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Climat et scénarios électriques : les cinq enseignements de l'étude de RTE

RTE poursuit le décryptage de son étude prospective à 2050 sur les scénarios énergétiques potentiels. Quels seront l'impact du climat et l'efficacité de ces scénarios sur les émissions carbonées du pays, voire de l'Europe ? RTE retient cinq enseignements.

Energie  |    |  F. Roussel
Climat et scénarios électriques : les cinq enseignements de l'étude de RTE

Le gestionnaire de transport d'électricité RTE poursuit le décryptage détaillé de son étude prospective Futurs énergétiques 2050, présentée en octobre dernier. Après une analyse du volet consommation électrique, puis celui sur les coûts des scénarios, il s'attache, cette fois, à évaluer les conséquences des évolutions climatiques sur le système électrique (1) et, inversement, les impacts de ces choix énergétiques sur les émissions de carbone. Plusieurs enseignements en ressortent, bien utiles pour mettre fin à certaines idées reçues et éclairer les choix politiques à venir.

Vers une perte de production nucléaire

Pour élaborer ses futurs énergétiques possibles, RTE s'est basé sur les prospectives du Giec afin d'intégrer les conséquences du réchauffement climatique sur le système électrique, avec l'aide de Météo-France et de l'Institut Pierre-Simon-Laplace. « C'est un exercice inédit, qui nous a permis de traduire la variabilité attendue du climat en chroniques horaires de production et de consommation d'électricité », explique Thomas Veyrenc. Et le directeur du pôle stratégie chez RTE d'expliquer : « Nous avons réussi à simuler l'équilibre offre-demande et le fonctionnement du réseau pour chaque heure de l'année. Ce sont des calculs très complexes, qui permettent d'aller beaucoup plus dans le détail que d'autres études. »

“ Nous avons réussi à simuler l'équilibre offre-demande et le fonctionnement du réseau pour chaque heure de l'année. ” Thomas Veyrenc, directeur du pôle stratégie chez RTE
Résultat, le système électrique sera particulièrement sensible à la durée des vagues de chaleur, qui risque d'augmenter et d'influencer la disponibilité des ressources en eau, utiles pour la production hydroélectrique mais aussi pour le refroidissement des centrales nucléaires. « On va devoir aller vers une gestion différente, car dans de nombreuses régions, le productible hydraulique devrait augmenter en fin d'hiver et au printemps, mais diminuer fortement à la fin de l'été et à l'automne », explique le spécialiste de RTE.

La baisse du niveau d'eau dans certains fleuves va accroître le risque d'indisponibilité de certaines centrales nucléaires, qui les utilisent pour se refroidir. Quatre sites concentrent 90 % des risques, avec des pertes de productibles pouvant atteindre 6 GW : Chooz, sur la Meuse, Bugey et Saint-Alban, sur le Rhône, Golfech, sur la Garonne. « Ces indications sont très utiles, notamment si la France s'engage à construire de nouveaux réacteurs nucléaires sur les sites existants. C'est une donnée à prendre en compte », suggère Thomas Veyrenc.

Les choix français influenceront le bilan carbone de l'Europe

Le système électrique français devra donc faire face à de nouveaux enjeux climatiques d'ici à 2050, mais il est aussi la réponse pour baisser les émissions de carbone du pays. Pour RTE, il est clair qu'électrifier des secteurs où les émissions sont diffuses et difficiles à maîtriser (comme les transports, le bâtiment ou encore l'industrie) permettra de sortir des énergies fossiles dont la France dépend encore à hauteur de 60 %. « D'ici à 2050, l'électrification des usages permettra de réduire de 121 millions de tonnes les émissions des transports, de 51 millions de tonnes celles liées au chauffage des bâtiments et de 50 millions de tonnes celles de l'industrie manufacturière », chiffre Thomas Veyrenc. Dans l'ensemble, le secteur électrique contribuera ainsi pour un tiers de la réduction des émissions totales de la France d'ici à 2050 selon les calculs de RTE, et pour plus de la moitié de la réduction des émissions liées à l'énergie.

Mais qui dit électrification des usages, dit hausse de la consommation et, par conséquent, baisse des exportations. Ce qui ne sera pas sans effets pour la décarbonation du système électrique européen. Et ce sera d'autant plus visible en fonction du rythme de fermeture des centrales nucléaires pour abaisser à 50 % la part de l'atome dans le bouquet énergétique national. « Les scénarios dans lesquels on ferme de manière accélérée les centrales conduisent à une réduction des exports d'électricité, avec un impact sur le bilan carbone de l'Europe et sur la probabilité d'atteindre son nouvel objectif de – 55 % d'ici à 2030 », constate Thomas Veyrenc. Seule option pour RTE : assurer un rythme de développement des énergies renouvelables à la hauteur. « La décarbonation de l'ensemble dépend du rythme de production des ENR. Si on est en retard, l'électricité non produite sera compensée par du fossile. Dans tous les scénarios, il y a urgence à se mobiliser ! Il faut que le rythme de développement des systèmes de production bas carbone dépasse celui de la fermeture des réacteurs », prévient le spécialiste.

