Il est possible d'incorporer 5 % de plastique compostable dans un procédé de compostage industriel, indique Citeo. Il faut toutefois prévoir un broyage en amont du procédé et allonger la durée de maturation du compost. Il faut aussi porter un grand soin à la collecte des plastiques compostables pour éviter les pollutions. Telles sont les conclusions d'une expérimentation menée par l'éco-organisme en charge de la filière de responsabilité élargie des producteurs pour les emballages ménagers et par Les Alchimistes, une entreprise qui collecte et composte des déchets organiques chez de gros producteurs de biodéchets.
Ces résultats complètent ceux présentés en décembre 2018 par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) au sujet des sacs compostables à domicile. L'Agence a étudié le compostage de sacs associant une résine à base d'amidon et des polymères compostables d'origine fossile. Le résultat est similaire à celui de Citeo : il est possible de les composter en condition domestique, à condition de respecter scrupuleusement les meilleures pratiques. Conscient que ce n'est pas toujours le cas, l'Agence devrait probablement recommander d'orienter ces films plastique vers du compostage industriel.
Un projet de R&D, plutôt qu'un essai en conditions réelles
Citeo veut disposer « de faits et d'analyses robustes » sur le compostage de l'acide polylactique (PLA), un plastique produit à partir de maïs ou de canne à sucre et compostable industriellement. L'éco-organisme a donc lancé un essai avec le procédé électromécanique développé par Les Alchimistes. Pour éviter le risque de pollution du compost, le test portait sur des bouteilles en PLA de 25 g, sans étiquette, encre, colle, ni bouchon. En outre les bouteilles n'ont pas été collectées auprès des consommateurs afin d'éviter les erreurs de tri. « Ces deux paramètres signifient que les conditions de cette étude ne sont pas identiques à la réalité des emballages mis en marché et collectés », prévient Citeo, qui rappelle qu'il s'agit « bien [d']un projet de R&D dont les conclusions ne peuvent pas être appliquées telles quelles ». De nouvelles études devront donc être réalisées avant d'envisager une collecte des bouteilles en PLA avec les biodéchets des ménages.
L'expérimentation montre que « la désintégration des bouteilles est en grande partie assurée à l'issue des huit semaines de compostage. » Le compost produit est conforme à la norme NFU 44-052 et il présente « globalement » les mêmes caractéristiques agronomiques que le compost témoin. Si l'ajout de bouteilles en PLA ne dégrade pas ou n'améliore pas les propriétés agronomiques du compost, « il a été observé dans le compost avec PLA un taux de "cailloux calcaire" quatre fois plus important ». Ce critère n'est toutefois pas pris en compte par la norme officielle.
Un modèle à inventer
Au-delà de ces considérations techniques, Citeo pointe une autre difficulté : « pour pouvoir être compostés, les emballages en PLA doivent être collectés avec les déchets "de cuisine" (biodéchets) auprès des ménages ». Las, « en France, cette filière de collecte et de compostage industriel n'existe pas », puisque seulement 5 % de la population est couverte. Une solution pourrait être de rendre le PLA compostable dans les conditions de température et d'humidité du compostage domestique. C'est l'objet des travaux menés par Carbiolice. Une autre option étudiée est… le recyclage du PLA. Citeo accompagne un projet R&D porté par Danone.
L'étude de Citeo intervient alors que la production de PLA est limitée à « moins de 1 000 tonnes », soit environ 0,1 % du marché. Mais ses promoteurs sont actifs. Ils se sont notamment fait entendre des sénateurs qui ont ajouté au projet de loi économie circulaire deux mesures en faveur du plastique compostable. Le Sénat propose d'accorder un bonus sur l'éco-contribution des bouteilles en PLA. Jusqu'à fin 2018, ces bouteilles étaient, à l'inverse, pénalisées par un malus de 100 % par rapport à leur équivalent en plastique standard. La Chambre haute propose aussi de soutenir le développement de filières de compostage des biodéchets en leur affectant les contributions financières versées par les producteurs de plastiques biosourcés et compostables.