
L'UE s'engage tout d'abord à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport à 1990 à l'horizon 2020. Cet effort de réduction pourrait même être porté à 30% si d'autres pays développés s'engagent à atteindre des réductions d'émission comparables et que les pays en développement les plus avancés sur le plan économique apportent une contribution adaptée à leurs responsabilités et à leurs capacités respectives. Lors des négociations internationales, nous proposerons de réduire les émissions européennes de 30% si des partenaires internationaux sont prêts à suivre, a indiqué la Chancelière Allemande Angela Merkel qui préside l'UE jusqu'en juin. Ce point devrait d'ailleurs être discuté lors de la prochaine conférence de l'ONU sur le climat qui aura lieu à Bali en décembre prochain mais aussi lors de la prochaine réunion du G8 en juin à Heiligendamm, dans le nord de l'Allemagne. Il est important de pouvoir dire aux membres du G8 que l'Europe a pris des engagements, a estimé la Chancelière.
Les États-membres se sont également engagés à un gain de 20 % en terme d'efficience énergétique et une teneur obligatoire de 10% de biocarburants dans les carburants classiques.
Enfin, les 27 pays membres de l'Union Européenne ont pris l'engagement collectif de faire passer la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d'énergie (dite énergie primaire) de 6,5 à 20% d'ici à 2020. Toutefois, cet objectif global se fera avec une approche différenciée par pays pour tenir compte de certaines spécificités nationales : une répartition des charges sera négociée de manière séparée, à partir de propositions que la Commission européenne soumettra entre juillet et septembre. La Commission européenne veut présenter au cours du troisième trimestre 2007 des propositions concrètes sur la répartition des charges dans le cadre de l'objectif fixé pour les énergies renouvelables, a indiqué le président de la Commission José Manuel Barroso.
Si la Chancelière Angela Merkel a précisé que le Conseil n'intégrait pas le nucléaire dans la définition des énergies renouvelables, le nucléaire a toutefois, et en réponse aux attentes françaises, reçu le statut d'énergie peu carbonée, susceptible d'être pris en compte pour la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre.
Le Secrétaire général Ban Ki-moon a salué la décision des dirigeants de l'Union européenne : face à l'accroissement des émissions de gaz à effet de serre, cet engagement à une réduction significative au cours de la prochaine décennie est ambitieux. Mais l'ambition et le leadership sont justement ce qu'il faut pour répondre aux changements climatiques, un des plus grands défis qui se pose à l'humanité.
Les associations environnementales ont salué ces décisions et notamment Greenpeace, qui s'est félicité de la fixation d'objectifs contraignants même si l'organisation a critiqué la négociation de la France qui permet des traitements nationaux différents. Avec ce triple objectif de 20% pour les 15 années à venir, l'Union Européenne s'engage résolument dans la révolution énergétique indispensable pour faire face à l'urgence climatique. Il faut espérer que cette décision, la plus importante depuis l'adoption du protocole de Kyoto, servira d'exemple à suivre pour le reste de la communauté internationale, a souligné Karine Gavand, chargée de campagne Climat à Greenpeace France. Malgré le combat d'arrière-garde, mené ces dernières semaines par la France, pour tenter d'imposer son nucléaire, ce sont les énergies renouvelables et les économies d'énergies qui sont retenues par l'Europe pour faire face au défi climatique, a ajouté Frédéric Marillier, chargé de la campagne nucléaire à Greenpeace.
Le WWF-France a pour sa part estimé que ce somment était un tournant historique dans la lutte pour le climat. Les Verts du Parlement européen restent quant à eux sur leur garde et attendent des objectifs concrets. Le Sommet a confirmé que les énergies renouvelables restent la première technologie pour combattre les changements climatiques et que, contrairement au message de Jacques Chirac qui voulait faire du nucléaire une énergie renouvelable, cette approche a été suivie par ses homologues européens et notamment par la Chancelière allemande Angela Merkel, a estimé Claude Turmes, vice-président du groupe Vert. Critiquant la politique actuelle française, celui-ci ajoute que plutôt que de produire des biocarburants qui nuisent à l'environnement et qui risquent de provoquer une crise alimentaire, la France ferait mieux d'utiliser pleinement son potentiel dans le domaine de l'éolien, du bois, du biogaz et du solaire. Il s'agirait d'un moyen bien plus efficace de peser sur les marchés de l'exportation des technologies comme le montre l'exemple du Danemark, qui a accru sa capacité d'exportation de l'équivalent de 20 000 MW en énergies renouvelables au cours de ces 5 dernières années, réalisant ainsi un chiffre d'affaires 10 fois supérieur à celui d'Areva.
Le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), M. Antolini a quant à lui confié à l'AFP que parvenir à l'objectif de 20% suppose de tripler la production actuelle des grands pays qui sont aussi les plus gros consommateurs - Espagne, France, Allemagne, Italie, Pologne et Allemagne -, actuellement autour de 5 et 6 % d'énergies renouvelables. Dans le secteur électrique, il va falloir développer résolument l'éolien et arrêter de chipoter; il faut aussi reconsidérer l'hydraulique à la hausse et développer le solaire photovoltaïque. Enfin, a-t-il ajouté, il faut développer la chaleur collective - eau chaude et chauffage - d'origine forestière et de la biomasse en général. Il revient aux poids-lourds - Danemark, Portugal, Allemagne, Espagne, France, Italie, Grèce, Pologne, Angleterre - de parvenir voire de dépasser l'objectif de 20% pour que l'UE les tiennent, a-t-il estimé. Mais ce seront alors des centaines de milliers d'emplois créés, a-t-il assuré en indiquant qu'à moins de 7% d'énergies renouvelables au sein de l'UE, le secteur a déjà généré plus de 200.000 emplois.
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