Sur la commune de Mennetou-sur-Cher, dans la région Centre-Val-de-Loire, une grande centrale solaire au sol, sur 9 hectares, vient d'être inaugurée sur l'emplacement d'une ZAC, qui ne s'était finalement jamais vraiment développée. La particularité de cette centrale, c'est son unité de stockage d'énergie. Plusieurs conteneurs remplis d'une multitude de petites batteries interconnectées qui vont permettre de stocker l'équivalent de ce que produit pendant une heure la centrale solaire. Cette dernière présente une puissance de 8,8 MWc et le système de stockage, 3,75 MWc, ce qui permettrait de répondre aux besoins électriques d'environ 8 000 habitants.
Ce type d'installation existait déjà dans certaines îles françaises, en Corse, à La Réunion, mais c'est une première en France métropolitaine. Une preuve de la baisse des coûts de fabrication des batteries, notamment grâce à l'industrialisation des voitures électriques. Mais concrètement, quel est l'intérêt de pouvoir stocker une heure d'énergie ? Cela permet de rendre des services au réseau électrique nationale et c'est suffisamment rémunérateur pour rentabiliser le système, comme l'explique Mathieu Lassagne, dans le reportage vidéo, le directeur général de ZE Energy, l'entreprise qui a développé ce projet.
Et tout s'opère via un programme automatique, une intelligence artificielle qui interprète les prévisions météo, la production en cours et les besoins du réseau.
Cette centrale permet de revendre à EDF 1 MWh, à 52 euros, dans le cadre d'un contrat de vingt ans. C'est très compétitif, « alors que sur le marché de gros, en ce moment, le mégawattheure se vend dix fois plus cher », ajoute le directeur. À tel point que, parmi les prochains projets qui seront développés, ZE Energy entend vendre directement l'énergie au consommateur final, de gré à gré. « On parle de gros consommateurs, de grosses sociétés. On a signé l'an dernier avec Sorégies [fournisseur de gaz et d'électricité de la Vienne] un contrat d'achat d'électricité pour nos futures centrales qui vont se développer sur ce territoire. L'électricité sera donc produite et commercialisée en circuit court », une forme d'autoconsommation collective à l'échelle d'un territoire, ce qui présente un vrai tournant au niveau du financement des centrales solaires.
Reste la question du lithium. Ce métal alcalin est produit ces dix dernières années essentiellement en Australie, au Chili, en Chine et en Argentine. La forte hausse de la demande, liée au développement de l'industrie des véhicules électriques, rend le prix du lithium volatil et fluctuant. Ce qui fragilise la stabilité des filières d'approvisionnement. Mais Mathieu Lassagne se rassure de voir « qu'un certain nombre de mines vont voir le jour dans un à deux ans. On a de fortes ressources en Europe. » Certes, encore faudrait-il qu'elles puissent se développer. Ce type de mine n'a pas bonne presse. En effet, en Serbie, un projet a entrainé une forte mobilisation citoyenne et le pays a dû l'abandonner. Il existe aussi un projet de mine géante au Portugal, également suspendu. La France dispose aussi de gisements, notamment en Alsace, dans le Massif central et probablement en Bretagne. Les divers impacts sur l'environnement risquent, là encore, de générer plusieurs levées de boucliers.