Dans son discours sur l'état de l'Union, la présidente de la Commission européenne a proposé de porter l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 de 40 à 55 % (par rapport à 1990). « Notre analyse d'impact montre clairement que la réalisation de cet objectif mettrait résolument l'UE sur la voie de la neutralité climatique d'ici à 2050 et du respect de ses obligations découlant de l'accord de Paris », a indiqué Ursula von der Leyen devant les eurodéputés.
La veille, un groupe d'investisseurs institutionnels, coordonné par IIGCC, gérant 33 000 milliards d'euros d'actifs, avait appelé l'UE à relever l'objectif de réduction pour 2030 à « au moins 55 % ». Lundi 14 septembre, un autre groupe de 150 chefs d'entreprises et investisseurs, coordonné par le Corporate Leaders Groups, avait lancé un appel dans le même sens.
« Nous pouvons le faire. Nous avons déjà montré que nous en étions capables. Alors que les émissions ont chuté de 25 % depuis 1990, notre économie a crû de plus de 60 % », a expliqué la présidente de l'exécutif européen. Cette dernière a mis en avant le Fonds pour une transition juste permettant de soutenir les régions qui auront à subir les changements les plus importants et les plus coûteux. Mme von der Leyen a annoncé la révision d'ici l'été prochain de la législation sur le climat et l'énergie à l'aune de ce nouvel objectif. « Nous améliorerons l'échange de droits d'émission, promouvrons l'utilisation des énergies renouvelables, améliorerons l'efficacité énergétique et réformerons la fiscalité sur l'énergie », a-t-elle expliqué.
« Changement de paradigme complet »
« Quand on compare la situation dans laquelle on est aujourd'hui et la situation dans laquelle on était il y a 18 mois, avant les élections européennes, on a un changement de paradigme complet : l'année dernière, avant les élections, l'ancien président de la Commission, Jean-Claude Juncker, disait que l'on ne pourrait jamais aller au-delà de l'objectif actuel (…). Aujourd'hui, le débat porte sur le fait de savoir si on va faire -55% ou -60% ! », se félicite Pascal Canfin (Renew Europe), président de la commission environnement du Parlement européen au micro de France Inter. Le 11 septembre, les membres de cette commission avaient voté pour rendre obligatoire la neutralité climatique d'ici 2050 et fixer une réduction des émissions de 60 % en 2030.
La proposition de la Commission marque le début d'un débat entre les chefs d'État, explique Benjamin Jullien de la Fondation pour le climat. « Les dirigeants européens en débattront mi-octobre en vue d'un accord d'ici la fin de l'année. Celui-ci sera intégré dans la loi climat de l'UE, puis repris dans la contribution de l'UE déterminée au niveau national ("NDC") qui sera soumise à la Ccnucc avant la fin de l'année », détaille ce dernier.