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La ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a assuré hier sur Europe 1 que les centrales françaises sont préparées à faire face aux catastrophes naturelles y compris la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus vieille de France, en service depuis 1977.
Depuis samedi 12 mars, l'accident nucléaire de Fukushima au Japon, en service dès 1970, relance le débat autour de la poursuite de l'exploitation de Fessenheim, également située sur une faille sismique. NKM a rappelé le 14 mars que la centrale avait été conçue pour résister à un séisme d'une puissance de 6,7, supérieur donc à celui de 1356 à Bâle, estimé à 6,2 sur l'échelle de Richter.
La centrale a été dimensionnée pour résister à un séisme ''d'une puissance cinq fois supérieure'' au tremblement de terre de Bâle, explique-t-elle dans Le Parisien. EDF y réaliserait des travaux complémentaires de mise à niveau du risque sismique qui devraient se terminer en juin 2011.
Prolongation des réacteurs : la catastrophe japonaise va-t-elle peser sur la décision de l'ASN ?
La ministre a aussi souligné sur l'antenne d'Europe 1 que la centrale était en ''en révision décennale'' opérée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), ''indépendante'' et ''garante de la transparence", plaide-t-elle. L'ASN doit d'ailleurs rendre en avril son avis autorisant ou non une prolongation de l'exploitation du réacteur n°1 de 900 mégawatts (Mwe) de la centrale pour dix ans supplémentaires. Ce réacteur figure parmi les 34 plus anciens de France (durée de vie moyenne de 27 ans) sur les 58 que compte la France répartis sur 19 centrales. Un deuxième réacteur de la centrale de Fessenheim sera également arrêté au cours du deuxième trimestre 2011 par l'ASN qui procédera à de nouvelles inspections.
Reste à savoir si la catastrophe au Japon va peser sur la décision de l'ASN alors que les écologistes réclament la fermeture ''immédiate" de la centrale. Le 9 mars, l'Association trinationale de protection nucléaire (ATPN) -qui pointe du doigt depuis 2008 l'incapacité de la centrale à faire face à ces risques sismique et d'inondation et demande la fin de son exploitation – s'est vue débouter par le tribunal administratif de Strasbourg. Le collectif dénonce aussi le rejet des effluents radioactifs en violation de la loi sur l'eau de 1992. Mais le tribunal a estimé que les plaignants n'avaient pas apporté ''la preuve du risque grave que font courir ces rejets dans les eaux''. Alors que des incidents de niveau 0 ou 1 sur une échelle allant jusqu'à 7 (échelle INES) ont été signalés sur la centrale, le tribunal a aussi jugé qu'ils n'ont "aucune pertinence ou aucune importance du point de vue de la sûreté".
''Le jugement défavorable à la fermeture a été rendu à la veille de ce terrible événement au Japon. Nous sommes en droit de nous demander si la décision aurait été la même, au lendemain de la catastrophe ?'', s'interrogeait encore hier l'association locale Stop Fessenheim, membre de l'ATPN, dans un communiqué.
''Notre demande reste légitime, le drame japonais nous donne malheureusement raison : aucune mesure ne permet de garantir une sécurité absolue des centrales nucléaires. Le Japon est une grande puissance, dotée de technologies de pointe. Technologies qui n'ont toutefois pas permis de préserver les populations de la radioactivité à laquelle ils sont désormais exposés, sans parler du bilan du séisme lui-même et du tsunami'', déplore l'association.
Stop Fessenheim a de nouveau appelé les autorités et EDF à ''faire face à leurs responsabilités et faire appliquer le principe de précaution en prenant la décision de fermer la centrale (…) entourée des risques que l'on connaît déjà''. Corinne Lepage, avocate de l'ATPN et eurodéputée (ADLE/Cap 21) envisagerait de faire appel du jugement. Les écologistes demandent un référendum et la sortie progressive du nucléaire en France.
6 centrales françaises situées dans des zones de sismicité ''modérée''
La France est loin d'être autant exposée aux séismes que le Japon, ont fait valoir les autorités françaises, ''l'aléa sismique'' est toutefois pris en compte dès la conception des centrales, ont-elle réitéré alors que la France est dotée d'un plan de prévention des risques naturels (PPRN) dont les séismes.

Outre Fessenheim, d'autres centrales sont situées dans des zones de sismicité ''modérée'' de niveau 3 (sur 5 correspondant à zone ''forte''). Il s'agit des centrales du Bugey (Ain), de Saint-Alban (Isère), de Cadarache (Bouches-du-Rhône), de Cruas (Ardèche) et enfin de Tricastin (Drôme) en service depuis 1980 et pour laquelle l'ASN a donné son feu vert le 3 décembre dernier pour la prolongation de 10 ans de son réacteur n°1.
Dans le cadre du décret du 22 octobre 2010, une nouvelle carte de France du zonage sismique a ainsi été publiée. De nouvelles règles de construction parasismique applicables aux bâtiments entreront en vigueur au 1er mai 2011 et seront renforcées dans le bâti existant et neuf conformément aux règles européennes ''Eurocode 8''.