La pollution de l'air joue aussi un rôle dans le développement des cancers du sein, le plus fréquent chez les femmes. Selon l'étude Xenair, menée par le Centre lyonnais de lutte contre le cancer Léon-Bérard, entre 2017 et 2022, et présentée le lundi 3 octobre, les risques augmentent en cas d'exposition à faibles doses, mais chroniques, à cinq polluants : le dioxyde d'azote, les particules PM10 et PM2,5, tous les trois rejetés en grande quantité par les véhicules les plus polluants notamment, ainsi que le benzo[a]pyrène et le polychlorobiphényle.
Une exposition en augmentation de 10 µg/m3 est ainsi associée à une croissance d'environ 9 % du risque de cancer du sein pour le dioxyde d'azote, de 8 % pour les particules PM10 et de 13 % pour les PM2,5. Pour le benzo[a]pyrène, rejeté en particulier par la combustion des matériaux fossiles, d'huiles et de gaz d'échappement, un supplément de 1,42 ng/m3 entraînerait un risque supérieur de 15 %. Pour le polychlorobiphényle, particulièrement persistant, 55 pg/m3 de plus génèreraient un accroissement des risques de 19 %.
Cette étude est la première analysant l'effet individuel de ces polluants sur le risque de cancer du sein, via une estimation des expositions des sujets à une échelle géographique fine et pendant vingt-deux ans. Pour ses auteurs, l'amélioration de la qualité de l'air serait un levier important de la prévention. En respectant les seuils de référence européens de 40 µg/m3 pour le dioxyde d'azote, par exemple, 1 % de ces cancers aurait déjà pu être évité. Mais avec des niveaux d'exposition conformes aux recommandations de l'OMS de 2021 (10 µg/m3), ce sont près de 9 % de ces pathologies qui auraient pu être empêchés.
La Cour de justice européenne a déjà condamné la France pour ses manquements à la directive relative à la qualité de l'air ambiant. En août 2021, c'est le conseil d'État français, lui-même, qui avait infligé une amende de 10 millions d'euros à l'État pour n'avoir pas pris des mesures suffisantes contre la pollution de l'air.