La stratégie et les procédures appliquées par les équipes de la centrale nucléaire EDF de Penly (Seine-Maritime) pour amener le réacteur "dans un état sûr", lors de l'incident survenu le 5 avril, ont été jugées conformes jeudi 12 avril par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le réacteur numéro 2 de cette centrale s'était alors arrêté automatiquement lors de l'incendie de deux flaques d'huile, selon EDF, précédant une fuite d'eau sur un joint d'une pompe de refroidissement.L'incident a été classé provisoirement au niveau 1 sur l'échelle INES par l'ASN.
"Les inspecteurs n'ont pas mis en évidence de non conformité et ont constaté que la stratégie validée avec l'appui des services nationaux de l'exploitant et les procédures appliquées en conséquence ont été respectées par les équipes de conduite pour amener le réacteur dans un état sûr. La transparence du site et la disponibilité des agents pour cette inspection compte tenu des circonstances ont été soulignées par les inspecteurs. Cette inspection n'a pas fait l'objet de constat d'écart notable", écrit le délégué territorial de l'ASN basé à Caen dans la lettre de suite d'inspection (1) parue le 12 avril.
Les inspecteurs de l'Autorité ont pénétré dans le bâtiment réacteur, constaté notamment les effets d'une fuite d'huile sur une motopompe et interrogé les agents et les pompiers. Ils ont notamment relevé la présence d'huile sur différents équipements (calorifuges, tuyauteries, etc.), planchers et charpentes métalliques. "Ceci conforte l'hypothèse que la cause des évènements résiderait dans une perte importante d'huile du système de lubrification du moteur électrique de la pompe primaire n° 1", indique l'Autorité tout en sollicitant la mise en place ''des actions correctives''. Dans ce courrier, l'ASN demande au directeur de la centrale de lui fournir les résultats de l'expertise détaillée actuellement en cours sur l'ensemble du groupe motopompe primaire et sa stratégie de remise en fonctionnement du réacteur à l'arrêt.
Les faits ''minimisés" par EDF ?
Le PDG d'EDF Henri Proglio a assuré de son côté le 12 avril dans un entretien à BFM Business que l'incident n'avait eu "aucune conséquence au niveau environnemental. C'est un problème de fuite sur une vanne, qui a été immédiatement réglé. Le sujet est parfaitement maîtrisé depuis la première heure. Par conséquent, il n'y a eu aucune conséquence au niveau environnemental", a-t-il expliqué. Il s'agit, selon lui, d'un incident technique bien qu'il soit "qualifié d'accident dans la terminologie interne de l'ASN". Cette annonce d'Henri Proglio intervient alors que l'association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (Acro) n'a pas décelé de contamination à deux kilomètres de la centrale, selon les résultats d'analyses (2) publiés vendredi 13 avril. Ces volontaires ont effectué 3 prélèvements d'herbe sous les vents dominants de la centrale le 6 avril, au lendemain de l'incident, avec comme objectif de "vérifier que les assertions de non-atteinte à l'environnement étaient bien réelles". L'association regrette toutefois que les volontaires "n'aient pas eu le droit de prélever plus près".
Le Réseau Sortir du nucléaire a pour sa part estimé le 13 avril que "les informations publiées jusqu'ici rest(ai)ent encore insuffisantes pour comprendre l'origine et les conséquences réelles de ce qui s'est passé à Penly".L'ONG dénonce ''une grave minimisation des faits par EDF'' alors que la lettre de suite d'inspection de l'ASN relative à cet accident, "fait entrevoir la gravité des événements", selon elle. Réseau Sortir du nucléaire déplore également qu'aucune donnée pour l'heure "n'a été publiée sur l'exposition des travailleurs et des pompiers, et sur l'irradiation externe qu'ils ont pu subir". L'ONG et le Collectif Stop EPR - ni à Penly ni ailleurs demandent que "toute la lumière soit faite sur les causes réelles de l'accident".