Le cabinet de conseil Alcimed a analysé les différents acteurs du marché naissant des "smart energy boxes" en France, alimenté par les nouvelles règlementations (RT 2012 …) pour limiter la consommation énergétique.
Il s'agit de nouveaux services concurrents et/ou complémentaires aux compteurs communicants électriques Linky et de gaz Gazpar, autour des économies d'énergie des clients. Ces boîtiers, principalement dédiés à la gestion active de l'énergie, permettent un affichage des consommations en temps réel, le pilotage du chauffage et la gestion des appareils électriques à distance, via une interface web et des applications pour tablettes et smartphones. Reliés au routeur internet, les boîtiers mettent en réseau les équipements électroménagers via des prises intelligentes (pour contrôler la consommation électrique d'appareils isolés) et des capteurs radio reliés aux compteurs.
Différents acteurs sur ce marché…
Alcimed a répertorié une dizaine d'offres de box énergie depuis 2012. Elles sont fournies par les énergéticiens, comme EDF et sa filiale Edélia avec sa "Energie Box", GDF-Suez (DolceVita) avec la "ZenBox", Electrabel (filiale belge de GDF-Suez) avec la "Smart Energy Box" mais aussi Butagaz avec la "Butabox". La box "BluePod" de la PME Voltalis propose de son côté un service d'effacement diffus de consommation. Direct Energie vient également de lancer ses offres ''Tribu" et "Online" d'auto-relève via des applis mobiles. Ce marché attire également les fournisseurs d'accès à internet concurrents. A l'instar de Bouygues Telecom et Ijenko, dont la box permet le suivi et le contrôle énergétique de l'habitation et inclut un service de coaching des consommateurs.
D'autres box proposent, en plus de la gestion de l'énergie, des fonctionnalités dédiées à la domotique et au confort de l'habitat. Ils permettent le pilotage, à domicile ou à distance, de l'éclairage et du chauffage grâce à des détecteurs de mouvement, et contrôlent plusieurs équipements (volets roulants, interrupteurs, services de télévision,..). Ces box sont fournies par des acteurs de la domotique et des équipementiers électriques comme Legrand et DeltaDore avec la "Dombox" mais aussi Schneider Electric qui vient de lancer "Wiser". Auxquels s'ajoute le groupe de grande distribution Castorama avec sa "Blyssbox" conçue par M2M solutions. Le spécialiste de la télésurveillance EPS s'est aussi positionné sur ce marché : il a conclu un partenariat avec GDF Suez pour assurer le service de sécurité (détection d'intrusion, alarme…) et l'installation de la "ZenBox".
… mais peu d'utilisateurs
Si l'offre de ces box augmente, la demande, elle, ne suit pas vraiment… Ce marché "peine à décoller". En 2013, le nombre d'utilisateurs ne dépassait pas "les quelques milliers" en France, indique Jean-Philippe Tridant Bel, directeur de l'activité Energie-Environnement chez Alcimed.
Aujourd'hui, les smart energy boxes "sont clairement appropriées" pour les chauffages à convecteur électrique mais les consommateurs "peinent à anticiper les réelles économies sur leur facture". Cela constitue "le principal frein" au développement de ce marché, explique Romain Petit, responsable de mission Equipe Energie Environnement.
Les clients ne sont pas encore prêts à payer un service supplémentaire sans résultats "tangibles" sur la facture électrique. Alcimed pointe en effet un retour sur investissement d'une box domotique "de près de 10 ans" pour les 70% de foyers français qui ne se chauffent pas à l'électricité, selon l'Ademe. Après un investissement de 200 à 300€ en moyenne pour des box à vocation domotique et" potentiellement" un abonnement à payer, le coût s'avère lourd pour les foyers les plus modestes "et les avantages sans doute faibles pour les foyers où le poste électricité pèse peu".
De même, pour les box à vocation énergétique, avec un tarif d'abonnement coûtant a minima 50€ par an,la box coûterait "son équivalent économisé" d'énergie, chiffre Romain Petit. Pour les foyers sans chauffage électrique, Alcimed table en effet sur des perspectives d'économie d'énergie d'environ 10%, soit une réduction de 38 à 50 euros par an sur une facture moyenne évaluée à 380 euros.
Convecteurs électriques : une solution à la hausse du prix de l'énergie
En revanche, pour les 30% de foyers français équipés en convecteurs électriques, le retour sur investissement serait ramené à "deux ou trois ans" pour une box à vocation domotique voire "immédiat" pour les box énergétiques, ajoute M. Petit. L'économie serait de plus de 100 euros par an sur une facture supérieure à 1.000 euros.
Le consommateur "n'est pas sûr de la pérennité" de l'offre de ces box. Le calcul de la consommation d'énergie selon la typologie des pièces ou des usages "n'est pas simple" pour les utilisateurs qui ont du mal à s'y retrouver, indique Jean-Philippe Tridant Bel.
L'utilisation des box énergie présentent pourtant "un réel intérêt", dans la perspective d'une augmentation des tarifs de l'électricité de 30% d'ici 2018 et d'une hausse de 500 euros de la facture des foyers à chauffage électrique entre 2014 et 2020, précise Romain Petit en soulignant l'importance du signal-prix de l'énergie. "Pour créer un engouement sur ce marché", les acteurs du secteur gagneraient à améliorer "la lisibilité" du gain économique des utilisateurs, développer des services "plus personnalisés et intelligents" pour optimiser leur consommation (tarification selon l'heure de la journée,…), recommande Alcimed.
Si le gouvernement mise sur les solutions d'efficacité énergétique passive, via son plan de rénovation thermique du bâti, un signal politique fort pourrait également favoriser le déploiement de ces box. Il ne s'agirait pas seulement de subventionner mais de "légiférer pour imposer l'utilisation des box intelligentes dans un contexte de transition énergétique", a indiqué Jean-Philippe Tridant Bel. "A l'horizon de 5 à 12 ans, on pourrait imposer ces solutions en constructions neuves", a-t-il ajouté, et ce, dans le cadre de la future Réglementation thermique 2020 et des bâtiments à énergie positive (Bepos).