Dans l'esprit des consommateurs, l'achat d'aliments en circuit court présente forcément un meilleur bilan environnemental. Dans un avis publié mardi 27 juin, l'Ademe montre en fait qu'un certain de nombre de conditions liées au mode de production, au transport et à la conservation des produits doivent être respectées pour que ce soit effectivement le cas.
Le mode de production apparaît primordial, "beaucoup plus" que le mode de distribution, révèle l'Agence de l'environnement, qui rappelle qu'il est directement lié au respect de la saisonnalité des produits. "Des aliments produits localement mais « hors saison » sous serre chauffée pourront consommer plus d'énergie et rejeter plus de gaz à effet de serre que des produits importés de pays où ils sont cultivés en plein air, même en incluant le transport", explique l'Ademe. Ainsi, le bilan en termes d'émission de CO2 sera deux fois plus élevé avec une salade cultivée en Allemagne sous serre en hiver qu'avec le même légume importé d'Espagne où il est cultivé en plein champ.
Optimiser la logistique
Le deuxième point de vigilance porte sur la logistique. "Si dans le cadre des circuits de proximité, les produits parcourent une distance plus faible, les consommations d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas, pour autant, systématiquement plus faibles", avertissent les auteurs de l'expertise. En effet, précisent-ils, les émissions par kilomètre parcouru et par tonne transportée sont environ "dix fois plus faibles pour un poids lourd de 32 tonnes et cent fois plus faibles pour un cargo transocéanique que pour une camionnette de moins de 3,5 tonnes". D'où la nécessité de mobiliser un moyen de transport en adéquation avec le volume transporté, d'optimiser son remplissage et de faire appel à des véhicules "propres".
Enfin, l'Ademe attire l'attention sur les procédés de transformation/conservation des aliments, comme la congélation ou les conserves. Si les circuits de proximité permettent en principe de les limiter, ils sont toutefois utilisés pour permettre une consommation de fruits et légumes variés toute l'année et pour limiter les pertes liées à la saisonnalité de la production. Or, consommateurs d'énergie et émetteurs de gaz à effet de serre, ces procédés sont "généralement moins optimisés que dans les industries agro-alimentaires", pointent les experts.
Partager les bonnes pratiques
Conclusions de l'Ademe ? "Il convient (…) d'accompagner les initiatives portées par les différents acteurs (collectifs de citoyens, collectivités, chambres d'agriculture, associations locales, etc… ) et de partager les bonnes pratiques afin d'optimiser les gains environnementaux portés par ces modes de distribution."
D'autant que l'établissement public met aussi en avant tout une série d'acquis liés aux circuits courts : soutien à l'agriculture bio, maintien des terres agricoles en milieu péri-urbain, sensibilisation des producteurs et consommateurs aux enjeux environnementaux liés à l'alimentation, réduction des emballages, valorisation de produits refusés par la grande distribution, etc.
Sans oublier les avantages sociaux et économiques des circuits de proximité : sécurisation du modèle économique et reconnaissance du métier d'agriculteur, "juste prix", qualité et quête de sens pour le consommateur, création d'emplois locaux, développement de l'économie sociale et solidaire, et du lien social pour le territoire.