement, qui sera ciblé sur des équipements et des architectures de systèmes aéronautiques totalement électriques, la gestion thermique, les possibilités de trajectoires et de missions «vertes» et l'amélioration des opérations au sol
- à l'écoconception, qui portera sur l'ensemble du cycle de vie des matériaux et des composants, en se concentrant sur des questions comme l'utilisation optimale des matières premières, la réduction de l'utilisation de matières non renouvelables, les ressources naturelles, l'énergie, l'émission d'effluents nocifs et le recyclage.


*Le financement de l'UE portera sur 800 millions d'euros au titre du 7e programme-cadre pour la recherche, le secteur privé contribuant au projet pour le même montant.

** le DTI relatif aux aéronefs à voilure fixe intelligents, ciblé sur les technologies d'ailes actives détectant l'écoulement de l'air et adaptant leur forme en conséquence, ainsi que sur les nouvelles configurations d'aéronefs susceptibles d'intégrer au mieux ces nouveaux types d'ailes.

Réactions2 réactions à cet article

En voilà une bonne nouvelle!

Et bien il était temps! Mais c'est encourageant et ça fait plaisir!

stéphanie | 28 juin 2007 à 11h40 Signaler un contenu inapproprié
Limitations des vols

Il faudrait diminuer le nombre d'avions et ne pas construire ou élargir sans arrêt des aéroports. On peut aussi voyager autrement, sans polluer la planète et ne pas céder aux offres à bas coût. La responsabilité est d'abord individuelle, ne pas céder aux publicités innombrables et se plaindre ensuite. Les gens de pouvoir bien sûr peuvent jouer un rôle important mais peu empruntent ce chemin.

Anonyme | 07 juillet 2007 à 19h13 Signaler un contenu inapproprié

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