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ICPE : étudier la valorisation de la chaleur fatale, désormais une obligation

Conformément à la directive sur l'efficacité énergétique, certaines installations doivent réaliser une analyse coûts-avantages de valorisation de la chaleur fatale produite. Ses modalités sont précisées par arrêté.

Energie  |    |  L. Radisson
Environnement & Technique N°344
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°344
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L'arrêté qui précise les modalités de réalisation de l'étude de valorisation de la chaleur fatale imposée à certaines installations industrielles est paru au Journal officiel du 19 décembre. Il vient compléter le décret du 14 novembre dernier qui impose cette obligation conformément à la directive du 25 octobre 2012 relative à l'efficacité énergétique.

L'obligation consiste à réaliser une analyse coûts-avantages, qui devra figurer dans l'étude d'impact, afin d'évaluer l'opportunité de valoriser de la chaleur fatale, c'est-à-dire la chaleur disponible récupérable, notamment à travers un réseau de chaleur ou de froid. Ces textes ne concernent pas le cas d'une valorisation de la chaleur fatale in situ ou d'une valorisation entre deux industriels voisins, rappelle le ministère de l'Ecologie.

Des exemptions sont prévues

Sont concernées par cette obligation les installations industrielles générant de la chaleur fatale non valorisée et les installations de production d'énergie faisant partie d'un réseau de chaleur ou de froid, d'une puissance thermique totale supérieure à 20 MW et soumises à autorisation au titre de la réglementation des installations classées (ICPE). Les principaux secteurs concernés par ce texte sont l'énergie, le traitement thermique de déchets, la chimie, le verre, la transformation des métaux, le ciment, chaux, plâtre, le papier-carton et l'agroalimentaire, indique le ministère de l'Ecologie.

Les installations de production d'électricité sont exemptées de l'obligation. De même que les installations remplissant l'une des conditions suivantes : rejet de chaleur fatale non valorisée à une température inférieure à 80 °C ou inférieur à 10 GWh/an. Ou dans le cas où la demande de chaleur est à plus de 4 km d'une installation ayant des rejets de chaleur fatale non valorisée inférieurs à 50 GWh/an, plus de 12 km si les rejets de chaleur fatale sont inférieurs à 250 GWh/an ou plus de 40 km s'ils sont supérieurs à ce seuil.

Evaluer la rentabilité de la valorisation

L'analyse coûts-avantages doit comporter une description de l'installation, une description de la solution valorisant la chaleur fatale et le cas échéant des variantes, un justificatif des échanges entre le gestionnaire du réseau et l'installation industrielle sur un certain nombre d'éléments techniques listés dans l'annexe de l'arrêté (moyens de transport de la chaleur, longueur totale de l'infrastructure, puissance maximale de la demande de chaleur, etc.), ainsi qu'une analyse économique "comprenant une analyse financière reflétant les flux de trésorerie effectifs liés aux investissements et à leur exploitation" sur ces critères techniques. La durée à prendre en compte pour l'analyse économique est de 20 ans.

"Cette analyse permet d'évaluer pour un industriel la rentabilité de la valorisation de la chaleur fatale (…) par un raccordement à un réseau de chaleur ou de froid et s'accompagne de la mise en œuvre des solutions jugées rentables, explique le ministère de l'Ecologie. Pour une installation de production d'énergie faisant partie d'un réseau de chaleur ou de froid, il s'agit d'identifier les fournisseurs potentiels de chaleur fatale situés à proximité du réseau et de mettre en œuvre la solution jugée rentable".

Lorsque l'analyse fait ressortir des avantages supérieurs aux coûts escomptés et qu'il "n'existe pas de raisons impérieuse de droit, de propriété ou d'ordre financier l'en empêchant", l'exploitant est tenu de mettre en œuvre la solution de valorisation dans les conditions ressortant de l'analyse. S'il existe une exemption fondée sur ces "raisons impérieuses", celle-ci doit être expressément prévue par l'arrêté d'autorisation de l'installation.

L'arrêté entre en vigueur le 1er janvier 2015. Mais l'obligation de mener à bien cette analyse ne concerne toutefois que les installations nouvelles ou celles faisant l'objet d'une modification substantielle nécessitant le dépôt d'une nouvelle demande d'autorisation et dont le coût dépasse 50% du coût d'investissement pour une unité thermique neuve comparable.

Réactions6 réactions à cet article

D'un certain point de vue, la chaleur fatale n'est que du gaspillage d'énergie. Contre le gaspillage, il n'y a qu'une solution vraiment efficace : faire prendre conscience de l'intérêt qu'il y a à ne pas gaspiller. Chacun le fait, donc chaque décideur, quand il a intérêt à faire le calcul de ce que lui coûte son gaspillage. Point besoin de réglementation pour cela. En l'occurrence, il suffit de tarifer l'énergie pour que le calcul s'impose par l'évidence.

Jean-Claude Herrenschmidt | 30 décembre 2014 à 09h29 Signaler un contenu inapproprié

C'est curieux que la cout de construction du réseau de chaleur ne soit pas pris en compte. L'industriel producteur de chaleur fatale n'a pas vocation à se lancer dans des investissements sans rapport avec son activité. C'est à l'ETAT de s'en occuper et de lui acheter son énergie. Le prix d'achat étant fixé alors par l'ETAT, puisqu'il aurait pris a sa charge les très lourds investissements nécessaires. On notera avec un grand intérêt que les centrales électriques ne sont pas concernées alors même que leur production de chaleur fatale égale les 2/3 de la puissance électrique: cela est trés considérable.

ami9327 | 02 janvier 2015 à 23h53 Signaler un contenu inapproprié

@Merci ami9327. Un rappel nécessaire.
Je préfère écrire, pour ma part, COLLECTIVITÉ plutôt que ÉTAT.
Le citoyen que je suis se sent immédiatement interpellé.

Et puis, en ces temps de régionalisation et de transferts de compétences, on peut se sentir plus directement concerné.

Jean-Claude Herrenschmidt | 05 janvier 2015 à 11h09 Signaler un contenu inapproprié

ami9327 relève avec justesse le caractère bizarre de l'exemption des installations produisant de l'électricité. La rédaction peut-elle nous donner le résultat des investigations qu'elle n'a pas manqué de mener sur le sujet?
Merci d'avance.
Serait-ce encore un coup des lobbies de bureaux d'études (vous savez, ceux qui font les "bilans-carbone"? Une étude de plus à réaliser, c'est du chiffre d'affaires contraint facile à se faire sur le dos des industriels...

Albatros | 05 janvier 2015 à 13h38 Signaler un contenu inapproprié

@Albatros

Voici les résultats des investigations en notre possession : la question de l'exemption des installations de production d'électricité a été posée au MEDDE par une internaute dans le cadre de la consultation qui a eu lieu courant novembre. Ce dernier n'y a pas répondu, cette question ayant été classée parmi "les observations n'appelant pas de suites à donner".

La Rédaction | 05 janvier 2015 à 17h33 Signaler un contenu inapproprié

Merci à La rédaction pour la réponse
Et pour la question au sujet du chiffre d'affaires des bureaux d'études?
C'est marrant comme on exempte facilement les grands énergéticiens, non soumis à concurrence (même intra-européenne) alors qu'on plombe tout le reste (c'est le cas de le dire) de l'industrie...

Albatros | 05 janvier 2015 à 18h20 Signaler un contenu inapproprié

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