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Actu-Environnement

Les climate bonds pour financer la transition énergétique

La finance est un levier potentiellement puissant pour investir dans les infrastructures permettant de sortir des énergies fossiles, à l'heure où la facture pétrolière coûte un milliard d'euros par jour aux 27 pays de l'Union européenne.

Gouvernance  |    |  A. Sinaï

La transition énergétique pourrait être vécue comme une "immense opportunité", déclare Sean Kidney, directeur de la Climate Bonds Initiative, en ouverture d'un colloque sur le financement de la transition énergétique en France, co-organisé par la CDC Climat, filiale de la Caisse des dépôts, à Paris, le 4 juin. "Il s'agit de la décliner en termes d'investissements et non de coûts, au service d'un changement extraordinaire, en contrepartie de fabuleux retours sur investissements." Basée à Londres, l'Initiative Climate Bonds conseille les investisseurs afin d'orienter leurs obligations vers des projets à bas carbone et leur délivre une certification sur la base de critères définis par un panel d'experts, parmi lesquels des représentants du fonds de pension californien CalSTRS, le Natural Ressources Defense Council, l'agence de notation Standard and Poor's, et des investisseurs institutionnels.

"Emis surtout pour l'instant par les grands financeurs publics internationaux (Banque mondiale, BEI…), les climate bonds sont peu développées en France. Or la transition énergétique et écologique crée des besoins de financement qui portent sur des investissements encore peu connus, tels que la rénovation thermique des bâtiments ou certains projets d'énergie renouvelable. De l'autre côté, les investisseurs institutionnels cherchent à diversifier leurs portefeuilles et sont soucieux de mener une politique d'investissement socialement responsable", résume Pierre Ducret, président de la CDC Climat.

Un gigantesque potentiel financier

Sur le papier, les perspectives sont prometteuses, car tout ou presque reste à faire. "Tout l'enjeu aujourd'hui est de concevoir des émissions obligataires "vertes" qui orientent les capitaux privés vers la transition énergétique tout en répondant aux critères des investisseurs : risques, liquidité, labellisation "verte" indépendante et traçabilité incontestable des investissements... Dans la mesure où ces placements accompagneraient une priorité publique, un soutien fiscal, réglementaire ou réduisant le coût en fonds propres, permettrait d'accroître leur attractivité", selon la CDC Climat.

Le potentiel global d'investissement est d'environ 80 trillions de dollars par an : 30 trillions relevant des fonds de pension, 27 trillions du secteur des assurances, 3 trillions des fonds souverains, 20 trillions de mutuelles et fondations : une fabuleuse manne, résume Chris Knowles, chef de la division changement climatique à la Banque européenne d'investissements, le plus large financeur de projets favorables au climat. L'Agence internationale de l'énergie estime à 1 trillion de dollars par an le coût global des investissements nécessaires à l'efficacité énergétique d'ici à 2050.

Actuellement, les investissements dédiés aux infrastructures dans leur ensemble sont estimés à 2 trillions de dollars par an. En regard de ce chiffre, les green bonds totalisent entre 16 et 86 billions de dollars annuels, expose Helen Mountford, directrice adjointe de l'environnement à l'OCDE. En ce qui concerne les infrastructures de transports, l'OCDE estime que la continuation des investissements courants dans ce secteur atteindra 3 trillions de dollars par an d'ici à 2050. Réorienter en amont cette manne vers des investissements en faveur des transports à bas carbone, en particulier dans les pays émergents, est possible en mobilisant des partenariats publics-privés, des climate bonds et une fiscalité sur le prix anticipé du foncier, qui prendra de la valeur dès lors que des infrastructures douces le valorisent. Une taxe de ce type a d'ores et déjà été mise en œuvre par la ville de New York pour financer la ligne de métro Hudson Yards.

Rassurer les investisseurs

Globalement, ce sont 88 billions de dollars qui ont été investis dans les énergies renouvelables au cours de l'année 2011, alors que les énergies fossiles mobilisent entre 500 et 600 billions de dollars d'investissements la même année. Emblématique de ce type de projets, le pipeline Keystone XL est estimé à un coût de 7 billions de dollars. De 1408 kilomètres de long, le Keystone XL doit connecter les gisements de sables bitumineux de l'Alberta (Canada) aux raffineries de l'Oklahoma et du Golfe du Mexique (Etats-Unis). Le consortium TransCanada qui le finance rassemble des fonds de pension, des compagnies d'assurance et des fonds communs de placement, motivés par les performances historiques des infrastructures des énergies fossiles. Cette confiance des investisseurs dans les énergies fossiles "pose question sur la manière dont les institutions financières intègrent le changement climatique et d'autres critères liés à l'énergie dans l'analyse de leurs investissements", relève Ian Cochran dans une note de la CDC-Climat datée de juin.

Pour Dominique Dron, chargée du Livre blanc sur le financement de la transition énergétique, "il importe que les nouveaux instruments financiers inspirent la confiance, que leur traçabilité soit garantie, qu'il y ait une diversité d'outils et d'acteurs. La question du partage des risques doit faire l'objet d'un soin particulier". Inspirer la confiance, c'est le rôle de la CDC Climat, qui plaide pour des canaux d'investissements sécurisés. Les Green Bonds doivent devenir un outil de la transition énergétique, de même que les obligations sécurisées par les actifs, afin de lancer "une politique industrielle de la gestion des ressources".

Pourquoi les investisseurs ne sont-ils pas convaincus de l'intérêt de financer la transition énergétique ? Vincent Damas, directeur des règles d'investissement et du financement au sein du groupe CMP Assurances, récapitule leurs attentes : "L'établissement de normes agréées par l'ensemble des intervenants permettrait de mieux différencier les catégories d'obligations. La certification de chaque émission obligataire par des tiers indépendants faciliterait l'analyse par les investisseurs et la comparabilité. Le risque de crédit de l'émetteur reste prépondérant dans l'analyse de l'investissement obligataire : le label "climate bond" est un plus et non une condition suffisante. La taille des émissions obligataires doit être suffisante (au moins 300 M€) pour assurer une liquidité sur le marché secondaire. L'investisseur doit pouvoir connaître les utilisations de ces produits financiers, tant au moment de l'émission que durant toute la vie de l'obligation."

Réactions2 réactions à cet article

Pas mal: "La finance est un levier puissant pour investir". Monsieur de la Pallice est dans la rédaction?
Ou bien à la CDC Climat, où l'on trouve quelques génies fonctionnarisés du "marché carbone"... Succès mondial reconnu, garanti par Standard & Poors. Je suis déçu ne ne pas avoir lu la quantité astronomiques d'emplois verts garantis par ce mirage.

Albatros | 11 juin 2013 à 11h07 Signaler un contenu inapproprié

Merci pour cet article. Bien vu! En route vers la transition énergétique. Les énergies renouvelables sont notre avenir.

Ben | 12 juin 2013 à 17h25 Signaler un contenu inapproprié

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