Ce n'est pas un feu isolé qui détruit la forêt, mais la trop grande fréquence des incendies, en lien avec le stock de matière organique qui conditionne la vie dans le sol, explique le Cemagref. Les fréquences critiques, au-delà desquelles l'écosystème n'est plus à l'équilibre et réduit sa capacité à se régénérer, ont pu être déterminées dans le cadre du programme de recherche.
50 ans pour gommer les effets d'un incendie
En effet, après le passage d'un incendie, la plupart des sols forestiers retrouvent leur niveau initial en 15 à 25 ans, mais il faut attendre 50 ans pour observer une résilience globale et qualitative de l'écosystème. Et ce n'est qu'après 150 ou 200 ans sans feu que l'on observe un fort accroissement du stock de carbone dans le sol et un enrichissement de la structure et de la composition de la végétation.
Par ailleurs, l'augmentation de la fréquence des épisodes de sécheresse, telle qu'elle s'est produite entre 2003 et 2007, conjuguée à une importante fréquence d'incendies, conduit aujourd'hui à un effondrement du fonctionnement biologique de la forêt. Une sécheresse persistante après un feu ralentit, voire stoppe la régénération de la forêt. Quatre années de sécheresses successives constitueraient ainsi un seuil critique dans la résistance de la forêt au feu. Le changement climatique, en intensifiant la survenue de feux et les sécheresses, ne peut par conséquent que fragiliser ces écosystèmes. Et il devient alors difficile de prévoir leur devenir à moyen et long terme, précise le Cemagref.
Les instituts de recherche recommandent de gérer en priorité les zones des forêts ayant été soumises à plusieurs incendies récents mais également de protéger les trop rares forêts âgées (plus de 150 ans). En raison de l'importance que revêt le stock de matière organique du sol dans la résilience de la forêt, l'apport de compost pour reconstituer la fertilité du sol forestier et la dynamique du milieu pourrait être envisagé dans les zones les plus fragilisées, souligne le Cemagref.