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L'entreprise Caudalie choisit la géothermie : « un trésor se cache sous nos pieds »

Le nouveau site logistique de l'entreprise de cosmétiques Caudalie a recours à la géothermie pour couvrir les besoins de chauffage et de rafraîchissement. Et devrait prochainement être équipé de panneaux photovoltaïques.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  S. Fabrégat
L'entreprise Caudalie choisit la géothermie : « un trésor se cache sous nos pieds »

Dans le Centre-Val-de-Loire, le potentiel géothermique est très important. « Il s'agit de géothermie de surface assistée de pompes à chaleur, soit dans les nappes superficielles, soit sur champ de sondes verticales », explique David Magnier, coordinateur territorial de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

Mais ce potentiel est insuffisamment utilisé aujourd'hui. Pourtant, il se prête parfaitement aux usages de basse température, dans le neuf et en rénovation, pour les logements, le tertiaire, la santé ou la logistique. « Nous sommes dans une zone où d'importants pôles logistiques se créent, notamment le long des autoroutes. La géothermie est adaptée à leurs besoins de maintien en température, souvent hors gel, mais aussi de rafraîchissement. C'est dommageable de voir de tels projets sortir de terre aujourd'hui sans profiter de la ressource qui est sous nos pieds », regrette l'expert de l'Ademe.

C'est pourquoi le nouvel entrepôt logistique de l'entreprise Caudalie, construit à Gidy (Loiret), est souvent pris en exemple. La société spécialisée dans les cosmétiques a emménagé fin 2018 dans ses nouveaux locaux, qui regroupent une plateforme logistique, des bureaux et des laboratoires. Avec un objectif : zéro émission carbone.

La géothermie s'est rapidement imposée comme l'une des solutions pour y parvenir. « Notre précédent site fonctionnait avec une installation à gaz pour le chauffage. Mais lors de son extension, nous avons testé la géothermie sur nappe. Nous avons un trésor caché sous nos pieds, l'eau. C'est une technologie qui ne consomme pas d'hydrocarbures. C'était donc, en théorie, la meilleure solution pour notre nouveau site », raconte Hervé Sachot, le directeur du site.

Une solution pas facile à imposer

En pratique, il a fallu convaincre. « Il y a eu des objections du côté des bureaux d'études, des architectes... », raconte Hervé Sachot. « D'une manière générale, il y a un manque de compétences sur les énergies renouvelables, et notamment thermiques. Trop souvent, les solutions conventionnelles sont encore proposées », confirme David Magnier. L'Ademe accompagne d'ailleurs plusieurs bureaux d'études pour organiser une montée en compétences sur ces sujets-là.

« Nous avons persisté parce que nous avions déjà l'expérience de la géothermie sur notre précédent site et que nous avions prouvé le fonctionnement de ce type d'installation », poursuit Hervé Sachot. Le nouveau site a des besoins de chauffage, mais aussi de rafraîchissement, la géothermie s'y prête plutôt bien.

Reste une contrainte, et de taille : le coût d'investissement. Selon l'étude de faisabilité, le surcoût par rapport à une installation gaz est estimé à près de 200 000 €. C'est là qu'interviennent les aides du Fonds chaleur et de fonds européens. « Avec des énergies fossiles à un coût artificiellement bas et le gel de la taxe carbone, la filière a encore besoin de soutiens pour se développer », explique David Magnier. De plus, l'Ademe intervient le plus en amont possible des projets pour accompagner les choix techniques et éviter les contre-références, qui peuvent ternir durablement l'image de la filière.

Éviter un surdimensionnement

« Nous avons également réussi à baisser les coûts d'investissements en maîtrisant les coûts de forage, en travaillant sur l'enveloppe du bâtiment pour limiter les déperditions thermiques et en évitant le surdimensionnement de l'installation », explique Hervé Sachot. Il est fréquent, en effet, que les installations thermiques soient surdimensionnées. « Une étude thermique a été réalisée par un bureau d'études spécialisé. Et finalement, la taille de l'installation a été réduite de 20 à 30 % par rapport aux estimations initiales », explique le directeur du site, avant d'ajouter : « L'expérience montre que l'on a d'excellents résultats sur le froid et de très bons résultats sur le chauffage ».

“ D'une manière générale, il y a un manque de compétences sur les énergies renouvelables, et notamment thermiques.  ” David Magnier, coordinateur territorial de l'Ademe
À l'exploitation, la solution géothermique est rentable : 17 000 € de facture annuelle de chauffage pour le site de Gidy, contre 30 000 € pour une solution gaz, selon l'étude de faisabilité. « Ces résultats se confirment dans la réalité. On a même passé la canicule de cet été en utilisant seulement le natural cooling », c'est-à-dire en utilisant la température naturelle pour le refroidissement, sans avoir recours à la pompe à chaleur. Ce système est dit « passif ». « Peut-être que l'on aurait pu totalement se passer du mode froid actif, mais il faudra encore quelques années de recul pour en juger ».

Deux pompes à chaleur desservent un mini réseau de chaleur, qui relie les différents bâtiments. À terme, il pourra être connecté à de futures extensions avec ou sans l'ajout de nouvelles pompes : « Nous avons une marge de 1 000 m2 supplémentaires », estime Hervé Sachot.

Bientôt du photovoltaïque en autoconsommation ?

L'entreprise envisage également d'équiper le site de panneaux photovoltaïques. Un dossier a été déposé lors du dernier appel d'offres CRE (Commission de régulation de l'énergie). « Au départ, le projet était de produire autant d'électricité que l'on en consommait, le ratio toiture le permet. Mais la rentabilité ne serait pas au rendez-vous », explique Hervé Sachot. Il faut en effet avoir un taux d'autoconsommation d'au moins 50 % pour bénéficier des aides. Pour augmenter, ce taux d'autoconsommation, 40 points de recharge pour véhicules électriques ont été installés sur le parking. Elles se déclencheront lorsque la production photovoltaïque sera maximale. La flotte Caudalie compte déjà 25 % de véhicules électriques, et quelques salariés en possèdent également. Ce qui devrait porter le taux d'autoconsommation à 77 %, pour 480 kWc installés.

Réactions2 réactions à cet article

La géothermie mérite clairement un développement pour économiser les énergies fossiles, mais les investissements pour le photovoltaïque et les batteries électriques qui nécessitent des "terres rares" sont très très polluantes, de plus leur fabrication se fait hors de France !
De grâce, encourageons les techniques non polluantes et stoppons l'extraction des métaux rares des carrières dévastatrices partout dans le monde !

Andy37 | 13 février 2020 à 09h37 Signaler un contenu inapproprié

Ce type de géothermie qui permet de chauffer l'hiver et de rafraîchir l'été a énormément d'intérêt! la température du sous-sol entre 10 et 250 m est très stable et les rendements permis par une pompe à chaleur sont excellents puisqu'il y a peu d'écart avec la température des échangeurs placés dans le local à chauffer ou à climatiser.
Ça se développe très bien en Suède ou en Suisse : pourquoi pas chez nous? Qu'il s'agisse de tertiaire ou de résidentiel, nous avons effectivement un gisement considérable. Bien sûr chez nous "climatisation" ou "pompe à chaleur" sont des mots ostracisés (sauf pour le chauffe eau thermodynamique), bien sûr les capteurs intégrés aux fondations ne sont pas entrés dans les mœurs (est-ce une retombée négative de la garantie décennale ?)
Ne peut-on faire rapidement un vrai "retour d'expérience" de ce qui se passe en Suisse ?

candide | 13 février 2020 à 10h24 Signaler un contenu inapproprié

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