Un collectif d'associations annonce saisir la justice pour que le projet de centrale hydroélectrique sur l'Allier, à Vichy (Auvergne-Rhône-Alpes), intègre mieux des mesures de protection de la souche Loire-Allier du saumon. « Le saumon de Loire, espèce emblématique de la Loire et de l'Allier, les deux derniers grands fleuves sauvages d'Europe, est en grand danger d'extinction, pointent les associations dans un communiqué. Depuis maintenant plusieurs décennies, les effectifs de saumon stagnent à un niveau alarmant, l'année 2021 ayant été catastrophique, avec seulement 350 saumons ayant remonté jusqu'à Vichy, soit à peine 5 % des effectifs estimés d'une population viable à long terme. »
Le projet, porté par la société Shema, vise l'installation d'une centrale hydroélectrique en rive gauche du pont barrage de Vichy, sur la commune de Bellerive-sur-Allier. Les associations considèrent que les mesures envisagées ne sont pas suffisantes pour assurer la migration du salmonidé. Des réserves également exprimées par la commissaire enquêteur dans ses conclusions à la suite de l'enquête publique. « La centrale est projetée en dérivation d'un cours d'eau classé en liste 1 et en liste 2 au titre de l'article L214-17 du Code de l'environnement ; tout nouvel ouvrage y est donc interdit s'il fait obstacle à la continuité piscicole, a-t-elle rappelé. L'amélioration de la continuité piscicole n'est pas démontrée pour l'ensemble des espèces piscicoles. Elle est validée à la montaison pour le saumon et pour l'anguille, la non-dégradation de la continuité piscicole à la dévalaison n'est pas unanime. »
Pour donner suite à l'autorisation du projet par le préfet, les associations avaient déposé un recours gracieux pour que ce dernier intégre dans son arrêté des mesures complémentaires pour le saumon. Sans grand succès. « La ministre de l'Écologie enjoint au préfet d'ouvrir une réflexion pour réduire les impacts du barrage et de la retenue sur l'environnement », se réjouissent toutefois les associations. Elles demandent dans cette nouvelle action une ouverture du barrage quatre-vingt-dix jours par an, pendant la migration des saumons à Vichy, de réduire la durée de l'autorisation à dix ans, mais également l'effacement des barrages des Lorrains, sur l'Allier, au titre de la compensation des impacts négatifs du projet de Shema.