
Dans ce contexte, les principaux acteurs français du transport aérien ont signé le 28 janvier 2008 une charte volontaire avec le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du Territoire visant à réduire les nuisances des appareils et les émissions polluantes du secteur. Parmi les signataires de la convention : la Fédération Nationale de l'aviation marchande (FNAM), l'Union des aéroports français (UAF), le groupement des Industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), Aéroports de Paris (ADP) mais aussi le Syndicat des compagnies aériennes autonomes (SCARA) et Air France-KLM.
Dans le but d'atteindre les normes fixées par l'UE, cette convention d'une durée de 4 ans, fixait trois objectifs non contraignants : la réduction de 50 % d'ici à 2020 de la pollution des nouveaux avions (CO2, NOx), l'amélioration de la performance environnementale des aéroports et des entreprises du secteur aérien, la réduction de 50 % du bruit perçu par les riverains survolés en région parisienne et l'amélioration de l'aide à l'insonorisation.
Un an après la signature de cette convention, la FNAM, l'UAF et le secrétariat d'Etat aux Transports ont présenté ce 28 janvier un premier bilan des engagements pris par le secteur. Un an après, la plupart des objectifs fixés pour 2008 ont été atteints ou sont en passe de l'être et ce dans un contexte difficile en période de crise, a déclaré Michel Wackenheim, le directeur de cabinet de Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports, lors d'une conférence de presse. Le secteur aérien français a en effet connu une baisse de 6% du trafic au cours du second semestre 2008 et une diminution de 8% en décembre dernier et en janvier 2009, a précisé M. Wackenheim.
Malgré la crise, les compagnies aériennes et les aéroports français se sont engagés à poursuivre leurs efforts en faveur de l'environnement d'ici 3 ans. La FNAM et l'UAF ont ainsi annoncé la création du baromètre, ''Observatair'' qui, au moyen de 12 indicateurs, mesure annuellement la réduction de la pollution émise par les acteurs de l'aérien (nuisances sonores, émissions de CO2, gestion des déchets, etc.) et fait état des moyens mis en place par les entreprises : la production d'EnR, l'efficacité énergétique des bâtiments ou encore l'utilisation de véhicules propres.
Agir au niveau des compagnies
La FNAM s'est engagée à publier chaque année au mois de juin sur son site www.observatair.fr, un état des lieux des avancées réalisées par les 34 entreprises de l'aviation marchande signataires de la Charte d'amélioration de la performance environnementale. Rappelons que les compagnies aériennes ont promis des efforts pour renouveler leur flotte d'avions, améliorer le pilotage pour qu'il soit plus économique en carburant. Les signataires se sont également engagés à informer les passagers sur l'impact environnemental de leur voyage grâce à des calculateurs de CO2 et des informations sur la compensation. Ainsi, d'après le baromètre, 50% des entreprises du secteur avaient-elles un calculateur de CO2 en 2007 et la totalité d'entre elles est attendue d'ici à 2012. Le nombre d'entreprises ayant réalisé un bilan carbone devra quant à lui passer de 12% en 2007 à 80% en 2012. Le secteur aérien a également pour objectif de consommer par voyageur moins de 4 litres de carburant au 100 km en 2012 (contre 4,02 litres en 2007).
Réduire l'impact des aéroports
En parallèle, l'UAF, qui participe à ''Observatair'', a édité un guide des bonnes pratiques environnementales en aéroport : réduction des émissions de CO2 des flottes automobiles par le recours à des véhicules propres, mise en place d'un plan de déplacement entreprises (PDE), élaboration d'un bilan carbone, mesure de la qualité de l'air avec l'aide d'un organisme indépendant, ….
Le nouveau terminal en construction dans l'aéroport de Toulouse et ses parkings vont ainsi disposer d'une station d'épuration tandis que le futur quartier d'affaires Coeur d'Orly et les terminaux T2G et S4 de Roissy seront construits selon les normes HQE. Aéroports de Paris s'engage en outre à réduire les consommations énergétiques internes de l'entreprise de 20% par passager d'ici 2020 par rapport à 2004, de 40% avant 2040. Afin de réduire de 30% les émissions de CO2 de sa flotte automobile d'ici 2012, ADP entend également remplacer ces flottes par des véhicules propres (hybrides, électriques) à partir de 2010 car il n'y a pour l'instant aucune offre de véhicule qui permette d'y arriver, a déploré Didier Hamon, directeur développement durable et environnement d'ADP.
Si l'aéroport de Nice et de Toulouse projettent d'installer des panneaux solaires photovoltaïques, le groupe Aéroports de Paris a engagé dix millions d'euros pour équiper l'aéroport d'Orly en géothermie. Les travaux devraient débuter en 2009 pour une mise en service en 2011. Mais l'objectif d'atteindre les 23% d'énergies renouvelables d'ici 2025 sera difficile à tenir, a prévenu Didier Hamon. Si la crise continue, cela peut modérer nos capacités d'investissements pour innover, a-t-il ajouté.
Nuisances sonores : mieux compenser la gêne
Par ailleurs, afin de réduire de moitié le bruit perçu par les populations survolées en région parisienne, la taxe sur les nuisances sonores aéroportuaires (TNSA), qui finance les travaux d'insonorisation des logements, à hauteur de 80%, a été augmentée. La taxe a ainsi été fortement relevée à Orly et Nantes où existaient des listes d'attente importantes pour bénéficier des aides à l'insonorisation prévues dans le cadre des Plans de Gêne sonore. La TNSA a également fait l'objet d'une modulation en soirée pour mieux représenter la gêne subie. Nous essayons de limiter les vols de nuit malgré l'impact sur l'économie, a souligné le président de l'UAF Claude Terrazzoni. Nous essayons de faire le maximum sans perdre de vue qu'il s'agit de trouver un compromis entre l'économie et l'environnement, a-t-il ajouté.
Sur les 33 objectifs assignés par la convention, trente sont en bonne voie, s'est félicité Lionel Guérin, président de la FNAM. Des progrès restent à faire concernant la modulation des redevances acoustiques des avions, la circulation des véhicules dans les aéroports et le relèvement en altitude des trajectoires des avions.
Soutien public à la recherche aéronautique
Afin d'améliorer les performances environnementales des appareils et diminuer leur consommation de carburant, l'Etat a annoncé une augmentation de son soutien à la recherche aéronautique. L'aide de l'Etat devrait atteindre 120 millions d'euros en 2009, 2010 et 2011, contre 50 millions en 2007, a fait savoir M. Wackenheim. Air France-KLM a par ailleurs rappelé son engagement, pris en septembre 2008, de promouvoir les biocarburants de seconde génération dérivés du jatropha, une plante des régions semi-arides ou d'algues, à l'instar d'Air New Zealand ou de Continental Airlines qui ont récemment réalisé des vols tests alimentés par ces agrocarburants.
Rappelons que le secteur aérien doit intégrer en 2012 le système d'échange de quotas de CO2 mis en place par l'Union européenne. Durant la première année, les compagnies se verront attribuer un quota d'émissions équivalent à 97% de ce qu'elles ont émis en moyenne entre 2004 et 2006. Cette quantité diminuera chaque année et sera de 95% en 2013.