
Le graphique en crosse de hockey
Cette ''astuce'' consiste à ajouter les données réelles, tirées des relevées de températures à partir de 1961, sur un graphique constitué de données paléo-climatiques notamment issues de l'étude de la croissance des arbres. Pour Phil Jones, il s'agit de redresser des erreurs, alors que ses détracteurs considèrent que cela vise à défendre la thèse du réchauffement climatique. Par ailleurs, les emails font état du refus de l'équipe de la CRU de fournir les données à leurs opposants et notamment à Stephen McIntyre un consultant canadien de l'industrie minière qui tient le blog climateaudit.org.
Les travaux de Michael Mann, et l'article publié par Nature qu'évoque Phil Jones, a déjà donné naissance à une vive polémique sur les travaux du GIEC. La courbe obtenue présente l'évolution des températures moyennes de 1000 à 1999 et fut reprise par le rapport sur le climat en 1999 publié par la WMO[1] ainsi que par le troisième rapport du GIEC en 2001. En 2004, cette courbe dite ''en crosse de hockey'', a été attaquée par Stephen McIntyre car elle atténuait l'optimum climatique médiéval, une période de réchauffement de l'hémisphère Nord entre 950 et 1250. Elle fut l'objet d'une enquête de la commission Energie et Commerce de la Chambre des Représentants américaine en 2005 et dont le rapport[2], lui-même objet de critiques, dirigé par le statisticien Edward Wegman, juge que ''l'estimation du professeur Mann selon laquelle la décennie 1990 a été la plus chaude du millénaire et que 1998 a été l'année la plus chaude du millénaire ne peut être soutenu par son analyse''. Suite à cette première affaire, le GIEC n'a pas retenu les travaux de Mann pour établir que ''le réchauffement du système climatique est sans équivoque'' dans son quatrième rapport en 2007.
Demandes d'enquêtes
Les emails et les documents volés aux CRU fournissent aux opposants du réchauffement global anthropique une occasion pour faire rebondir la polémique. Ainsi, le sénateur républicain de l'Oklahoma, James Inhofe, réclame une audition sur le sujet et le Représentant républicain du Wisonsin, James Sensenbrenner, estime pour sa part que ''si les emails sont authentiques c'est très troublant, car ils remettraient en question toute la science du changement climatique''. En Grande-Bretagne, c'est l'ancien ministre des Finances de Margaret Thatcher, lord Nigel Lawson, qui réclame ''une enquête indépendante de haut niveau sur cette affaire qui remet en question l'intégrité des preuves scientifiques sur lesquelles les pays se basent, par l'intermédiaire du GIEC, pour prendre des décisions politiques immensément coûteuses. De son coté, Rajendra Pachauri, président du GIEC, a indiqué le 4 décembre que le groupe enquêterait ''dans le détail''.
Indépendamment du résultat de ces enquêtes, la divulgation de ces emails donne du poids à ceux qui remettent en cause le réchauffement climatique anthropique. Ceci est d'autant plus vrai aux Etats-Unis, alors que le Congrès discute une loi sur le climat et qu'un sondage publié le 22 octobre par le Pew Research Center fait apparaître que les personnes considérant qu'il y a des preuves sérieuses du réchauffement de la planète passe de 71% en avril 2008 à 57% en octobre 2009.