Mis à part l'Ethiopie et le Maroc, les engagements climatiques nationaux ne répondent pas à l'objectif des 2°C. Pire, certains ont peu de chance d'être tenus faute de politiques adéquates. Sept INDC sur quinze sont insuffisants.
Les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pris jusqu'à présent aboutissent "à des émissions mondiales largement supérieures au niveau requis pour maintenir la hausse moyenne des températures mondiales en deçà de 2°C". Quant à l'objectif de limitation à 1,5°C, il est "quasiment inatteignable". Cette insuffisance des engagements nationaux ne constitue pas une surprise. En revanche, nombre de grands pays émetteurs proposent des réductions, qui dans des proportions variées, restent insuffisantes. C'est notamment le cas des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie et de l'Union européenne.
Telles sont les grandes lignes de l'évaluation du Climate Action Tracker (CAT) présentée mercredi 2 septembre à Bonn (Allemagne) dans le cadre de l'avant-dernière réunion officielle des négociations onusiennes avant la COP21 de décembre à Paris.
Le groupement de quatre organismes scientifiques indépendants s'est basé sur les contributions intentionnelles déterminées au niveau national (INDC, pour Intended Nationally Determined Contribution) présentées, jusqu'à maintenant, par 56 pays au secrétariat général de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc).
L'accord de Paris, un verrou pour l'avenir climatique ?
Pour l'instant, les 56 pays ayant remis leur INDC représentent 65% des émissions globales et 43% de la population. Le CAT s'est focalisé sur 15 INDC, dont celle commune aux 28 Etats membres de l'Union européenne, soit 42 pays couvrant 64,5% des émissions mondiales. Actuellement, les engagements pris placent la température moyenne du globe sur une trajectoire de +2.9 à +3.1°C, d'ici la fin du siècle par rapport à l'ère préindustrielle. Un niveau qui ne s'est guère amélioré depuis la conférence de Lima (Pérou) en décembre 2014, explique le CAT.
Les projections réalisées à partir des engagements pris par ces pays montrent que si les objectifs fixés pour 2030 ne sont pas renforcés, la cible des 2°C est quasiment inatteignable. En effet, les émissions globales devraient baisser de plus de 5% par an après 2030 pour espérer respecter l'engagement politique pris à Copenhague (Danemark) il y a six ans… Quant à la possibilité de limiter la hausse des températures à 1,5°C, comme le réclament certains des pays les plus menacés, il serait quasiment impossible à atteindre.
Or, il existe un risque important que l'accord de Paris, en se contentant des objectifs actuels, "verrouille" l'avenir climatique de la planète. Aussi, le CAT propose-t-il que les pays ne s'engagent que jusqu'en 2025, afin de pouvoir proposer ultérieurement de nouveaux engagements plus ambitieux pour 2030.
Pour limiter à 2°C le réchauffement planétaire, il faudrait que les pays s'étant engagés réduisent collectivement leurs émissions de 12 à 15 milliards de tonnes d'équivalent CO2 (GtCO2) supplémentaires d'ici 2025 et de 17 à 21 GtCO2 supplémentaires d'ici 2030.
Quelles politiques derrière les promesses ?
Concrètement, parmi les 15 contributions, seules deux sont jugées "suffisantes", celle de l'Ethiopie et du Maroc. Six sont "moyennes" et sept "inadéquates". En conséquence, la plupart des pays s'étant engagés doivent revoir leur cible de réduction de leurs émissions, estime le CAT.
Les INDC de l'Australie, du Canada, de la Corée du Sud, du Japon, de la Nouvelle-Zélande, de la Russie et de Singapour sont qualifiés d'insuffisants, "pratiquement quelle que soit la perspective retenue". Outre le niveau de réduction proposé et l'absence d'application volontariste, le CAT souligne que certains de ces pays, à l'image du Canada, de la Nouvelle-Zélande et de la Russie, ont pris des engagements incohérents avec l'objectif qu'ils se sont fixés à long terme, c'est-à-dire pour 2050.
Le groupe des engagements "moyens" contient des pays dont les INDC sont similaires en terme d'ambition. Il s'agit de la Chine, de l'Union européenne, du Mexique, de la Norvège, de la Suisse et des Etats-Unis. Leurs engagements comprennent certaines conditions nécessaires au respect de l'accord politique de Copenhague, mais le monde ne parviendra pas à limiter la hausse des températures à 2°C sans un renforcement de l'ambition. A noter que parmi ces pays, la Chine et l'Union européenne sont souvent citées en exemple. Il leur faudrait réaliser peu d'effort pour quitter ce groupe.
Le CAT souligne qu'au-delà de l'engagements pris, l'un des points les plus inquiétants est que très peu de pays ont mis en place une politique crédible pour être en mesure de le respecter à l'horizon 2025. Seules deux exceptions : la Chine et l'Union européenne qui pourraient même dépasser leurs objectifs au regard de leur stratégie de mise en œuvre. Quant aux Etats-Unis, "ils montrent des progrès" dans la mise en œuvre de leur engagement, mais "leurs politiques, tout comme leur niveau d'engagement, restent insuffisants".
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Note Le CAT reproupe le Climate Analytics, Ecofys, le NewClimate Institute et le Potsdam Institute for Climate Impact Research.Article publié le 03 septembre 2015