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Actu-Environnement

En pleine crise financière, le WWF et l'ADEME s'interrogent : Comment changer de paradigme économique ?

Les 2 et 3 octobre se tenait à Paris la deuxième édition des universités de rentrée du WWF France. Venus débattre d'écologie économique, chercheurs et acteurs de l'environnement ont dressé les contours d'une nouvelle écologie de marché.

Gouvernance  |    |  M. Duchesne
Le Grenelle de l'environnement peut-il de faire les frais de la crise financière qui bouleverse aujourd'hui la planète ? Présidente de l'ADEME, Chantal Jouanno se montre peu prolixe : j'espère que non glisse-t-elle sommairement. Invitée à participer à la conférence « Changer de paradigme économique », organisée les 2 et 3 octobre dernier à Paris dans le cadre de la seconde édition des universités de rentrée du WWF France, celle qui peut se targuer d'avoir travaillé avec le Président de la République préfère se projeter plus loin dans le temps pour changer de paradigme, ce qui est devenu incontournable, car les changements à la marge et le bricolage ne suffiront pas. De gros efforts devront être réalisés en matière de fiscalité, surtout dans le secteur de l'énergie, une réforme des indicateurs du PIB est nécessaire…
Décidée à positiver, elle explique que même si les médias parlent moins d'environnement ces derniers mois, le Grenelle aura quand même permis d'aborder la question des outils et de faire progresser quelques principes : le renversement de la charge de la preuve, la question de l'équité sociale, l'idée de négociation…. Satisfaite des derniers résultats enregistrés en matière de réduction d'émissions de CO2, obtenus grâce à l'instauration du bonus malus automobile, Chantal Jouanno insiste : Même si ce n'est encore qu'à une faible échelle, nous commençons à changer les mentalités en donnant ainsi un prix à la dégradation du climat…. Soucieuse de ne pas utiliser le terme de « décroissance », contre-productif selon elle, la Présidente de l'ADEME se déclare hostile à une financiarisation à outrance tout en n'étant pas forcément allergique à une monétarisation accrue…

Un new deal écologique ?

Serge Orru, le Directeur Général de WWF, s'interroge : Comment évaluer les services offerts par la nature ? Estimer l'inestimable est notre mission d'écologiste pragmatique, tant au niveau macroéconomique que microéconomique. Pour lui, il faut mettre sur pied un New Deal écologique. Une proposition audacieuse à quelques jours de l'examen parlementaire du projet de la loi « Grenelle 1 », alors que les finances publiques sont dans le rouge et que le pays est désormais officiellement en récession selon les derniers chiffres de l'Insee publiés cette semaine.
Plus remonté, Daniel Richard, Président de NovaPress et Président de la fondation WWF France entre 2001 et 2008, ne supporte pas l'incompétence […] des rois de la finance […]. Le citoyen a été déculturé car peu d'entre nous avons été formés à l'économie quand nous étions à l'école et, aujourd'hui, ils viennent sur les plateaux TV débattre de leurs erreurs passées. C'est inadmissible ! Pour lui, il faut remettre du sens et de l'éthique dans l'économie mondiale, de la transparence (paradis fiscaux, évaluation des actifs des banques, création de commissions de vigilance sur l'amiante, les OGM…), des polices environnementales mais aussi financières efficaces et les consommateurs doivent davantage user de leur pouvoir de consommateur. Remonté, il interroge : Pourquoi laisse-t-on breveter le vivant ? ou encore Pourquoi les campagnes de prévention contre le Cancer sont-elles inexistantes ou presque ? concluant qu'avec le Grenelle, les ONG se sont rapprochées des politiques au risque de se brûler les ailes. Elles doivent donc aujourd'hui s'engager à fond et faire de la politique de façon agressive !

Quel prix au Carbone ?

Alors, quel prix pour le carbone ? Si la question est simple en apparence, la réponse divise souvent. Pour Jean-Charles Hourcade, Directeur du Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement (CIRED), la réponse varie d'un individu à l'autre en fonction de ses valeurs et de ses croyances ou certitudes. Selon ce chercheur au CNRS, on peut dénombrer plusieurs groupes : Ceux qui, comme Churchill, disent : on va souffrir mais on va gagner, même si les taxes explosent et même si le PIB décroît ; Il y a aussi les sceptiques qui, comme Léonidas aux Thermopyles, sont prêts à tout sacrifier quand même… et il y a les écologistes optimistes plus ou moins pragmatiques. Au final ? Pour 50% d'entre eux, le prix du carbone est compris dans une fourchette allant de 40 à 160 dollars/tonne de CO2 : un coût qui ne figure pourtant pas dans la plupart des outils de mesure de développement économique. Guillaume Saitenny, maître de conférence à l'Institut d'Etudes politiques de Paris, aborde pour sa part la question des indicateurs et souligne ainsi que contrairement à la Grande Bretagne, où 64 indicateurs sociaux ou sociétaux sont utilisés pour fixer le PIB, la France par exemple ne dispose pas d'indicateur sur l'étalement urbain. Or ses effets ont un coût : une diminution de la surface consacrée à l'habitat naturel, l'imperméabilisation des sols, un accroissement des émissions de CO2 avec des transports davantage utilisés pour aller en ville… Serge Orru du WWF précise : chaque année, 60 000 ha/an sont ainsi dévorés soit l'équivalent d'un département français par décennie !

La piste de l'économie de fonctionnalité

L'économie de fonctionnalité, serait-elle dans ce contexte pour le moins complexe, une solution pour un nouveau paradigme ? Apparu il y a plusieurs décennies de cela, ce procédé pourrait avoir de l'avenir selon Johan Van Niel, doctorant en économie à l'université de Lausanne. Quel est le principe ? Substituer la vente de l'usage d'un bien (une fonction) à celle du bien lui-même. Xerox avec ses photocopieurs, Elis en louant et blanchissant son linge ou Michelin avec ses pneus s'y collent déjà. Dans la salle, une jeune femme souligne les limites de ce procédé : un lecteur DVD made in China qui tombe en panne coûte plus cher à faire réparer en SAV pour un utilisateur que s'il en rachète un neuf … Réponse de l'intéressé : c'est surtout dans le secteur de l'énergie, un secteur en plein développement en France, un pays où le consommateur n'est pas habitué à payer cher ses factures, que des marges de manœuvre sont possibles…

Réactions1 réaction à cet article

Oui, très bien, mais

deux notions apparaissent :
- tout d'abord il y a incohérence entre la diminution des espaces agricoles et les besoins de demain : biodiversité, biocarburant, biomasse, chimie verte et alimentation. On sent bien que les exportations devraient se réduire au profit d'un marché national et transfrontalier de proximité;
- ensuite la notion de propriété peut effectivement s'effacer au profit de la notion d'usage. Deux bons exemples en sont la voiture ou l'habitation. Il y a une certaine démagogie, une démagogie certaine, à vouloir que tous les français soient propriétaires. Encore du social qui coûte très cher et n'apporte pas grand chose.

rené-pierre | 10 octobre 2008 à 12h36 Signaler un contenu inapproprié

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