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Actu-Environnement

Cash Investigation : Ségolène Royal demande le retrait du charbon d'Engie

A l'occasion de l'émission Cash Investigation diffusée le 24 mai sur France 2, la ministre de l'Environnement a confirmé que le groupe Engie allait se désengager de ses centrales à charbon.

Gouvernance  |    |  A. Sinaï

Diffusée sur France 2 le 24 mai 2016, l'émission Cash Investigation (1) se penche sur le "bluff" climatique des groupes Engie, Lafarge et Total. Sponsor de la COP 21, Engie se positionne depuis 2015 comme héraut de la transition énergétique. Sa nouvelle directrice générale, Isabelle Kocher, auditionnée au Sénat le 25 mai, l'a réaffirmé : la part du charbon représente 10 à 15% dans le mix de l'entreprise et devrait décroître. Comment ? Par la cession pure et simple de ses installations.

Exemple, la centrale de Hazelwood, située dans la province de Victoria en Australie, se place en peloton de tête des centrales les plus polluantes au monde. En 2014, la mine attenante, gérée par Engie, s'est enflammée pendant près d'un mois, exposant les 12.000 habitants de la ville de Morwell à des taux élevés de pollution. Cet accident a terni l'image verte dont Engie entendait se repeindre en vue de la COP 21.

Mais il n'a pas immédiatement conduit l'énergéticien à envisager la transition énergétique promise, soulignent les enquêteurs de Cash Investigation. La centrale est encore en fonctionnement. "Le fait de la vendre reviendra au même, elle continuera de polluer", s'insurge Malika Peyraut des Amis de la Terre, qui estime qu'Engie devrait engager non seulement la fermeture de ses centrales thermiques, mais aussi leur reconversion, la végétalisation des sites miniers et l'accompagnement de plans de transition locaux.

Introuvable prix du carbone

Le Gouvernement lui-même n'est pas exempt de contradictions dès lors qu'il s'agit de fixer un prix au carbone, décision reportée depuis une décennie. A la conférence environnementale des 24 et 25 avril derniers, François Hollande a annoncé la taxation de la tonne de carbone à 30 euros, mais à regarder dans le détail, les producteurs de gaz n'y sont pas soumis, souligne Maxime Combes dans une analyse parue dans Médiapart (2) .

Dès lors, Total, qui entend développer le gaz, a beau jeu de réclamer un prix du carbone lors du Business and Climate Summit où le Président de la République lui-même est venu apporter sa caution, et à l'occasion de side-events spectaculaires pendant la COP 21. En réalité, les entreprises préfèrent s'appliquer des mesures volontaires. Le groupe Total lui-même se targue d'appliquer un scénario interne à 30-40 dollars la tonne de CO2 afin de simuler d'hypothétiques investissements dans les technologies décarbonées.

Les grandes entreprises de la sidérurgie, du ciment et de l'énergie n'ont-elles pas su obtenir des surallocations de quotas auprès de la Commission européenne en arguant du risque de perte de compétitivité à l'international ? Au final, comme le rappellent les enquêteurs de Cash Investigation, le prix de la tonne s'est effondré à 6 euros, et certaines entreprises comme Lafarge licencient d'un côté et, de l'autre, encaissent les bénéfices de la revente de leurs quotas sur le marché carbone.

Total affiche une nouvelle stratégie à 2°C

Tout en prenant part à l'exploitation des schistes bitumineux de l'Alberta, au Canada, dont l'extraction et la combustion sont hautement polluantes et dont l'acheminement vers les terminaux pétroliers nécessite des infrastructures gigantesques, Total a annoncé lors de l'Assemblée générale de ses actionnaires, le 24 mai, mettre en œuvre une stratégie pour intégrer l'objectif climatique des 2°C.

Le groupe s'est effectivement retiré des forages arctiques, pas seulement pour des raisons environnementales, mais par opportunité économique : le prix du baril ayant dévissé en 2015, de tels gisements ne sont plus rentables, note l'enquête de Cash Investigation. Les Amis de la Terre relèvent la contradiction de fond, qui consiste à développer le gaz, certes moins émissif, au moment où la COP 21 engage la communauté internationale à une décarbonation totale dans les meilleurs délais et où certaines études scientifiques calculent que, d'ici à 2050, 80% des fossiles devraient rester sous terre, sous peine de graves désordres climatiques.

Il n'empêche que Total a fait appel auprès du tribunal administratif de Cergy-Pontoise et obtenu en janvier dernier le permis de prospecter dans la région Montélimar afin d'en extraire gaz et pétrole de schiste. Si son rachat de Saft manifeste l'intérêt du groupe pour les énergies renouvelables, celles-ci restent limitées à quelques pourcents du mix énergétique de l'entreprise. Total entend développer les agrocarburants, y compris l'huile de palme, qui sera raffinée dans une "bioraffinerie de taille mondiale", à La Mède (13), s'est félicité son PDG, Patrick Pouyanné, devant ses actionnaires le 24 mai.

Interrogée par Elise Lucet à l'issue de l'enquête de Cash Investigation, la ministre de l'Environnement Ségolène Royal a admis la nécessité de fermer l'ensemble du parc charbon de l'énergéticien français Engie et de fixer un prix au carbone.

1. En savoir plus
http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/cash-investigation/
2. Lire l'article dans Médiapart
https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog/230516/que-cache-la-proposition-dun-prix-plancher-pour-le-co2-0

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