Nourrir toute l'Europe avec du bio et du local ? D'après les chercheurs du laboratoire Milieux environnementaux, transferts et interactions dans les hydrosystèmes et les sols du CNRS, c'est possible. Leur étude, publiée le 18 juin dans la revue One Earth, décrit un système agro-alimentaire « biologique et durable, respectueux de la biodiversité ». L'idée est de rendre l'Europe plus autonome et moins dépendante des importations comme celle du soja.
Mais la réalisation de ce plan demanderait des changements conséquents dans plusieurs domaines. Le premier concerne le régime alimentaire : « une consommation moindre de produits animaux permettrait de limiter l'élevage hors sol et de supprimer les importations d'aliments pour le bétail », précisent les scientifiques dans un communiqué. Ensuite, le scénario prône les rotations de cultures longues et diversifiées, avec l'introduction de légumineuses fixatrices d'azote, ce qui, selon l'étude, permettrait de se passer d'engrais de synthèse, et même de pesticides. Enfin, le dernier levier consisterait à rapprocher culture et élevage « souvent déconnectés et concentrés dans des régions ultra-spécialisées ». Les déjections animales pourraient ainsi être recyclées plus efficacement. Selon ce scénario, il serait donc envisageable de nourrir la population européenne attendue en 2050 tout en diminuant la pollution des eaux et les émissions de gaz à effet de serre.