En 2018, 32,5 % des déchets plastique gérés dans l'Union européenne ont été recyclés. La France est en retard avec un taux de valorisation matière qui s'établit à 24,2 %. Entre 2016 et 2018, les quantités recyclées ont progressé de 5,7 % en Europe et de 6,8 % en France. Tels sont les principaux chiffres relatifs à la production de déchets plastique post-consommation en Europe présentés ce mardi 14 janvier par PlasticsEurope. L'association professionnelle européenne regroupant les fabricants de plastique explique que ces résultats sont en grande partie influencés par la progression de la collecte séparée des déchets plastique.
Sur cet ensemble, 1,9 million de tonnes sont exportés pour être recyclées en-dehors de l'Europe. Suite à la fermeture des frontières chinoises, cette part est passée de 34 % à 20 % entre 2016 et 2018. Ensuite, 2,6 millions de tonnes (27 % du total) correspondent à la fraction non recyclable (les résidus de recyclage). Au final, 4,9 millions de tonnes de déchets (52 % du total) sont effectivement régénérés en Europe.
En 2018, 75,1 % des 29 millions de tonnes de déchets plastique collectés en Europe ont été valorisés en 2018 (contre 72,7 % en 2016). En deux ans, le taux de valorisation énergétique est passé de 41,7 % à 42,6 %, et celui du recyclage de 31,1 % à 32,5 %. PlasticsEurope fait valoir que le taux de recyclage est dorénavant « très supérieur à celui de la mise en décharge (24,9 %) et qu'il progresse plus vite que la valorisation énergétique ». PlasticsEurope explique aussi que le taux de recyclages des emballages, qui représentent environ 60 % des déchets plastique, est supérieur de dix points au taux global de recyclage des plastiques. Du côté des utilisations, le BTP est le premier secteur consommateur de plastiques recyclés (46 % des 4 millions de tonnes incorporées par les industriels européens), suivi du secteur des emballages (24 %) et de l'agriculture (13 %).
Ces chiffres globaux cachent d'importantes disparités : dix pays ont atteint un taux de valorisation supérieur à 95 %. L'essentiel de cette valorisation est énergétique puisqu'entre 52 % (en Norvège) et 78 % (en Finlande) des déchets plastique collectés dans ces dix pays sont incinérés. Pour autant, huit de ces dix pays affichent des taux de recyclage supérieurs à la moyenne européenne. Les pays les plus performants sont la Norvège (45 % de recyclage), l'Allemagne et la Suède (39 % chacun).
La fin du plastique jetable inquiète PlasticsEurope
Quant à la France, elle figure en milieu de tableau. Elle affiche un taux de recyclage de 24,2 % (soit 8,3 points de moins que la moyenne européenne), un taux de valorisation énergétique de 43,3 % (dans la moyenne), et un taux de mise en décharge de 32,5 % (7,6 points de plus). Autre particularité française : le taux de recyclage des emballages est particulièrement mauvais puisqu'il n'atteint que 26 %, quand la moyenne européenne s'établit à 42 %.
PlasticsEurope fait valoir que les volumes de déchets plastique français recyclés ont progressé de 6,8 % par an au cours des deux dernières années, soit un peu plus que les 5,7 % de progression affichée par l'ensemble de l'Europe. La France se distingue surtout par une augmentation de 3,4 % par an des volumes de plastique mis en décharge, quand l'Europe affiche une réduction de 1,1 %.
Quant à l'avenir, il est marqué par les « inquiétudes » qui entourent le projet de loi économie circulaire sur le point d'être adopté par le Parlement. Les professionnels critiquent en particulier l'objectif de suppression des emballages plastique jetables à l'horizon 2040. Celui-ci « crée un manque de visibilité sur la pérennité de la ressource à traiter », expliquent-ils, ajoutant qu'« il pourrait ainsi peser dans les décisions d'investissement en France par les acteurs de la chaîne de valeur du recyclage ». Dans les faits, précisent-ils, les emballages jetables représentent « la quasi-totalité » des emballages.