Le 12 décembre dernier, l'Assemblée nationale enregistrait une proposition de loi, déposée par le groupe écologiste, relative à l'application du principe de précaution défini par la Charte de l'environnement aux risques résultant des ondes électromagnétiques. Ce texte propose, entre autres, d'imposer la délivrance d'un permis de construire pour l'implantation d'une antenne-relais, d'encadre les émissions de champs électromagnétiques (notamment pour le Wi-fi) et d'accroitre l'information du public. A l'approche de son examen par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, le 23 janvier prochain, cette proposition de loi fait débat.
L'Académie de médecine contre le principe de précaution
Dans une information adoptée le 8 janvier, l'Académie de médecine estime que cette initiative est "fondée sur un flou scientifique et réglementaire qui, ne pouvant se prévaloir en dernier recours que du principe de précaution, est de nature à renforcer artificiellement chez nos concitoyens un sentiment de peur et de défiance injustifié, mais préjudiciable en termes de santé publique". Elle souligne que les niveaux d'émissions des antennes relais sont bien inférieurs à ceux des téléphones portables et que le classement comme "cancérigène possible" (2B) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ne concerne que ces derniers.
"L'Académie n'a pas dû mettre ses fichiers à jour, puisqu'un rapport du CIRC a classé le 31 mai 2011 les champs électromagnétiques de radiofréquences comme « peut être cancérigènes »", a réagi dans un communiqué l'Association santé environnement France (Asef).
Protéger les populations les plus exposées, selon l'Asef
L'Asef indique par ailleurs que cette proposition de loi a pour but de "garantir l'égalité de chaque citoyen face au risque que représente les antennes relais". Le docteur Patrice Halimi, secrétaire général de l'Asef, précise : "Nous sommes d'accord sur un point avec l'Académie, la nocivité des antennes relais n'a pas encore été confirmée. Mais, il ne s'agit pas pour nous de trancher la question scientifique, ni d'interdire les antennes relais. Cependant, comme elles présentent un risque, il faut qu'il y ait une véritable égalité face à celui-ci. Or, la loi est la seule à pouvoir garantir cette égalité. A la cité HLM de La Pinette à Aix-en-Provence, nous comptons encore et toujours 14 antennes relais sur le même toit ! A Aubagne, 17 ! Peut-on se permettre d'imposer cela à une population en lui expliquant que nous en saurons plus dans 20 ans lorsque la science aura tranché ?".