
Avec l'augmentation de la production des déchets ménagers, la capacité de collecte arrive à saturation dans un grand nombre de villes françaises. Cette situation oblige les collectivités à réfléchir à la mise en place de nouveaux modes de gestion afin d'optimiser la collecte et limiter les nuisances liées à cette activité. Plusieurs villes comme Paris (75), Romainville (93) ou Ivry (94) envisagent ainsi d'expérimenter la collecte par aspiration pneumatique, une technologie développée dans les pays nordiques depuis quarante ans.
Le principe de la collecte pneumatique est assez simple et permet de transporter des ordures du point de dépôt au point de traitement, en limitant au maximum l'utilisation de camions. Concrètement, les déchets ménagers et ceux issus du tri sélectif sont placés par les usagers dans des bornes reliées à un système enterré de canalisations. Ils sont d'abord stockés temporairement au sein du point de collecte avant d'être captés par un flux d'air pour parcourir le réseau souterrain jusqu'au terminal. Après compactage, les déchets sont enfin acheminés par camions au centre d'incinération ou vers des filières de valorisation.
Des avantages pour la commune mais également pour le citoyen
Des déchets aspirés par le sol, des mauvaises odeurs éliminées, des bennes à ordure en voie de disparition… Voilà quelques-uns des avantages qui ont poussé Romainville à installer un réseau de ce type sur leur commune. "Outre l'optimisation de la collecte, cette technologie est intéressante car elle permet avant tout de rendre plus propre l'espace public en supprimant les conteneurs des trottoirs et en diminuant de façon conséquente le nombre de camions poubelles circulant dans les rues", explique Patrice Cosson de la Fédération Nationale des Activités de la Dépollution et de l'Environnement (Fnade) à l'occasion d'une journée thématique organisée par l'Ordif.
Une technologie à 2.200 euros par logement
Apportant de nombreux avantages, la mise en place d'une collecte pneumatique engendre néanmoins quelques réactions négatives. La première critique porte sur le coût de cette technologie, évaluée à plusieurs millions d'euros. Devant un tel investissement, la ville de Narbonne avait dû, en 2006, arrêter la construction de son installation pour raisons financières. Et ce, malgré la signature d'un contrat avec la société suédoise Envac.
Selon Patrice Cosson, ce procédé coûte cher car il représente surtout un investissement d'avenir capable de répondre aux problématiques de demain. Pour l'instant, la collecte pneumatique est seulement biflux (déchets ménagers et collecte sélective), mais elle pourrait facilement intégrer d'autres flux comme les biodéchets, favorisant ainsi un meilleur amortissement du réseau. Pour aider les collectivités à mettre en place un tel projet, des subventions nationales et européennes sont possibles. Même si sa demande d'aide a pris plus de temps que prévu, Romainville a obtenu près de 50 % d'aides pour installer le réseau, estimé à plus de 8 millions d'euros : 15 % de la part de l'Agence nationale de renouvellement urbain, 23 % provenant de fonds européens Feder et 10 % octroyés par la Région Ile-de-France. Au final, l'installation du procédé revient à peu près à 2.200 euros par logement. La collecte pneumatique consommant une part importante d'énergie, des habitants se sont également inquiétés d'une possible augmentation des impôts locaux. Mais, Corinne Valls se veut rassurante et insiste sur le fait que le coût de fonctionnement de cette technologie ne serait pas supérieur à la collecte classique.
Des études plus poussées devront, par ailleurs, être menées pour mieux caractériser l'empreinte carbone de cette technologie. En Suède, une étude de l'université de Stockholm a montré que la collecte pneumatique réduit de 67 % l'empreinte carbone par rapport à un système conventionnel. Mais, cette évaluation se focalise uniquement sur le fonctionnement du dispositif, sans prendre en compte les travaux importants de mise en place des réseaux.
Des sacs de couleur pour le tri
D'autres solutions, plus ou moins innovantes, sont également envisagées par certaines villes françaises comme les conteneurs à déchets enterrés ou semi-enterrés. A Nantes et à Montpellier, les collectivités ont choisi l'Optibag, un système automatisé de tri optique des ordures ménagères triées à la source par l'utilisation de sacs poubelles de couleurs différentes. Par exemple, un sac de couleur bleu pour les résiduels, jaune pour le papier ou encore rouge pour les emballages. Tous les sacs étant réunis dans un seul bac de collecte, ce procédé réduit ainsi l'espace nécessaire pour le stockage des déchets. L'Optibag, concept également créé en Suède, diminue également le nombre de transport des fractions séparées de déchets car elles sont collectées toutes en même temps.