La réindusrialisation favorise la réduction de l'empreinte carbone de la France

Mais ces énergies renouvelables et ce nucléaire ne provoquent-ils pas des émissions de carbone à l'autre bout de la planète ? RTE a étudié la question par une approche « cycle de vie » afin de lever tous les doutes et mettre fin à quelques idées reçues. « Même en intégrant le cycle de vie, les ENR et le nucléaire sont moins émetteurs que les énergies fossiles, il n'y a aucun doute. Leur développement ne va pas délocaliser les émissions de carbone ailleurs. » En prenant en compte les émissions directes et indirectes, RTE calcule que la filière bois-énergie émet 66 gCO2/kWh, le biogaz agricole 70, le photovoltaïque 43, l'éolien terrestre 16 ou encore 7 pour le nucléaire. Alors que pour le fioul, il faut compter 930 gCO2/kwh et 400 pour le gaz fossile brûlés dans des centrales à cycle combiné.

Ces filières ENR peuvent encore améliorer leur bilan carbone si la production des équipements nécessaires à leur développement se relocalise en France. D'ailleurs, là aussi, RTE met fin à une idée reçue : la réindustrialisation de la France ne va pas plomber son bilan carbone. Au contraire, le scénario « réindustrialisation profonde » conduit à réduire les émissions de 20 millions de tonnes en 2030 par rapport au scénario de référence. Ce qui pourrait permettre à la France et l'Europe d'atteindre le nouvel objectif du Green Deal (- 55 % d'ici à 2030). « C'est un point important de notre étude. Ce scénario permet de limiter de 900 millions de tonnes les émissions d'ici à 2050, même dans un monde qui s'achemine vers la neutralité carbone », conclut Thomas Veyrenc.

1. Télécharger le volet sur l'étude des conséquences des évolutions climatiques sur le système électrique
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-38696-BP2050-rapport-complet-chapitre8-climat-systeme-electrique.pdf

Réactions3 réactions à cet article

Bonjour,
Je ne trouve aucune trace de ces calculs de poids carbone dans le volet climatique du rapport RTE :
"En prenant en compte les émissions directes et indirectes, RTE calcule que la filière bois-énergie émet 66 gCO2/kWh, le biogaz agricole 70, le photovoltaïque 43, l'éolien terrestre 16 ou encore 7 pour le nucléaire."
Pourriez-vous me dire où trouver cette information ?
Merci

gwakos | 10 décembre 2021 à 16h43 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour,

Ces éléments ont été présentés en parallèle par RTE à l'occasion d'un webinaire. Je pense qu'ils seront publiés dans le volet final de leur étude attendu dans quelques mois. Je vais me renseigner.

Florence Roussel Florence Roussel
13 décembre 2021 à 09h09
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Ces valeurs de masses de CO2 eq produites pour obtenir 1 kWh, ne sont pas les masses de CO2 obtenues par combustions de fioule, Gaz Nat., charbon ., Ces valeurs se trouvent ( avec des variations) aussi sur la documentation base carbone (ademe) https://www.bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?renouvelable.htm .Il me semble que ce tableau devient un dogme pour faire baisser le CO2 produit même si de nouvelles pollutions, dégradations de milieux vont apparaître. Exemples des méthaniseurs par les digestats répandus qui dégradent les sols, l'eau, l'air , On avait eu en 2009 un dogme " brûler du bois économise le CO2 -> porte d'entrée aux réseaux chaleur à TVA réduite, déforestations, dégradations chaussées, routes, consos de matériaux ... le tout aidé à tous les étages par l'argent de l'Etat (fonds chaleur au pétitionnaire, filière bois-énergie, plantations arbres.), même des installations de chaudières bois polluantes en ville ! " En 2020, aurait on économisé du CO2 lors des plus grands incendies de forêts dans le monde ? Un dogme chasse l'autre .. Sauf que les normes de "pollution air" en PM10, PM 2.5, NOx deviennent en même temps plus contraignantes ! Quel que soit le moyen, Produire de l'énergie pollue en consommant des RESSOURCES. On ne trouvera pas la solution dans ce marché mondial "marchand", et assoiffé de gains, mais il faudrait commencer par ne produire que ce qui est UTILE + En circuit le + COURT possible + ECONOMISER les énergies + ..

J Cl M 44 | 15 décembre 2021 à 11h22 Signaler un contenu inapproprié

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