Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Chasse traditionnelle d'oiseaux : le ministère de la Transition écologique de nouveau censuré

Biodiversité  |    |  I. Chartier

Ce mercredi 23 novembre, le Conseil d'État (1) a annulé pour excès de pouvoir des arrêtés pris par le ministère de la Transition écologique pour la saison de chasse 2021-2022. Ces textes autorisaient le prélèvement de divers oiseaux (vanneaux huppés, pluviers dorés, grives, merles noirs, alouettes des champs) par des techniques traditionnelles (pantes, matoles, tenderies).

Une procédure d'urgence avait été engagée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et l'association One Voice pour faire suspendre ces arrêtés qu'elles estimaient contraires à la directive Oiseaux. Le juge des référés du Conseil d'État avait accédé à leurs requêtes en suspendant ces arrêtés, le 25 octobre 2021.

Pour rappel, la directive Oiseaux interdit les pratiques de chasse capturant massivement les oiseaux sans distinction d'espèces. Elle prévoit toutefois une dérogation à cette interdiction à deux conditions :
- qu'il n'existe pas une autre façon de prélever l'espèce recherchée ;
- que la technique utilisée ne permette de capturer que l'espèce recherchée.

Par ses décisions du 23 novembre, la Haute Juridiction a conclu que le ministère ne remplissait pas la première condition. Selon le juge, les arrêtés contestés avaient pour objectif principal de maintenir une pratique de chasse traditionnelle, ce qui ne constituait pas une raison suffisante pour justifier l'absence d'une autre solution satisfaisante.

La LPO déplore un « cynisme étatique » au profit des chasseurs et au détriment de la biodiversité. Elle dénonce un schéma récurrent : des arrêtés s'appliquant au lendemain de leur adoption dans le but de laisser le temps aux chasseurs de prélever certaines espèces avant que ces textes ne soient censurés par les juges. « S'acharner sur des espèces en déclin comme l'alouette des champs ou le vanneau huppé n'est pas digne d'un pays qui ambitionne d'être un modèle de protection de la biodiversité au niveau mondial alors qu'il n'arrive même pas à respecter la directive Oiseaux, adoptée par la France, il y a trente ans », se désole Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO.

En octobre dernier, le juge des référés du Conseil d'État a suspendu les arrêtés autorisant la chasse traditionnelle au filet des alouettes, pour la saison de chasse 2022-2023, cette fois. Une décision au fond de la Haute Juridiction sera rendue dans les mois à venir pour leur potentielle annulation.

1. Télécharger la décision
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-40697-CE-decision-chasse-traditionnelle.pdf

Réactions3 réactions à cet article

Encore une fois, ce hold-up de la protection de la biodiversité par une poignée de hauts fonctionnaires tout dévoués à la défense bornée de la chasse continuera tant qu'ils ne seront pas rendu personnellement responsables, pénalement et pécuniairement, des arrêtés pro-chasse contraires au droit de l'environnement (qu'ils ne peuvent prétendre méconnaitre eu égard leurs fonctions) et reconnus illégaux par le Conseil d’État. La liste des arrêtés retoqués - et des tueries illégales d'animaux sauvages - est désormais bien trop longue et volumineuse pour continuer à rester sous les radars.
La dilution des responsabilités dans la haute fonction publique pose un évident problème de fond du respect du droit. Le législateur doit s'en saisir sans plus tarder et corriger le tir afin de faire cesser ce trouble à l'ordre public.

Pégase | 23 novembre 2022 à 18h34 Signaler un contenu inapproprié

Devant ces condamnations à répétition depuis des décennies il faut en effet s'interroger sur les raisons qui poussent les signataires des arrêtés à violer aussi manifestement les dispositions de protection des oiseaux. Y a-t-il menaces ou pressions? Ignorance délibérée - et choquante - des textes? Les porteurs de fusils sont-ils à ce point intimidants que nos gouvernants en sont réduits à se retrancher derrière la plus haute juridiction administrative? Et c'est le contribuable qui versera finalement les 9000 euros dont l'Etat doit s'acquitter....

Pasisimple | 24 novembre 2022 à 21h28 Signaler un contenu inapproprié

@ Pasisimple : les pressions existent, c'est une évidence, vu l'entrisme de lobby de la chasse au sein du ministère (rappelez-vous la présence du lobbyiste en chef Thierry Coste qui a abouti au départ de Nicolas Hulot de son poste de ministre) mais aussi dans les départements et les préfectures.
Mais il y a aussi une bonne dose d'atavisme dans les pratiques décisionnelles de certains hauts fonctionnaires du ministère (et ailleurs dans l'appareil d’État) : pour eux, la nature, ça doit servir à quelque chose pour l'homme et surtout, ça se gère, ça se maîtrise et même ça se mate à coups de fusils ou de pesticides car sinon, c'est elle qui vous bouffe.
Et surtout, en retour de services rendus, être invité aux chasses de barons locaux permet de développer son carnet d'adresses et de faire progresser au mieux sa carrière et ses intérêts personnels. Alors, face à ces avantages qu'on s'octroie, que peuvent bien peser le respect du droit de l'environnement, les condamnations de l’État et leurs pénalités, du moment que c'est le contribuable qui paye ?!
Tout cela vous a un petit goût de forfaiture qui devrait interpeller le plus grand nombre, même au-delà de la "simple" question de la protection de la nature, non ?!

Pégase | 25 novembre 2022 à 10h40 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question au journaliste Imane Chartier

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager