Selon la loi relative à la transition énergétique (LTECV), 38 % de la chaleur consommée en France devra être d'origine renouvelable à l'horizon 2030. Fin 2019, cette part s'élevait à 20,8 %, selon le Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération, publié le 22 octobre par l'Ademe, le Cibe, la Fedene, le SER et Uniclima. Au total, 140 979 gigawattheures de chaleur renouvelable ont été produits en 2019. « Ces chiffres illustrent le retard pris dans le secteur de la chaleur renouvelable et la nécessité de mettre en œuvre, pour toutes les filières de production, les moyens nécessaires à leur développement. Sans accélération, nous ne pourrons respecter ni les objectifs de la LTECV et de la PPE [programmation pluriannuelle de l'énergie], ni les engagements de notre pays au niveau européen et international en matière d'énergies renouvelables et de lutte contre le changement climatique », analysent les auteurs du panorama.
Depuis des années, les acteurs de la filière alertent sur le retard pris, sans qu'une réelle dynamique s'installe. Les niveaux de prix du gaz ainsi que le gel de la taxe carbone compromettent la compétitivité des filières renouvelables.
Bois énergie : chaufferies de grosses puissances et appareils domestiques
Le bois énergie est de loin la première filière de production de chaleur renouvelable. Quelque 7 000 installations collectives de plus de 50 kW permettent de couvrir 3,4 % de la consommation finale de chaleur. Parmi elles, quelques dizaines de grosses chaufferies (de puissance supérieure ou égale à 10 MW) représentent 51 % de la puissance totale installée. Un quart environ font de la cogénération (chaleur et électricité).
Pompes à chaleur : la géothermie à la traîne
Malgré un nombre quasiment similaire d'appareils (7,7 millions fin 2019), la production renouvelable des pompes à chaleur (PAC) aérothermiques ne couvre que 4,5 % de la consommation finale de chaleur. Ce chiffre est néanmoins en nette progression (3,8 % en 2018), près de 900 000 appareils supplémentaires ont été installés en un an. Ce qui place la France comme marché numéro un en Europe.
Le parc de la géothermie de surface croît également, mais dans une bien moindre mesure. Plus de 164 000 pompes à chaleur géothermiques étaient installées fin 2019, soit 3 000 de plus qu'en 2018. La grande majorité des installations (95 %) sont individuelles. La géothermie de surface a couvert 0,7 % de la consommation finale de chaleur en 2019. « Malgré ses nombreux atouts et les progrès réalisés par la filière, le nombre de nouvelles installations annuelles de PAC géothermiques est en forte baisse dans le secteur individuel, passant de 19 000 en 2007 à 2 582 en 2019. (...) À l'inverse, le marché se développe de manière plus encourageante dans les secteurs du logement collectif et tertiaire », note le panorama.
Enfin, 80 installations de géothermie profonde sont en fonctionnement, dont 52 en Île-de-France. Il s'agit essentiellement d'installations pour le chauffage urbain (90 %). Elles couvrent 0,3 % de la consommation finale de chaleur.
Solaire thermique : le ralentissement se poursuit
Le parc solaire thermique augmente, mais à un rythme insuffisant. « En 2019, 95 000 m² de capteurs solaires thermiques ont été installés en France métropolitaine et 44 000 m² dans les DROM [départements et régions d'outre-mer], amenant ainsi la surface totale installée à 3 343 000 m² en France métropolitaine et DROM, dont 50 070 m² de surface installée étaient destinés à l'usage industrie », indique le panorama. Résultat : il a permis de couvrir 0,2 % de la consommation finale de chaleur en France métropolitaine. « La filière de la chaleur solaire est en fort ralentissement depuis plusieurs années. Le marché est passé de près de 300 000 m² installés en 2012 à seulement 189 000 m² en 2019. Cette chute concerne autant le secteur individuel que les secteurs collectif et tertiaire », souligne le document.
Gaz renouvelables et valorisation énergétique des déchets
Enfin, le panorama dénombre 958 installations valorisant des gaz renouvelables en France, représentant 0,6 % de la consommation finale de chaleur. La majorité sont des installations de production d'électricité produisant également de la chaleur par cogénération à partir de biogaz (méthanisation, Step et ISDND), 123 sont des unités d'injection de biométhane dans les réseaux de gaz et 163 sont des installations valorisant du biogaz en chaleur seule.
Enfin, 90 installations valorisent énergétiquement les déchets, dont 80 sont raccordées à un réseau de chaleur. Cette production couvre 1,8 % de la consommation finale de chaleur. « Il reste un potentiel de création, d'extension ou de verdissement des réseaux de chaleur et de froid à proximité d'une quarantaine de sites non-raccordés et de certains sites déjà raccordés », note le panorama.