Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Restauration du verger de Cossure : premier projet alliant ingénierie et compensation écologique

Lancés en 2009, les travaux de réhabilitation de l'ancien verger de Cossure se poursuivent sous la houlette des chercheurs de l'IMBE du CNRS. Ce verger constitue la première réserve d'actifs naturels en France, gérée par la CDC Biodiversité.

La CDC Biodiversité, filiale de la Caisse des Dépôts et Consignation, s'est associée en septembre 2008 au projet de réhabilitation écologique et pastorale d'un ancien verger de 357 hectares (ha), situé sur le Domaine de Cossure, à Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône). Ce verger, se trouve en limite de la Réserve naturelle des Coussouls de Crau, polluée sur 5 ha par une fuite d'oléoduc géré par la Société du pipeline sud-européen (SPSE) en août 2009.

Le verger de Cossure est situé précisément à 1 kilomètre au sud de l'accident pétrolier qui avait libéré 4,5 millions de litres de pétrole dans la Plaine de Crau, dernière steppe d'Europe occidentale. Trois ans après, alors que le pompage des gouttelettes de pétrole présentes dans la nappe phréatique se poursuit, le verger bénéfice d'une restauration spécifique réalisée notamment par l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie (IMBE) du CNRS, chargé également du suivi scientifique des espèces.

L'ancien pêcher avait été laissé à l'abandon en 2005 suite à la faillite du propriétaire. L'arrêt de l'irrigation a entraîné le dépérissement des arbres. Les 357 hectares du verger ont été rachetés par la CDC Biodiversité en partenariat avec la Chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône. L'objectif premier est de les réhabiliter avec les chercheurs de l'IMBE dans le cadre de cette opération pilote faisant appel à des techniques d'ingénierie écologique. Second objectif de la CDC Biodiversité : revendre ensuite cet actif naturel sous forme de parcelles à des aménageurs locaux n'ayant pas pu éviter une destruction de biodiversité dans le cadre de leurs activités et ayant obligation de compensation écologique.

Restauration écologique et pastorale

Réalisés avec le Conservatoire des Espaces Naturels (CEN) PACA, les travaux de restauration du verger ont démarré en février 2009. Ils visent ainsi à reconstituer les ensembles végétaux permettant la présence d'espèces animales emblématiques du territoire comme l'outarde canepetière, le ganga cata, l'oedicnème criard ou encore le lézard ocellé.

" Nous avons commencé par arracher les tuyaux ainsi que les arbres fruitiers et les peupliers des haies qui, plantés pour délimiter les vergers, étaient gênants pour la faune", explique le professeur Thierry Dutoit, chercheur à l'IMBE. "Après avoir aplani le terrain, nous avons semé des espèces typiques de l'écosystème de référence. Sur une parcelle de 3 hectares, nous avons même procédé à un transfert de sol" afin de favoriser la reprise de la végétation. Une couche supérieure de sol de Crau, récupérée dans une carrière voisine du site a ainsi été injectée. L'ensemble du terrain de l'ancien verger a été nivelé. Des semis de graines aspirées dans la steppe figurent parmi les techniques expérimentées aux côtés du pâturage. Depuis 2010 pour aider à la recolonisation naturelle du nouveau sol, deux bergers font en effet paître leurs troupeaux. 1.600 moutons Merinos d'Arles sont ainsi chargés des finitions du site en régulant la pousse des végétaux. Aux côtés des moutons, l'implantation de graminées pérennes favorise également l'installation de fourmis moissonneuses qui véhiculent des graines en provenance de la steppe, ajoute le chercheur.

Bilan, trois ans après le lancement de la restauration, "nous sommes très satisfaits, car les espèces s'épanouissent, et cela est encore plus impressionnant sur la parcelle greffée. En un an, on ne voyait presque plus la différence entre la steppe d'origine et le site réhabilité au niveau de la richesse en espèces", s'est félicité Thierry Dutoit. Pour la restauration de la végétation steppique, "les arbres du verger et des haies brise-vent ont été arrachés et valorisés en bois énergie. Le réseau d'irrigation au goutte-à-goutte a été enlevé, et les matériaux recyclés", a précisé de son côté  la filiale de la Caisse des Dépôts.

Soutenu par le ministère chargé de l'Ecologie, ce projet, sur 30 ans, doit permettre de réhabiliter, autant que faire ce peu, le paysage originel de la steppe."Cet écosystème, restauré, sera géré, par pâturage ovin, pendant 30 ans et maintenu au-delà des 30 ans dans sa vocation naturelle et pastorale", a souligné Michel Oberlinkels, chef de projet sud-est de la CDC Biodiversité.

Première réserve française d'actifs naturels

Ce projet pilote mise aussi sur la compensation écologique, une contribution financière devant permettre la restauration de l'écosystème via la vente d' "unités de biodiversité" par la CDC.

Appel à projets sur trois opérations de compensation

Un appel d'offre initié en juin 2011 par le ministère de l'Ecologie, concerne trois autres projets d'opérations de compensation. L'une en région Alsace et vise la préservation du Grand Hamster. Les deux autres projets concernent le Nord-Pas-de-Calais visant la reconstitution d'une trame verte sur les coteaux calcaires, et le Poitou-Charentes pour lutter contre le mitage de l'espace agricole et préserver notamment l'outarde canepetière. Les résultats de cet appel à projets ne sont pas encore connus.
Il s'agit de la première réserve d'actifs naturels en France créée en mai 2009. "Les aménageurs pourront y trouver réponse à leurs besoins enmatière d'actions positives pour la biodiversité, en particulier au titre desmesures compensatoires liées aux impacts résiduels de leurs projets,dans une démarche de neutralité écologique", fait valoir la filiale de la Caisse des Dépôts.

Le coût global du projet est estimé à 13 millions d'euros. Le maître d'ouvrage peut souscrire des unités à condition que son projet impacte le même type de milieu naturel, c'est-à-dire un milieu de steppes sec de plaine méditerranéenne. ''Le prix de l'unité ou service de compensation lié à l'opération Cossure est évalué à 39.000 euros l'hectare", a précisé Michel Oberlinkels.

Pour l'heure, deux aménageurs ont signé des contrats en octobre 2011 avec la CDC Biodiversité. Il s'agit de l'Etablissement Public d'Aménagement et de Développement Ouest Provence qui a souscrit les 40 premières unités afin de compenser l'impact écologique de la plateforme logistique Clesud (Miramas). De son côté, la SCI Boussard Nord a acquis une trentaine d'unités afin de compenser les impacts sur l'environnement de l'aménagement d'une plateforme d'activités à Saint Martin-de-Crau. Cela représente 80 ha compensés sur les 357 du site. Soit "la valorisation de 20% des actifs naturels", a souligné Michel Oberlinkels. SPSE fait également partie des maîtres d'ouvrage soumis à compensation sur Cossure. ''Le projet sera rentable lorsque l'intégralité du site sera compensée". L'appel aux aménageurs soumis à cette obligation est donc lancé…

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question à la journaliste Rachida Boughriet

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires