"Nous ne perdons pas de vue que l'agrégation des engagements volontaires des Etats nous laisse encore aujourd'hui sur une trajectoire de 3°C, une augmentation catastrophique à laquelle, nous le savons, nos sociétés ne pourront s'adapter". Réunie pendant trois jours à Nantes (Loire-Atlantique) pour le sommet Climate chance, la société civile internationale a réaffirmé sa mobilisation en faveur du climat et appelé les Etats à prendre leurs responsabilités dans une déclaration commune (1) , adoptée le 28 septembre.
"Le message est clair, analyse Ronan Dantec, président de l'association Climate chance et par ailleurs sénateur écologiste de Loire-Atlantique. Nous ne sommes plus dans le temps des déclarations, mais bien dans celui de l'action. Or, c'est bien sur les territoires que l'action se passe. Les Etats ne peuvent pas faire sans la société civile".
17 coalitions pour engager l'action en faveur du climat
Près de 3.000 représentants de collectivités, d'entreprises et d'associations de 62 pays différents ont fait le déplacement à Nantes. L'objectif : poursuivre la dynamique engagée à Lima (Pérou) lors de la COP 20, à travers l'agenda des solutions notamment, et peser sur les engagements des Etats. Après la COP 21, de nombreux observateurs ont estimé que l'Accord de Paris avait été trouvé grâce à la forte mobilisation des acteurs non-étatiques. L'accord contient d'ailleurs une meilleure reconnaissance de ces derniers, même s'ils sont considérés comme "parties non concernées".
Depuis Lima, 17 coalitions thématiques différentes ont été créées, afin d'organiser leur action et de la coordonner (énergie, eau, transport, éducation, planification territoriale, océan, agriculture, économie circulaire, financement, partenariat...). "Chaque coalition dispose désormais d'une feuille de route claire et résolument orientée vers l'action, avec l'objectif de peser sur la réévaluation des engagements volontaires des Etats en 2018, étape indispensable pour tenir l'objectif de 2°C fixé dans l'Accord de Paris. C'est maintenant aux Etats de proposer un cadre clair de coopération en vue de contribuer à ces réévaluations", poursuit la déclaration. L'accord prévoit un premier bilan en 2018, avec une évaluation des efforts de réduction d'émissions et un rapport des scientifiques du GIEC. "Nous affirmons ici notre volonté de nous organiser pour porter des propositions constructives et précises permettant aux Etats de procéder dès 2018, dans le cadre du « Dialogue de facilitation », à des réévaluations ambitieuses de leurs contributions volontaires", indiquent les acteurs non-étatiques. Un prochain sommet Climate chance, organisé à l'automne 2017 au Maroc, permettra de mesurer les avancées.
Ratification, financements et cohérence dans l'action
Mais auparavant, les acteurs non-étatiques demandent aux Etats de ratifier rapidement l'Accord de Paris pour qu'il puisse entrer en vigueur au plus vite. "Ces ratifications doivent nous mettre en situation de travailler sur l'application de l'Accord de Paris, notamment sur le renforcement des actions concrètes dans la période pré-2020, en envoyant des messages importants de mobilisation aux acteurs politiques et économiques à tous les niveaux". Ils appellent aussi à la mise en cohérence des différents chantiers internationaux, notamment les objectifs du développement durable (ODD) et le nouvel agenda urbain (Habitat III).
Pour cela, la mobilisation des financements internationaux, publics et privés, est essentielle. "Nous rappelons la nécessité de tenir concrètement l'engagement pris à Copenhague par les pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars de financements additionnels par an sur l'action climatique, mais nous insistons tout autant sur la nécessité d'une cohérence sur l'ensemble des financements internationaux : travailler aux critères permettant d'éviter le financement de projets et d'infrastructures contraires à cet agenda du climat et du développement durable doit être une priorité de la communauté internationale".
Cet argent doit profiter au maximum aux acteurs locaux, souligne la déclaration, et aux "projets de petite échelle mais aux impacts importants, inclusifs et réplicables, alors que ces fonds sont souvent encore monopolisés par de lourds projets d'infrastructures".