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Impacts sanitaires du changement climatique : une raison de plus pour agir

À l'occasion d'un colloque, les médecins de l'ASEF ont rouvert le débat sur les impacts sanitaires du changement climatique. Car si le sujet est peu abordé lors des négociations internationales, il ne sera pourtant pas anodin pour la population.

Gouvernance  |    |  F. Roussel
   
Impacts sanitaires du changement climatique : une raison de plus pour agir
© Orchidpoet
   
Alors que l'échéance de la conférence de Copenhague se rapproche à grand pas, les ONG multiplient les actions pour faire prendre conscience des enjeux et de la nécessité de conclure un accord international pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. En France, des médecins ont également décidé de se mobiliser à travers l'Association Santé Environnement France (ASEF) pour éclairer sur les menaces sanitaires qui planent sur la population. Les changements climatiques risquent en effet de se traduire par des évènements climatiques plus nombreux et plus violents qui ne seront pas sans conséquences sur la santé humaine.

À l'occasion du colloque ''Urgence : santé-climat'' organisé le 12 novembre par l'ASEF, le docteur Stéphane Isoard de l'Agence Européenne de l'Environnement (AEE) a rappelé les points clefs d'un rapport que l'AEE a publié en septembre 2008 intitulé ''Impacts du changement climatique en Europe'' : ''il y aura de plus en plus de jours avec des températures élevées et les vagues de chaleur seront plus nombreuses et plus longues ; on attend également plus de précipitations dans le nord de l'Europe et moins au sud''. Basé sur 40 indicateurs, le rapport évoque également la disparition des glaciers, une augmentation du niveau de la mer et des inondations. En Europe, 4 millions de personnes et 2.000 milliards d'euros de biens seraient ainsi menacés par les inondations d'ici la fin du siècle.

Des impacts nombreux et variés

Ces évènements climatiques auront des impacts directs sur la santé des populations. La canicule qui a frappé l'Europe en 2003 en a été une preuve dramatique avec ses 70.000 décès supplémentaires dont 15.000 en France. Et la réduction des vagues de froid en hiver et des décès qui y sont dus ne compensera pas. ''Nous nous attendons à 86.000 décès supplémentaires par an en Europe au cours de la seconde moitié de ce siècle'', précise Stéphane Isoard. Le professeur Gérard Huchon de la Fédération Française de Pneumologie constate déjà que ''pour chaque degré de température supplémentaire on observe une hausse de 15% des hospitalisations pour cause respiratoire''.

Mais les impacts sanitaires ne se limitent pas aux effets des grands paroxysmes thermiques et des effets plus indirects sont attendus comme la dégradation de la ressource en eau et de la qualité de l'air. ''Les concentrations et la distribution de certains polluants de l'atmosphère risquent d'être modifiées'', explique Gérard Huchon de la Fédération Française de Pneumologie. ''Les quantités de particules fines notamment pourraient diminuer en hiver et augmenter en été à cause de l'augmentation de la fréquence des feux de forêts ou encore de l'accroissement de la désertification'', ajoute-t-il. Or, l'Invs a remis en évidence en février 2009 l'existence d'un lien significatif entre le nombre de décès et l'exposition aux particules fines.
Le climat a également un effet important sur la production, la libération et la dispersion des grains de pollen cause d'allergie, d'où un risque accru pour l'avenir immédiat, un hiver doux favorisant une pollinisation précoce et, peut-être, plus abondante.

Mais pour Martin Guespereau, directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset), le tribut le plus lourd à payer viendra du monde microbiologique. Un accroissement de 1 à 2 degrés de la température de l'eau de mer ou des rivières peut provoquer le développement de microorganismes indésirables et rendre les ressources en eau impropres à la consommation. De même, certains vecteurs de maladies peuvent trouver de nouvelles conditions de vie adéquates en Europe : ''le moustique asiatique porteur du chikungunya est désormais présent dans tout le sud-est de la France métropolitaine et commence à remonter par le couloir rhodanien'', prévient Martin Guespereau. Le directeur général de l'Afsset évoque également l'accroissement de l'humidité et des moisissures dans les habitations à cause des pluies et des inondations récurrentes.

Vers un plan national d'adaptation ?

Face à ces risques, les professionnels de santé appellent à l'action : ''nous savons ce qui va nous arriver, nous pouvons déjà travailler'', estime Martin Guespereau qui s'appuie sur les bons résultats du plan canicule pour convaincre : ''lors de la canicule de 2006, on a limité la mortalité à 2.000 personnes alors qu'on en attendait 6.000, l'action peut donc être efficace devant ce genre de phénomène''.

Pour l'instant, l'ensemble des effets sanitaires susceptibles d'impacter la population française ont été évalués par l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) dans un document publié en juin 2007. Un prochain rapport attendu pour début décembre viendra compléter les connaissances en matière de qualité de l'air et de santé. Ce rapport devrait surtout enrichir la concertation que doit lancer prochainement le Ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer (MEEDDM) en vue de définir le plan national d'adaptation au changement climatique attendu pour 2011.

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