Le 1er décembre, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié un rapport (1) qui examine le bien-fondé des orientations de sûreté des ouvrages de fermeture du projet de Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) dédié aux déchets radioactifs de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MAVL). Réalisé dans le cadre de l'analyse de sûreté du projet Cigéo, le document passe en revue la fiabilité des composants censés limiter la perméabilité, notamment hydraulique, du site de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
Pour rappel, Cigéo comporte une installation sous-terraine à 500 m de profondeur, des installations de liaison surface-fond (descenderie et puits) et des installations de surface. Lors de sa fermeture, le remblayage et la pose de "scellements", c'est-à-dire d'ouvrages de quelques dizaines de mètres de longueur destinés à isoler hydrauliquement l'installation, est prévu aux points clés : liaison surface-fond, certaines galeries et extrémités des alvéoles MAVL. Pour les alvéoles contenant les déchets HA, c'est-à-dire les plus nocifs, l'Andra propose d'utiliser des "bouchons HA" de quelques mètres de longueur.
Doutes sur le scellement de la descenderie
S'agissant des scellements, l'IRSN "relève que la contribution la plus importante à la fonction de sûreté [est] apportée par les scellements des liaisons surface-fond". Globalement, "l'objectif de perméabilité de ces scellements peut être atteint", juge l'IRSN qui préconise néanmoins un essai en vraie grandeur pour confirmer ce point. Il recommande aussi à l'Andra de mieux évaluer la sollicitation des scellements de liaison surface-fond par l'eau et les gaz ainsi que l'impact de l'activité bactérienne sur l'efficacité des ouvrages de fermeture.
La réversibilité s'annonce délicate
Au sujet de la réversibilité du site, l'IRSN "constate que les techniques de déconstruction et dispositions associées sont très préliminaires et que l'analyse des risques associés à ces opérations n'est pas disponible à ce stade du projet". Cependant, il considère que les opérations de retrait des colis deviennent "significativement plus complexes" dès lors que les ouvrages de fermeture (bouchons d'alvéoles HA, scellements) sont construits.
En conséquence, cette opération, jugée "lourde et délicate", nécessite une validation expérimentale.
Au sujet des scellements de fond, l'IRSN note que l'Andra retient une perméabilité
Faut-il déposer les inserts en tête d'alvéole ?
S'agissant des bouchons HA, l'IRSN rappelle tout d'abord qu'ils doivent, selon le dossier de l'Andra, "limiter le relâchement des substances radioactives et toxiques" et "retarder et atténuer leur migration", mais pas nécessairement "s'opposer à la circulation de l'eau". En effet, l'Andra retient la mise en place des bouchons HA dans les chemisages métalliques (appelé "insert") en tête d'alvéole. Or, la corrosion de ces chemisages est "attendue à long terme", ce qui impactera la perméabilité à l'eau de l'ensemble, indépendamment de la perméabilité des bouchons.
"L'IRSN indique qu'à ce stade, ses propres évaluations et simulations ne remettent pas en cause l'option de conception avec insert mais considère que l'Andra devra en apporter la démonstration", rapporte l'Institut. L'Andra a déjà prévu de réaliser des tests, en particulier pour évaluer cette option de fermeture sans dépose des inserts, hors situation de fonctionnement normal. Elle prévoit aussi d'évaluer la faisabilité et la performance d'un concept avec dépose de l'insert.
Par ailleurs, l'IRSN juge que "l'analyse de l'évolution phénoménologique des bouchons HA, à l'instar de celle relative aux scellements, nécessite d'être confortée". Elle recommande en particulier des études et essais complémentaires relatifs aux évolutions thermique, hydraulique, mécanique, chimique et de la sollicitation due aux gaz.