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Actu-Environnement

“Le consommateur pourra plébisciter les industriels qui afficheront leur performance environnementale”

Yukan veut mettre l'empreinte environnementale des produits au cœur de la stratégie des industriels et du choix des consommateurs. Avec un smartphone, ceux-ci pourront consulter les performances environnementales des produits qu'ils achètent. Le point avec le fondateur, Christophe Girardier.

Interview  |  Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
Environnement & Technique N°381
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°381
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“Le consommateur pourra plébisciter les industriels qui afficheront leur performance environnementale”
Christophe Girardier
Fondateur et président de Yukan
   

Actu-Environnement : Vous annoncez le lancement de votre plateforme digitale en marge de la présentation des résultats, par la Commission européenne, de l'expérimentation sur l'empreinte environnementale des produits et organisations…

Christophe Girardier : Aujourd'hui est une date importante. Nous assistons, avec l'empreinte environnementale des produits (PEF), à une disruption ou à une révolution. Nous passons d'un monde qui, sous l'influence des grandes conférences internationales, avait une vision restrictive de l'empreinte environnementale, réduite aux émissions de CO2, à un monde multicritères qui donne une vision globale de l'impact des produits. Les travaux ont montré que l'empreinte carbone pèse tout au plus pour 30% des impacts…

AE : Quel est l'objet de la plateforme YuKan ?

CG : Plus de 200 entreprises et 2.000 parties prenantes ont suivi les travaux de la Commission européenne. C'est une approche complexe qui pose la question de la communication et de l'implémentation de la performance environnementale. Notre vision est que la performance environnementale doit être le fondement des démarches des entreprises et un facteur d'amélioration vers l'écoconception. Nous nous positionnons comme un nouvel acteur, un tiers de confiance, entre les industriels et les consommateurs, qui peut être le garant des travaux autour de l'empreinte environnementale. Nous avons développé un outil, pendant deux ans avec une dizaine d'informaticiens, pour que les industriels calculent leur performance environnementale selon les principes validés scientifiquement par les travaux de la Commission européenne. A partir des référentiels élaborés lors de l'expérimentation européenne, nous savons, par catégorie de produits, quelles sont les données d'activité pertinentes à prendre en compte et les catégories d'impacts à regarder. Grâce à notre outil, l'industriel aura une notation environnementale de ses produits et pourra être éclairé sur ses bonnes ou mauvaises pratiques et les pistes d'amélioration.

AE : Votre plateforme s'adresse également aux consommateurs…

CG : Nous voulons inciter les industriels à "se dépister" environnementalement. La question était de savoir comment les inciter à le faire. Il n'y a pour l'instant aucune obligation réglementaire, c'est une démarche volontaire. La performance environnementale va devenir un critère de choix pour le consommateur. Aujourd'hui, celui-ci ne croit pas aux allégations environnementales. Mais désormais, nous avons une méthode validée, robuste, développée par la Commission européenne. Treize indicateurs ont été définis, ainsi qu'une formule de pondération des impacts. On obtient un score en micropoints. Ce n'est pas un label, ni une classe (A, B, C) mais un score unique qui permet de comparer les produits par catégorie. Prenons l'exemple de deux bouteilles d'eau de contenance identique. De la bouteille en verre ou de celle en PET, laquelle est la plus performante d'un point de vue environnemental ? A priori, on pense que c'est la bouteille en verre. Ce n'est pas faux, mais seulement si le verre est réutilisable… Notre outil présentera la note environnementale du produit sur une échelle allant du meilleur au moins bon des produits de sa catégorie. Le consommateur scannera le produit avec son smartphone pour accéder à cette information. Il aura également la possibilité, via la plateforme, de faire pression sur l'industriel pour qu'il améliore ses performances.

AE : Ne craignez-vous pas que seuls les meilleurs communiquent sur leurs résultats ?

CG : Les industriels sont encore frileux, même ceux qui ont participé aux travaux européens. Ils ne voient pas encore l'enjeu direct. Au départ, peu importe la performance environnementale des produits. Ce qui compte, ce sont les engagements que les industriels vont prendre pour améliorer cette performance. Grâce à un outil dynamique, ils pourront valoriser les progrès accomplis. Notre outil permettra également de mesurer les impacts réels des engagements des entreprises. Par exemple, quand Evian s'engage à revoir ses emballages, il agit sur 70% de ses impacts. En revanche, lorsque Nestlé prend le même engagement sur ses produits laitiers, il n'agit que sur 20% de ses impacts… Notre outil permet de quantifier les progrès. Si les meilleurs publient leurs performances, les concurrents ne pourront pas l'ignorer. Et le consommateur aura le pouvoir de plébisciter les industriels qui auront choisi d'afficher leur performance. Le consommateur est l'arbitre. Nous discutons aussi avec des distributeurs qui ont le pouvoir de demander aux industriels de noter leurs produits. Enfin, notre outil peut donner une information fiable, indépendante. Nous sommes en discussion avec l'un "des pires élèves", souvent attaqué par les ONG. Notre plateforme l'intéresse pour pouvoir communiquer de manière neutre et objective sur les performances réelles de ses produits.

AE : Quel est votre modèle économique et comment assurer votre neutralité vis-à-vis des industriels ?

CG : Nous n'aurons pas de revenus publicitaires. Nous voulons donner la possibilité aux industriels de noter leur produit à un coût raisonnable, identique pour tous. Les services supplémentaires seront tarifiés. Nous allons suivre les recommandations de la Commission européenne : la plateforme sera soumise à une revue critique.

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